de l'orchestre 106
du choeur 81
de construction 1966
À propos de ce lieu
La Compagnie du Metropolitan Opera est fondée en 1880. Jusque là, la principale institution lyrique de la Grande Pomme était l’Académie de Musique. Cette dernière se réunissait dans un lieu exigu, à l’image du petit monde de la haute société new-yorkaise d’alors. Mais cette société raréfiée des descendants des premiers colons est en plein bouleversement, secouée par l’émergence de nouvelles fortunes. L’une des figures de proue de la fondation du Met est d’ailleurs Alva Vanderbilt, dépitée que l’aristocratie new-yorkaise lui refuse une loge à l’Académie de Musique. La nouvelle institution s’installe sur Broadway, dans une salle conçue par l’architecte J. Cleaveland Cady. La saison inaugurale du Met (son surnom) démarre en 1883, par une performance de Faust de Gounod. Sa rivale est rapidement supplantée, fermant boutique trois ans plus tard.
Le Met rencontre un très grand succès, non seulement en résidence, mais aussi dans ses nombreuses tournées, qui offrent souvent un tout premier contact avec l’art lyrique à des villes du Nouveau Monde. Après une première saison en italien, le Met connaît six saisons exclusivement germanophones, dominées par Wagner. Par la suite, le répertoire se répartit à peu près également entre le répertoire allemand, français et italien, la maison possédant des départements spécifiques pour chaque répertoire jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale. Très vite, toutes les plus grandes voix d’Europe viennent se produire au Met : d’abord Nellie Melba, Emma Calvé et les frères De Reszke dans les années 1890, puis Enrico Caruso, la première vedette de l’ère du disque, qui y fait ses débuts en 1903.
Le mandat de vingt-sept ans de Gatti-Casazza, qui démarre en 1908, est une période légendaire, qui voit passer des chefs tels qu’Arturo Toscanini, Gustav Mahler ou Tullio Serafin. En 1910, le Metropolitan acquiert l’Opéra de Philadelphie, où il assure dorénavant des saisons régulières. Le Met voit même la création mondiale d’œuvres majeures telles que La Fille du Far-West (1910) ou Le Triptyque (1918) de Puccini. Seul bémol, la salle de Broadway ne tarde pas à elle aussi paraître bien trop petite. Toutefois, le projet de nouveau bâtiment est ajourné quand surgit le krach de 1929, suivi par la Grande Dépression. Heureusement, l’apparition des diffusions radiophoniques des programmes du Met, à partir de 1931, permet en partie de faire face à la tourmente. L’implication de célébrités tels que Lucrezia Bori ou Kirsten Flagstad dans les appels au mécénat permet également de limiter l’annulation des spectacles. La Seconde Guerre Mondiale voit un recours accru aux chanteurs américains, la coutume étant plutôt d’importer les talents d’Europe.
Les années Bing, directeur du Met de 1950 à 1972 sont un autre temps fort du Met. Son mandat voit d’importantes réformes comme la rupture du lien avec Philadelphie et la réforme du système des billets. C’est un grand moment pour les voix, avec la venue au Met de chanteurs illustres tels que Maria Callas, Luciano Pavarotti, Joan Sutherland, Montserrat Caballé, Birgit Nilsson, Elisabeth Schwartzkopf, Franco Corelli, Jon Vickers ou Plácido Domingo. En plus de ses vedettes principalement issues d’Europe et du Commonwealth, certains grands noms américains vont y émerger, comme Sherrill Milnes. Cette apparition des stars américaines coïncide avec le mouvement des droits civiques. En effet, la contralto américaine Marian Anderson devient la première Noire à s’y produire en 1955, lors d’une performance d’Un Bal Masqué de Verdi. Si celle-ci ne s’y produit qu’à cette occasion, elle ouvre la voie à des figures comme Grace Bumbry, Shirley Verrett, et surtout Leontyne Price.
Cette dernière participe d’ailleurs à l’inauguration de la nouvelle salle, située dans le complexe du Lincoln Center. Cette impressionnante salle, œuvre de l’architecte Wallace Harrison, dotée d’une capacité de près de 4000 places, est le plus grand lieu conçu pour être dédié à l’art lyrique. Et pourtant, elle n’occupe qu’un quart du bâtiment, le reste étant occupé essentiellement par les coulisses, avec leur machinerie hyper-sophistiquée. Le lieu est de facture moderne, son élément le plus notable étant sans doute les deux grandes fresques réalisées par Chagall, Le Triomphe de la Musique et Les Sources de la Musique. L’inauguration a lieu en 1966 par la première mondiale d’Antoine et Cléopâtre de Samuel Barber, avec Leontyne Price dans le rôle de la reine égyptienne. Comme en témoigne ce choix d’œuvre, le Met commence à cette période à faire un certain effort pour valoriser la vague montante des compositeurs américains, et à ne pas donner uniquement des standards du grand répertoire. Le Met reste cependant synonyme de productions blockbuster, notamment avec les mises en scène flamboyantes de Franco Zeffirelli.
Après le départ de Rudolph Bing, le Met connaît une longue période sans directeur général stable. La figure dominante de cet intervalle, est le chef d’orchestre James Levine, l’actuel directeur musical du Met, connu notamment pour ses directions du Ring de Wagner. Celui-ci est à la baguette en 1977 lors de la première représentation d’opéra retransmise en direct à la télévision, une Bohème avec Luciano Pavarotti et Renatta Scotto. Pour le centenaire de la maison, il dirige une œuvre à la mesure de ses dimensions titanesques, Les Troyens de Berlioz. Placido Domingo y chante Enée, et Jessye Norman y fait ses débuts, dans le double rôle de Cassandre et de Didon.
En 1990, c’est l’arrivée de Joseph Volpe, un ancien de la maison, qui y a débuté plus de trente ans auparavant en tant que charpentier. Il contribue à moderniser la salle, qui se dote des tous premiers sur-titrages individuels et d’un système de base de données à la pointe. Il fait venir de nouveaux talents comme Angela Gheorghiu, Roberto Alagna, Juan Diego Florez, Bryn Terfel, Natalie Dessay ou Anna Netrebko, ainsi que l’américaine Renée Fleming. Il commande également des créations, en particulier de compositeurs américains, tels que Les Fantômes de Versailles de John Corigliano en 1990, Le Voyage de Philip Glass en 1992, Gatsby le Magnifique de John Harbison en 1999 ou Une Tragédie Américaine de Tobias Picker en 2006.
En 2006, Joseph Volpe est remplacé par Peter Gelb. Celui-ci lance une nouvelle stratégie ambitieuse. Il s’efforce d’insuffler un nouveau souffle à la programmation, en faisant venir des personnalités extérieures au monde de l’opéra, telles que le réalisateur Anthony Minghella, qui signe la première mise en scène de la saison, Madame Butterfly de Puccini, ou le directeur du Cirque du Soleil, Robert Lepage, pour un nouveau Ring avec des imageries 3D. Il ouvre même le bastion de la tradition qu’est le Met à des metteurs en scène plus iconoclastes, en invitant dès sa première saison le metteur en scène de théâtre Luc Bondy pour une Tosca (Puccini) fort controversée. En 2006, il lance The Met : Live in HD, des retransmissions dans des salles de cinéma à travers le monde, puis deux ans plus tard, un système de VOD. Il augmente le nombre de production, déjà conséquent, passant à environ vingt-cinq productions par saisons. Il accueille également de nouvelles voix telles que Lawrence Brownlee, Joyce DiDonato, Elina Garanca, Jonas Kaufmann ou Joseph Calleja. En 2013, il met fin à l’existence du Ballet du Met.