Wilhem Richard Wagner est né à Leipzig le 22 mai 1813. Très tôt, il se passionne pour la littérature et écrit entre l'âge de 13 et 15 ans une tragédie en cinq actes intitulée Leubald und Adelaïde (œuvre perdue). Il raconte dans son autobiographie Ma vie que sa révélation pour la musique, et plus particulièrement pour la musique lyrique, a eu lieu en 1829 lors d'une représentation du Fidelio de Beethoven avec l'immense cantatrice Wilhelmine Schröder-Devrient dans le rôle-titre. Il commence alors ses études de musique en secret en prenant des cours d'harmonie avec un musicien local (Christian Gottlieb Müller) et en assistant à des cours de musique à l'université de Leipzig. En 1831, il termine sa formation par un cours intensif de six mois avec le Kantor (chef de chœur) de la Tomaskirche Christian Theodor Weinlig. Comme il l'aimera le rappeler toute sa vie, il parfait par ailleurs sa connaissance de l'orchestration en analysant et en recopiant les symphonies de Beethoven. Ces années d'assimilation sont marquées par des essais musicaux dans les genres symphoniques et chambristes.

En 1834, alors qu'il occupe le poste de directeur musical du Théâtre de Magdebourg, il achève son premier opéra, Les fées. C'est aussi cette même année qu'il rencontre celle qui deviendra sa première femme le 24 novembre 1836, l'actrice Christine Wilhermine Planer, connue sous le nom de Minna. Leur mariage est dès le début marqué par des infidélités (des deux côtés) et par une insécurité financière quasiment constante que Wagner contracte, notamment lorsqu'il prend poste à Riga. C'est d'ailleurs pour fuir des créanciers qu'il quitte Riga clandestinement au cours de l'année 1837. Persuadé que Paris sera le lieu de sa consécration, Wagner s'installe dans la capitale française entre 1839 et 1842. Ayant pour objectif principal de conquérir les scènes lyriques françaises en étant joué à l'Opéra de Paris, il compose un grand opéra à la française intitulé Rienzi, le dernier des Tribuns. Malgré ses nombreuses tentatives, il ne parvient pas à ses fins et d'un point de vue compositionnel, ses années parisiennes sont finalement synonymes de désillusion artistique. Son ébauche du Vaisseau Fantôme est d'ailleurs reprise par l'Opéra de Paris pour être confiée à un autre compositeur. Mais le bilan de cette période n'est pas que négatif, puisque c'est à Paris qu'il entre en contact avec la musique de Berlioz, fait la rencontre de Liszt et surtout découvre les grandes légendes d'après lesquelles il basera ses futurs opéras romantiques allemands.

En 1842, la chance lui sourit enfin lorsque le Königlich Sächsisches Hoftheater de Dresde accepte de monter Rienzi. La création le 20 octobre de cette année-là est un triomphe et la carrière lyrique de Wagner est définitivement lancée. Cet opéra renferme quelques futurs grands thèmes du compositeur comme la solitude du héros et constitue une synthèse musicale des styles lyriques en vogue à l'époque. Durant ces années à Dresde, il effectue des lectures marquantes comme celle de la légende du Tannhäuser et formalise sa volonté d'écrire une œuvre lyrique d'un genre nouveau. La création du Vaisseau Fantôme le 2 janvier 1843 à Dresde amorce la lente transformation du genre de l'opéra en intégrant notamment de longs moments d'introspection des personnages et en plaçant le thème de la rédemption par l'amour au centre de l'œuvre. Dans ses deux opéras suivants (Tannhäuser 1845, Lohengrin 1845-1848), le style du compositeur s'affirme peu à peu notamment à travers l'esquisse d'une forme musicale continue (première étape vers le procédé des leitmotiven) et le développement d'un autre de ses grands thèmes : celui de la solitude du créateur face au réel.

Artiste révolutionnaire souhaitant une totale refonte des pratiques de la scène, Wagner côtoie les milieux révolutionnaires et anarchistes de Dresde. Cette filiation ainsi que sa participation aux émeutes de la ville en 1849 le forcent à s'exiler en Suisse. Ses années d'expérimentation et d'élaboration musicales laissent la place à un développement de sa pensée artistique théorique. Dans ses ouvrages (L'art et la Révolution, 1849, L'oeuvre d'art de l'avenir, 1849, Opéra et Drame, 1851), il formalise ses idées sur l'art et les artistes. Il affirme que l'opéra doit laisser la place au drame musical et que le compositeur doit assumer un rôle sociétal en éduquant les masses à travers ses œuvres. Il établit également que le statut d’œuvre « totale » ne peut être garanti que par des artistes à la fois poète et musicien.

Devenu célèbre grâce à Liszt qui continue de faire jouer ses œuvres en Allemagne, il reçoit le soutien de nombreux mécènes, dont Otto Wesendonck. Sa situation financière devenue plus stable, il s’attelle à la composition de sa tétralogie en écrivant les livrets de quatre futurs opéras puis débute la composition de deux opéras de L'anneau du Nibelung (L'Or du Rhin en 1954 et la Walkyrie en 1856). Mais en 1857, alors qu'il vient de terminer le second acte de Siegfried, il s'arrête et se consacre à l'écriture de Tristan et Isolde. Cet arrêt s'explique probablement par l'incompatibilité de la conception de la rédemption par l'amour, centrale pour Wagner, et les idées cyniques de Schopenhauer qui avaient jusque-là eu un grand retentissement dans la sensibilité artistique du compositeur. Car l'arrêt n'est pas anodin : il s'arrête juste avant l'écriture du duo d'amour de Siegfried. Il ne lui manquait en fait plus que de vivre une passion amoureuse (avec Mathilde Wesendonck, la femme de son mécène) et de la transcender dans l'écriture d'une histoire d'amour. Par ailleurs avec Tristan, il achève sa transformation musicale en mettant au point sa technique du leitmotiv. Tout est alors réuni pour qu'il complète l'œuvre de sa vie : Le Ring. Mais pour cela, il lui fallait des conditions de travail optimum et un soutien financier absolu.

Cette opportunité, c'est le jeune monarque Louis II de Bavière qui lui donnera en 1862. Fasciné par son œuvre et sa démarche, il prend en charge les dépenses du compositeur (et paye ses dettes) afin qu'il puise terminer sa tétralogie. C'est également grâce à lui que l'exil de Wagner prend fin et qu'il peut venir vivre à Munich. Mais cette situation idéale artistique et sociale prend fin en 1865 lorsque le roi apprend la liaison du compositeur avec Cosima (encore marié au chef Hans von Bülow) au moment de la naissance de leur première fille Isolde. Face au scandale mondain, Louis II se voit dans l'obligation d'écarter Wagner de sa cour. Bénéficiant malgré tout de son soutien, ses revirements n'empêchent aucunement le compositeur de terminer sa tétralogie. En vue de la création de ses œuvres, Wagner fait construire un théâtre à Bayreuth entre 1872 et 1875. Les premières des quatre opéras ont lieu lors du premier Festival de Bayreuth à l'été 1876. Son parcours artistique complété et sa santé déclinant, Wagner meurt à Venise le 22 février 1883 d'une crise cardiaque, peu après la composition de Parsifal (1882). Il laisse derrière lui dix œuvres majeures du répertoire lyrique.