Le célèbre ténor Roberto Alagna offre à Bastille un Trouvère unique, au sens propre comme au sens figuré : une représentation unique dans un décor unique (pour cause de grèves) et une prestation unique (il transforme un arrêt vocal en ovation-debout) :

Rarement une distribution aura été applaudie à Bastille comme celle réunie pour la reprise du Trouvère mis en scène par Àlex Ollé. Un immense succès pour les chanteurs, et un véritable triomphe pour les deux interprètes féminines !

C’était une soirée de « premières » à l’Opéra Bastille : première de cette nouvelle production très attendue, qui est la première mise en scène d'Ivo van Hove à l'Opéra de Paris, première en ces lieux de la version originale de 1869, premier Boris d’Ildar Abdrazakov. Et au final, une soirée d’exception.

La nouvelle production parisienne du Parsifal de Richard Wagner se montre à la hauteur des grandes attentes fondées en elle, grâce à la mise en scène informée et musicale de Richard Jones, la direction ingénieusement théâtrale de Philippe Jordan et une distribution exceptionnelle :

Le destin tragique des amants de Vérone, mis en musique par Berlioz, est sublimé par la chorégraphe Sasha Waltz, à l'Opéra Bastille.

Après seulement deux productions au XXe siècle (en 1972 au Palais Garnier avec une distribution éblouissante : Vanzo, Guiot, Massard, Berbié, van Dam ; puis en 1993 à Bastille dans une production signée Denis Krief et dirigée par Myung-Whun Chung), l’œuvre maudite de Berlioz revient à l’Opéra de Paris, et obtient un formidable succès !

Cette nouvelle mise en scène de La Bohème située par Claus Guth dans un vaisseau spatial s'écrasant sur une planète lunaire provoque un raffut intergalactique parmi le public, mais offre un triomphe aux musiciens (malgré des éléments inquiétants).

L'Opéra de Paris présente pour la première fois la mise en scène signée Patrice Chéreau "De la maison des morts" composé par Leoš Janáček. Cette production d'abord représentée en 2007 à Vienne, puis Amsterdam et Aix-en-Provence, arrive enfin à Paris. Le résultat scénique est à la hauteur de l'événement et de cet opéra choral en huis clos.

Don Carlos de Verdi, dans sa version en français et en 5 actes mise en scène par Warlikowski, est défendu avec brio par une nouvelle distribution dans la moitié des rôles principaux :

L'ultime chef-d'œuvre de Verdi triomphe à l'Opéra de Paris, porté par un plateau où l'interprétation vocale rivalise avec le jeu d'acteur :

La saison lyrique s'achève avec une Carmen unique, une seule représentation réunissant deux superstars aux sommets de leur incarnation vocale : la mezzo-soprano lettone Elīna Garanča et le ténor français Roberto Alagna.

Guillaume Gallienne réussit ses débuts à l’opéra en recueillant l’assentiment du public du Palais Garnier pour sa sombre Cenerentola de Rossini, première incursion dans l’univers lyrique.

Le duo père-fille de Rigoletto (Željko Lučić) et Gilda (Nadine Sierra) fait déborder de talent la grande boîte en carton abritant cette mise en scène (bien mieux que certains choix scénographiques compassés) et offrant une cage de résonance musicale et dramatique.

Le public de l’Opéra Bastille a réservé un accueil tiède à la première du Wozzeck d’Alban Berg dans cette reprise de la mise en scène de Christoph Marthaler. Celle-ci transporte dans un cadre inattendu les souffrances de Wozzeck et le délire paroxystique qui le mène à assassiner celle qu’il aime, Marie.

Dans une mise en scène post-moderne -contemporaine et classique- de La Fille de neige (composée par Nikolaï Rimski-Korsakov) à Bastille, Aida Garifullina déploie tous ses talents, soutenue par un plateau vocal et un orchestre aux riches couleurs russes.

La mise en scène intense et expressive, la fosse langoureuse de maîtrise, la distribution vocale impliquée : tout concourt à construire une Carmen riche en événements.

Si les spectateurs qui ont eu la chance d’entendre Kaufmann dans le rôle-titre peuvent se réjouir d’avoir assisté à une version d’anthologie de Lohengrin de Wagner à Bastille, ceux qui, par choix ou par défaut, ont acheté des billets pour la seconde distribution, ne sont pas en reste.

Jonas Kaufmann fait un retour triomphal en héros romantique et divin. La distribution vocale est remarquable en tout point (sans doute parmi ce qui peut se faire de mieux pour un casting wagnérien actuellement), l’orchestre et le chœur sont parfaitement à la hauteur de l’événement sublime.

Cavalleria Rusticana et Sancta Susanna résonnent puissamment ensemble, menées par deux mezzos éblouissantes. La mise en scène renforce le mariage de ces opus et l'orchestre offre son habituel travail remarquable.

Pretty Yende domine Lucia di Lamermoor de Donizetti à Bastille, comme elle est appelée à dominer le monde lyrique.