Le metteur en scène et directeur de compagnie Graham Vick est né le 30 décembre 1953 dans la ville portuaire de Birkenhead, située à quelques kilomètres de Liverpool. Après avoir commencé à s’intéresser à la « musique sérieuse » à l’âge de 10 ans, c’est à 12 ans qu’il tombe amoureux de l’opéra en voyant une émission consacrée à l’art lyrique sur la BBC. Il étudie au Royal Northern College of Music de Manchester, et propose sa première mise en scène importante avec Savitri de Gustav Holst à l’Opéra d’Écosse dont il devient Directeur de production en 1984. Avec l’Opera North, il met en scène West Side Story de Bernstein avec 300 chômeurs anglais dans un moulin abandonné de la région anglaise du Yorkshire. Il décrit cette expérience comme son « chemin de Damas », une révélation sur sa vision de l’opéra, qui doit rassembler tous les âges, toutes les ethnies et toutes les origines sociales. En 1987, il fonde la Compagnie d’opéra de Birmingham, qu’il inaugure avec une production de Falstaff. 

En 1989, il invite le compositeur Ravi Shankar à composer un opéra en hindi, Ghanashyam, pour sa Compagnie. Il réalise sa première mise en scène à Covent Garden cette année-là avec Un re in ascolto de Luciano Berio. En 1990, il monte avec sa compagnie un Ring de Wagner complet ainsi que Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny de Kurt Weill à Florence. En 1991, il met en scène Mithridate à Covent Garden, puis la création de Timon Of Athens de Stephen Oliver à l'English National Opera et reprend Un re in ascolto pour ses débuts à l’Opéra de Paris. En 1992, il débute à Glyndebourne avec La Dame de Pique. Il monte en 1993 Les Boréades de Rameau à Birmingham, dont il actualise le propos. En 1994, il met en scène Lady Macbeth de Mzensk de Chostakovitch au Metropolitan Opera et devient Directeur des productions au Festival de Glyndebourne où il joue un Eugène Onéguine.

En 1995, pour le tricentenaire de la mort de la Purcell, il crée au ROH et au Châtelet un King Arthur donné pour la première fois depuis sa création en 1691 dans sa version originelle, puis il met en scène Ermione de Rossini à Glyndebourne. C’est avec la création mondiale d’Outis de Luciano Berio qu’il fait ses débuts à La Scala en 1996. Glyndebourne accueille alors sa vision de Lulu de Berg avec Patricia Petibon. Il retourne à Glyndebourne en 1997 avec Manon Lescaut, et retrouve La Scala pour Macbeth et Paris pour Parsifal, puis Don Carlo l’année suivante. Il est de retour au Met en 1999 avec Moïse et Aaron de Schoenberg et à Glyndebourne avec Pelléas et Mélisande.

Après avoir finalisé une Trilogie Mozart-Da Ponte à Glyndebourne en 2000, il quitte la direction des productions du Festival, et repense le fonctionnement de l’Opéra de Birmingham, en réduisant le nombre de spectacles pour offrir des productions plus importantes avec des centaines de participants. Il réinvente aussi leur forme, en intégrant les spectateurs à la scène et en traduisant les livrets en anglais. Ainsi, son Wozzeck y est représenté dans un entrepôt en 2000, année où il retourne au Met pour Le Trouvère. En 2001, il présente Otello avec Placido Domingo à La Scala, Lucia di Lammermoor à Florence et Peter Grimes à Paris. En 2002, il met en scène à Birmingham son opéra préféré, Fidelio, qu’il considère comme sa plus grande réussite. Puis, en 2003, toujours à Birmingham, il laisse la place au rire avec Candide de Bernstein.

Après Rigoletto en 2004 au Liceu de Barcelone, il met en scène en 2006 La Flûte enchantée pour le 250ème anniversaire de la naissance de Mozart au Festival de Salzbourg, dont l'acte II, situé dans un EHPAD, se heurte à une partie du public et au chef Riccardo Muti. Il ne reviendra plus à Salzbourg. La même année, il monte à Birmingham une version très personnelle du Don Giovanni, He had it Coming. En 2007, il organise avec sa troupe une représentation de La Traviata pour les Arènes de Vérone qui rassemble 10.000 personnes. En 2008, il s’installe dans une usine de caoutchouc dans le nord de l’Angleterre pour représenter Idomenée de Mozart avec sa Compagnie de Birmingham, avec laquelle il monte en 2009 un Otello avec Ronald Samm dans le rôle-titre, premier noir à chanter ce rôle au Royaume-Uni. Il présente ensuite Tamerlano pour le ROH en 2010, Tristan et Isolde à l'Opéra allemand de Berlin en 2011, puis en 2012 la création mondiale à Birmingham du Mercredi de lumière de Stockhausen ainsi que Boris Godounov au Mariinsky et Moïse en Égypte au Festival Rossini de Pesaro, où il revient l’année suivante pour une version âpre de Guillaume Tell. L’année 2014 est russe : il monte La Guerre et la Paix au Mariinsky, et La Khovantchina à Birmingham.

Il revient à Paris en 2015 pour Le Roi Arthus de Chausson et crée Morgen und Abend de Haas au Royal Opera de Londres. En 2017, il monte Stiffelio pour le Festival Verdi de Parme et Mort à Venise de Britten pour l’Opéra allemand de Berlin. Il fait également son retour à Glyndebourne après 17 ans d’absence avec une Hypermestre de Cavalli transposée chez les émirs du golfe. En 2018, il produit une Bohème à Bologne et commande Wake au compositeur Giorgio Battistelli pour la Birmingham Opera Company. Il retrouve l’année suivante le Festival Rossini avec Semiramide, mais également La Scala pour La Ville morte de Korngold. 

Il meurt le 17 juillet 2021 de complications liées au Covid-19, alors qu’il devait mettre en scène Un Bal masqué pour le Festival Verdi de Parme.