L'Opéra de Bruxelles poursuit sa thématique diabolique, avec le Robert de Meyerbeer en version concert sous la direction ultra énergique du maestro Evelino Pidò. L’occasion de célébrer le génie créatif du compositeur, sa verve et surtout la beauté de ses contrastes, au service d'un fameux conte médiéval. Complexe et absolu, Robert le Diable s’offre avec une énergie soutenue par un casting de choix :

L’Opéra de La Monnaie à Bruxelles donne en création mondiale l'opéra Frankenstein, composé par Marc Grey sur un livret de Julia Canosa i Serra. Prolongeant le roman éponyme de Mary Shelley (texte qui fête ses 201 ans), Frankenstein est exhumé de la glace et ramené à la vie par des scientifiques. Le Prométhée moderne ressuscite grâce à la collaboration fructueuse entre le metteur en scène Álex Ollé de la compagnie La Fura dels Baus et le chef d’orchestre libano-polonais Bassem Akiki :

La Gioconda, opéra d’Amilcare Ponchielli, rayonne sous le néon cru et dans le béton toujours gris d’Olivier Py. Carnassière et iconoclaste, la mise en scène brutale porte la beauté vocale d'une seconde distribution, entre dichotomie enivrante et dérangeante.

Marier l’univers si personnel d’Olivier Py avec celui, romantique en diable de Ponchielli et de son librettiste Arrigo Boito : tel est le pari de La Monnaie de Bruxelles, avec en prime une riche distribution, des chœurs et un orchestre superlatifs :

Figure intemporelle de l’opéra buffa, Don Pasquale prépare les fêtes de Noël avec une énergie désinvolte. La deuxième distribution ose encore davantage la drôlerie libre et géniale, pour petits et grands :

Pour les fêtes de Noël, La Monnaie fait le choix judicieux de l'opera buffa avec un Don Pasquale ultra précis, survolté et résolument empathique. Sous la baguette d’Alain Altinoglu, le dernier triomphe de Donizetti (sur plus de 70 opéras) brille d’une acuité lyrique et orchestrale, entre comique et mélancolie :

Présentée d'abord à Londres et prochainement à Lyon, la mise en scène signée Krzysztof Warlikowski du testament musical de Leoš Janáček s’offre à La Monnaie de Bruxelles avec réalisme cru et humanité brutale :

Trop peu souvent représenté, Attila a été mis (avec Macbeth, son contemporain presque exact) au centre du Festival Verdi de cette année à Parme et Busseto. Une version intégrale dans une nouvelle mise en scène d'Andrea de Rosa dirigée par Gianluigi Gelmetti :

La Monnaie de Bruxelles présente à BOZAR (Le Palais des Beaux-Arts) deux facettes critiques de la folie créative d'Anton Bruckner (1824-1896). L'énergie, redoutable et fidèle, s'emporte grâce à Hartmut Haenchen, chef d’orchestre survolté et passionné :

Il faudrait voir certains spectacles (au moins) deux fois, et Die Zauberflöte mise en scène par Romeo Castellucci à La Monnaie de Bruxelles fait partie de ces productions denses et parfois difficiles à comprendre. Certains l’ont haïe, criant au scandale et à la destruction de la mythique Flûte enchantée, d’autres ont défendu le génie et l'audace.

Pour son ouverture de saison 2018-2019, La Monnaie déroule le tapis rouge au génie de Romeo Castellucci, habité et mystique. Pas de rupture avec l’immense patrimoine de La Flûte enchantée, mais plutôt un dépouillement incisif, une libération de la fable initiatique en vue d’atteindre la structure fondamentale et absolue de l’œuvre :

Pour le dernier opéra de sa riche saison 2017-2018, La Monnaie de Bruxelles use d’une ultime provocation avec un diptyque original et insolent. Une bousculade culturelle, aux allures futuristes et tendancieuses plaçant Bartók, sous la baguette d’Alain Altinoglu, au rang des maîtres du suspense avec Le Château de Barbe-Bleue et Le Mandarin Merveilleux.

Corrosive ambiance et sublime musique trouvent en La Monnaie de Bruxelles une représentation quasi mystique de l’œuvre dangereuse qu’est Lohengrin de Wagner. Au carrefour de l’Histoire et dans un décor post apocalyptique, l'opéra grave ses notes d’une rarissime subtilité.

Œuvre magistrale, l'indissociable diptyque Cavalleria rusticana et Pagliacci trouve en la Monnaie de Bruxelles une version amoureuse et définitivement cinématographique. Sous la direction musicale d’Evelino Pidò, grand connaisseur de la musique italienne et dans la mise en scène de Damiano Michieletto, c’est avec une acuité musicale et visuelle que nous est livrée une fresque sociale de haute voltige.

Œuvre maîtresse de Poulenc et synthèse magnifique de toutes les capacités de composition du grand maître du parlé-chanté, les Dialogues des Carmélites trouvent à La Monnaie une interprétation fine, d’une qualité rare. Sous la baguette d’Alain Altinoglu et l'accompagnement de l’Orchestre Symphonique de La Monnaie, une distribution principalement féminine, variée et surprenante revêt l’habit de sœurs contemplatives, donnant naissance à une version jeune, humble et résolument fidèle.

Dvořák rayonne et trouve à La Monnaie une distribution amplement à la mesure de son talent. L’interprétation de son Requiem, la Messe des morts catholique romaine, composé en 1890 demande une incroyable compréhension musicale mais surtout un orchestre d’une envergure rare. Hartmut Haenchen relève le défi avec brio, laissant une assistance abasourdie devant un rassemblement aussi dense de talent.

La musique triomphe sous la baguette de Giuliano Carella, fidèle à l’énergie de Rossini, dans cette version concert de Tancredi offerte par La Monnaie, au Palais des beaux-arts de Bruxelles.

Exit le diktat du péplum hollywoodien, l’appellation de « grand opéra » ici se meurt. Stathis Livathinos réussit le pari époustouflant de s’émanciper de l’héritage chargé d’Aïda par l’épure. Un minimalisme cru qui dénature l’exotisme d’Aïda mais renforce le côté universel de son histoire, révolutionnaire et hors du temps. C’est avec subtilité que l’Orchestre Symphonique de La Monnaie fait preuve d’empathie pour le destin tragique d’Aïda. Puissant, précis et audacieux, le chef d'orchestre Alain Altinoglu rend lui aussi hommage à l’héritage de Verdi, avec modernité et compassion.

Pour ce chef-d'œuvre de Puccini, La Monnaie collabore avec Kirsten Dehlholm et la compagnie théâtrale l'Hotel Pro Forma dans une mise en scène inhabituelle, ainsi qu'avec la compagnie Ulrike Quade pour faire se mouvoir une marionnette grandeur nature et d'inspiration japonaise. Ainsi, Madame Butterfly n'est-elle pas faite de chair et d'os, mais de bois. Une chanteuse bien vivante quant à elle interprète les paroles de l'héroïne avec un certain recul puisqu'il s'agit du fantôme de Butterfly revenant nous raconter son histoire.