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Biographie
Leontyne Price
La soprano Leontyne Price est née à Laurel, Mississippi le 10 février 1927. Son père est ouvrier à la scierie de la ville. Sa mère, sage-femme de profession, chante dans la chorale réservée aux Noirs de l’église locale. C’est elle qui transmet sa passion à sa fille. Dès l’âge de trois ans, la petite Leontyne reçoit des leçons de piano, et participe ensuite à la chorale de son école. A l’âge de quatorze ans, elle assiste à un récital de la contralto Marian Anderson. L’expérience lui laisse une forte impression, puisque c’est l’une des premières fois que Price se rend compte qu’il est possible aux Noirs de devenir chanteur réputé, même si à l’époque, leur carrière se limite aux récitals. Elle s’enrôle à Wilberforce College, une université noire de l’Ohio, pensant obtenir une formation de professeur de musique. Néanmoins, ses talents sont tels que le directeur de l’université la persuade de se consacrer à l’art lyrique. Avec l’aide d’une riche famille blanche, les Chisholms, et de l’acteur et chanteur afro-américain Paul Robeson, elle obtient en 1948 une bourse pour la prestigieuse Juilliard School de New York. Elle y donne sa première performance scénique en 1952, incarnant Alice Ford dans une production estudiantine de Falstaff de Verdi.
Sa carrière professionnelle démarre la même année, quand Virgil Thomson la repère pour une reprise de son opéra à la distribution entièrement noire, Quatre Saintes en Trois Actes. Après ce début à Broadway, elle obtient le rôle-titre de Porgy and Bess de Gershwin, en tournée aux Etats-Unis et en Europe, au milieu de laquelle elle se marie à William Warfield qui chante Porgy. Sa performance très remarquée de Bess lui vaut de chanter « Summertime » dans un gala du Met au Ritz Theater sur Broadway en 1953, deux ans avant que Marian Anderson ne soit la première Noire à se produire sur la scène du Met. L’année suivante, elle fait ses débuts en récital au Town Hall de New York, avec un cycle de Samuel Barber, « Les Chants de l’Ermite ». En 1955, elle tient le rôle-titre de Tosca de Puccini dans une production destinée à être diffusée par la NBC. Malgré une levée de boucliers de certaines antennes de la chaine, surtout dans le Sud, la production est un succès. La même année, elle fait la rencontre de Karajan, qui est impressionné par sa musicalité, et devient l’un des soutiens de sa carrière naissante.
Elle fait ses débuts sur une scène lyrique en 1957, dans le rôle de Madame Lidoine dans les Dialogues des Carmélites de Francis Poulenc à l’Opéra de San Francisco. Elle débute juste après en Europe, sous la baguette de Karajan à l’Opéra d’Etat de Vienne. Elle y débute l’un de ses rôles les plus célèbres, Aïda de Verdi. C’est toujours dans le rôle de la princesse éthiopienne (Aïda) qu’elle débute à Covent Garden et aux Arènes de Vérone. Ce n’est pas seulement par raccourci qu’on donne à celle qui va s’imposer comme la première star noire du monde de l’opéra le principal (pour ne pas dire unique) rôle-titre noir du grand répertoire. En effet, sa voix de spinto en fait une interprète verdienne idéale. C’est d'ailleurs de nouveau en Aïda qu’elle fait ses débuts à la Scala de Milan en 1960. En revanche, elle refuse la première offre du Met avec ce rôle, craignant d’y être cantonnée. C’est donc finalement dans Le Trouvère (Verdi) qu’elle y fait sa première apparition, dans un double début avec Franco Corelli. Celui-ci est d’ailleurs extrêmement jaloux que sa Léonore lui vaille plus d’acclamations que son Manrico. Pendant les années suivantes, Leontyne Price devient l’une des vedettes du Met, principalement pour ses rôles dans le Verdi de la maturité (les Léonore de La Force du Destin et du Trouvère, Aïda, Amelia d’Un Bal Masqué, Elvira d’Hernani) et Puccini (Minnie de La Fille du Far-West, Tosca, Madame Butterfly, Liu dans Turandot), ainsi que dans Mozart (Fiordiligi dans Cosi Fan Tutte, Pamina dans La Flûte Enchantée). Sa tessiture impressionnante lui permet d’être aussi à l’aise dans les contre-ut que dans les registres plus graves, aussi réalise-t-elle une excellente interprétation du rôle-titre de Carmen de Bizet dans un enregistrement pour Karajan en 1964, quoiqu’elle ne chantera jamais le rôle sur scène.
La culmination de sa carrière arrive en 1966, quand elle est choisie pour chanter le rôle-titre d’Antoine et Cléopâtre de Samuel Barber pour l’inauguration de la salle du Met au Lincoln Center. Peu après, Leontyne Price commence à freiner sa carrière, et se recentre sur le récital. Elle y excelle aussi bien dans Verdi et Puccini que dans les compositeurs américains contemporains, Samuel Barber en tête. Elle continue toutefois d'ajouter certains rôles à son répertoire, notamment Manon Lescaut (Puccini). Dans sa carrière tardive, elle commence également à chanter Richard Strauss, le dernier rôle qu’elle apprend étant Ariane à Naxos, qu’elle débute à San Francisco en 1977. Son dernier grand triomphe est sa Aïda à San Francisco en 1981. C’est également dans ce rôle qu’elle fait ses adieux à la scène, au Met en 1985. Elle continue de donner sporadiquement des récitals. Sa dernière apparition en date a lieu peu après le 11 septembre 2001, en hommage aux victimes des attentats.