de l'orchestre 174
du coeur 112
À propos de ce lieu
La création et les débuts
L’Opéra national de Paris est créé en 1669 à l’initiative de Jean-Baptiste Colbert, sous le nom d’Académie royale de musique. Celle-ci englobe l’Académie royale de danse qui existe déjà depuis 1661, fusion qui fait sens étant donné que la plupart des opéras de l’époque ont au moins un intervalle dansé. L’académie royale de musique bénéficie d’un monopole sur la représentation des « œuvres de théâtre en musique » octroyé par le pouvoir royal pour l’ensemble du territoire français. Ce privilège durera tout l’Ancien Régime, quoique de facto, il y ait existé quelques entorses. En revanche, elle ne bénéficie d’aucune subvention, subsistant avec ses recettes propres jusqu’à la Révolution Française.
Son emplacement change à maintes reprises, en raison de multiples incendies et déménagements, puisque de la fondation jusqu’à l’inauguration du Palais Garnier en 1875, l’opéra de Paris aura douze salles de spectacle attitrées : la salle de la Bouteille (1671-1672), la salle du Bel-Air (1672-1673), la première salle du Palais-Royal (1673-1763), la salle des Machines (1764-1770), la deuxième salle du Palais-Royal (1770-1781), la salle des Menus-Plaisirs (1781), la salle de la Porte Saint-Martin (1781-1794), le Théâtre-National (1794-1820), le théâtre Louvois (1820), la salle Favart (1820-1821), la salle Le Peletier (1821-1873) et la salle Ventadour (1874). Le nom de l’Opéra de Paris change également fréquemment au gré des changements de régime.
Sa mission d’origine est de promouvoir l’opéra en langue française. Aussi, l’Académie de musique voit la création du premier opéra français Pomone (1671) de Robert Cambert sur un livret de Pierre Perrin. Peu après, le répertoire lyrique français trouve son premier représentant illustre en la personne de l’italien naturalisé français Jean-Baptiste Lully. Celui-ci prend la direction de l’Académie de 1672 jusqu’à sa mort en 1687. Lully y crée notamment Cadmus et Hermione (1673), Armide (1674) et Alceste (1686). Par la suite, Jean-Philippe Rameau y produira des œuvres de répertoire telles que Hippolyte et Aricie (1733), Les Indes galantes (1735) ou encore Les Paladins (1757). Et lors du basculement de la période baroque à la période classique, l’arrivée de Christoph Willibald Gluck à Paris permet à l’Académie royale de musique de conserver une place de premier plan avec la création d’œuvres telles qu’Iphigénie en Aulide (1774), Orphée et Eurydice (1774) et surtout Iphigénie en Tauride (1779).
Le grand opéra français
Après la Révolution Française, l’Opéra de Paris conserve une place prééminente malgré la perte de son monopole, et la concurrence du Théâtre-Italien qui a le privilège du répertoire italien de 1814 à 1864. Ainsi, cette période voit l’apparition du « grand opéra français », caractérisé comme son nom l’indique par son côté monumental, à la fois de par sa durée (quatre à cinq actes dont un ballet), par la taille de l’orchestre et par la distribution qu’il mobilise, mais aussi de par l’élaboration de ses décors, ou encore son sujet, traitant souvent de grands événements historiques. Si la majorité de l’œuvre de Rossini n’a guère de rapport avec cette mouvance, certaines des œuvres tardives qu’il compose pour l’Opéra de Paris, comme Le siège de Corinthe (1826) et surtout Guillaume Tell (1829) en sont assez proches. L’un des premiers succès dans cette veine est La muette de Portici (1828) de Daniel-François-Esprit Auber sur un livret d’Eugène Scribe. Ce dernier écrira également le livret de Robert le Diable (1831) et des Huguenots (1836) de Giacomo Meyerbeer, et de La Juive de Jacques-Fromental Halévy (1835). C’est aussi l’époque de la création de ballets romantiques de répertoire à l’Opéra de Paris, comme Giselle (1841, chorégraphié par Marius Petipa).
Le succès du grand opéra français est tel que des compositeurs italiens réalisent des commandes pour l’Opéra de Paris en s’adaptant aux conventions du genre, et en collaboration avec des librettistes habitués à la forme spécifique réclamée par l’institution. Ainsi, en plus des œuvres de Rossini précédemment citées, il s’y crée des opéras de Donizetti, comme Les Martyrs (1840) ou Dom Sébastien, roi de Portugal (1843), et des opéras de Verdi comme Les vêpres siciliennes (1855) et Don Carlos (1867), tous sur un livret de Scribe hormis Don Carlos.
Petit à petit, le grand opéra français va tomber en désuétude, notamment avec l’émergence de Wagner, qui s’en inspire initialement, mais va progressivement s’en détacher pour créer son propre style. A ce titre, la première de Tannhäuser en français à Paris en 1861 crée l’une des plus grandes controverses de l’histoire de l’institution, comparable à la querelle d’Hernani. La version remaniée de Tannhäuser créée à Paris est d’ailleurs celle qui se donne encore le plus souvent de nos jours (dans une version en langue allemande, cependant).
Le Palais Garnier
Si la construction de l’opéra Garnier avait été ordonnée par Napoléon III, le chantier est encore loin d’être achevé à la chute du Second Empire en 1870. L’incendie de la salle Le Pelletier en 1873 oblige les pouvoirs publics jusque-là hésitants à terminer promptement le projet. Le Palais Garnier est ainsi inauguré en 1875. La salle voit des premières historiques comme celle du Boléro de Ravel en 1928 ou d’Œdipe de George Enescu en 1936.
Après la Seconde guerre mondiale, l’Opéra de Paris s’ouvre progressivement au répertoire étranger. Ainsi, la présidence du suisse Liebermann entre 1973 et 1980 sera marquée par des productions mémorables comme celle Les Noces de Figaro de Mozart mis en scène par Giorgio Strehler (1973) ou de Lulu d’Alban Berg mis en scène par Patrice Chéreau, avec la création mondiale du troisième acte de cette œuvre restée inachevée à la mort du compositeur.
L’opéra de Paris continue toutefois d'être un lieu de création d’œuvres françaises majeures comme la version française des Dialogues des carmélites de Francis Poulenc (quelques mois après la première italienne) en 1957 ou Saint-François d’Assise d’Olivier Messiaen en 1983.
L’opéra Bastille et l’époque contemporaine
La présidence de Pierre Bergé voit l’inauguration de l’opéra Bastille, où sont donnés la majorité des opéras, le palais Garnier étant plus particulièrement consacré aux ballets. L’inauguration a lieu en 1990 avec une représentation des Troyens de Berlioz, œuvre titanesque qui rappelle le grand opéra français, et qui fit un temps la renommée de la salle.
L’Opéra de Paris a désormais une programmation variée, allant du XVIIe au XXIe siècle, qui donne une place de choix aux standards du répertoire tout en montant des œuvres moins établies, et sans abandonner la création.
Ancien directeur de la Scala, Stéphane Lissner remplace officiellement Nicolas Joël à la direction de l’Opéra de Paris en 2014, au même moment que Benjamin Millepied remplace Brigitte Lefèvre à la direction du ballet. La saison 2015/2016, première saison sous la direction artistique de Lissner est inaugurée par Moses und Aaron d’Arnold Schönberg. Elle voit une augmentation du nombre de nouvelles productions, avec 18 nouvelles productions et 14 reprises, ainsi que la création de la Troisième Scène, espace de diffusion artistique numérique.