Etat civil
- Artiste lyrique
Biographie
Le baryton espagnol Juan Pons est né en 1946 à Ciutadella sur l’île de Minorque. Issu d’un milieu très humble, aussitôt fini son collège chez les frères salésiens, il commence à travailler dans une usine de chaussures, alors qu’il est âgé de seulement treize ans. Suivant l’habitude de son père, il chante dans le chœur de la cathédrale de sa ville et intègre y rapidement les basses. Cependant, rien ne le prédispose pour l’opéra, avec lequel il n’a d’ailleurs aucune familiarité. Par hasard, au printemps 1970, alors qu’il chante à la cathédrale de Ciutadella, le directeur artistique de l’Opéra de Barcelone, Diego Monjo, remarque sa voix. Il lui propose d’intégrer le chœur de l’Opéra de Barcelone. Après une longue hésitation, Juan Pons accepte malgré sa faible familiarité avec l'univers lyrique.
Avant d’intégrer le chœur, il commence par suivre des cours de chant et étudier l’italien. Il commence à chanter dans le chœur d’Oviedo, avant de chanter dans le chœur du Liceu pour une représentation d’Aïda de Verdi. Suivent des petits rôles en tant que soliste, le premier dans la Gioconda de Ponchielli en 1971. En 1974, alors qu’il doit chanter le Roi d’Egypte, rôle de basse, dans Aïda de Verdi au Liceu, avec Placido Domingo en Radamès et Montserrat Caballé dans le rôle-titre, cette dernière l’invite chez elle pour l’écouter chanter. Elle remarque en effet que sa voix est plus adaptée à une tessiture de baryton que de basse. Juan Pons doit donc reprendre son apprentissage afin de s'adapter à cette évolution. S'il alterne au départ les rôles de basse et de baryton, il ne chante plus que des rôles de baryton dès que sa carrière démarre réellement. Sa carrière démarre lorsque le frère de Montserrat Caballé, qui est agent, lui propose un contrat en exclusivité. Il commence par chanter le rôle-titre de Nabucco de Verdi en 1978 à Las Palmas, qu’il reprend ensuite à Covent Garden, à l’Opéra de San Francisco et au Liceu.
La révélation arrive en décembre 1980, lorsqu'il ouvre la saison de la Scala en chantant le rôle-titre dans Falstaff de Verdi, dans une mise en scène de Giorgio Strehler et sous la direction musicale de Lorin Maazel. Le rôle de Falstaff reste l’un de ses rôles les plus emblématiques. Il y revient le mois suivante dans I Pagliacci de Leoncavallo où il tient le rôle de Tonio, dans une mise en scène de Franco Zefirelli. Il y retournera à maintes reprises par la suite. A la suite de ce triomphe, il inaugure également la saison 1982/1983 de l’Opéra de Vienne, tenant cette fois-ci le rôle de Scarpia dans Tosca de Puccini, et fait peu après ses débuts à l’Opéra de Paris dans le rôle de Falstaff. L’année suivante, il débute au Bayerische Staatsoper, où il chante à la fois Tosca, Lucia di Lammermoor de Donizetti (Enrico Ashton) et Andréa Chénier de Giordano (Gérard), et à Madrid, où il chante Falstaff et La Traviata de Verdi (Germont).
Il fait ses débuts au Metropolitan en 1983 dans le rôle du Comte de Luna dans Le trouvère de Verdi. Il y retournera chaque saison durant vingt-cinq années, record que très peu de personnes détiennent, hormis notamment son compatriote Placido Domingo. Petit à petit, plus aucun rôle majeur de baryton du grand répertoire italien ne lui est étranger, en particulier dans Verdi, qui reste sans doute l’un des compositeurs ayant le plus écrit de grands rôles pour sa tessiture. Parmi ces performances, citons notamment le rôle-titre de Rigoletto de Verdi, qu’il y chante pour la première fois en 1985 et Scarpia dans Tosca (qu’il considère comme son opéra préféré), qu’il chante notamment en 1986. En 1990, il chante Un Bal Masqué de Verdi (Renato) sous la direction de James Levine. En 1994, il inaugure la saison du Metropolitan, toujours sous la direction de James Levine dans un double programme Il Tabarro / I Pagliacci. Il chante face à Placido Domingo dans l’œuvre de Puccini, et face à Luciano Pavarotti dans l’œuvre de Leoncavallo, et partage la scène avec Teresa Stratas dans les deux œuvres.
Parmi les dernières représentations de sa carrière figurent ses adieux au Metropolitan en Amonasro dans Aïda sous la direction de Kazushi Ono, Il Tabarro de Puccini dans le rôle de Michele à la Scala, Rigoletto à l’Opéra de Paris dans une mise en scène de Jérôme Savary sous la direction de Daniel Oren et sa participation à deux œuvres du triptyque de Puccini de nouveau à Paris, Gianni Schicchi (rôle-titre) et Il tabarro (Michele). En 2012, il fait ses adieux à la scène au Liceu où il a commencé, dans Aïda, l’œuvre où il a découvert sa voix, tenant bien cette fois-ci le rôle d’Amonasro. Il se tient à peu près à sa retraite, hormis pour se produire dans ses Baléares natales, comme à Maon en 2013 dans Madame Butterfly de Puccini (Sharpless) et à Majorque dans Tosca (Scarpia) en 2014, ou dans une version concert de Falstaff et dans la zarzuela María Moliner
Quelques chiffres
- Giuseppe Verdi 43.48%
- Giacomo Puccini 34.78%
- Ruggero Leoncavallo 13.04%
- Autres 8.7%