Guillaume Haldenwang et Marie Théoleyre, co-directeurs de l’ensemble La Palatine (“créateur de spectacles poétiques, baroques et audacieux”) nous présentent le programme Au fil de la nuit qu'il donneront dès 11h en la Salle Monteverdi le 8 octobre : « Avec La Palatine, nous explorons depuis quelques années les liens qui unissent les musiques italiennes et françaises du XVIIe siècle. “Au fil de la Nuit” est notre premier programme entièrement français, centré sur la question de la chanson française. Ce concert est comme une petite réunion improvisée entre amis, dans un salon tamisé au coucher du soleil. Des airs graves et frivoles ou des chansons d’autrefois accompagnent les heures de la nuit jusqu’au point du jour. La nuit devient ici le théâtre de l’amour, mais aussi du rêve et de la mort. 

Concernant le répertoire, nous nous sommes penchés sur trois facettes de la chanson en France. Elle peut revêtir une forme sophistiquée avec l’air de cour (Moulinié, Richard, Guédron, Boesset), mais également populaire avec les chansons régionales que nous avons sélectionnées dans le magnifique recueil de Joseph Canteloube.

Enfin, nous mettrons en miroir ces répertoires avec quelques chansons de Barbara qui, en quelque sorte, est héritière de cette tradition de la chanson française. Les liens se créent grâce aux textes qui sont souvent étroitement liés. Ainsi les bergères idéalisées des airs de cour trouvent un écho dans les chansons des véritables bergères françaises. Les pièces instrumentales permettent également des passerelles entre les airs. » 

À l’image des autres ensembles qui vous présentent dans cette série leur concert 2023 à Ambronay, La Palatine a tissé avec ce Centre Culturel de Rencontre des liens forts, matérialisés aussi par l’enregistrement d’un album (aux Éditions Ambronay), qui permet de comprendre les résonances et l’évolution de cet ensemble, in loco : « Il n’y a pas d’amour heureux (le titre de cet album) est paradoxalement une belle histoire. L’histoire d’un coup de foudre pour deux œuvres qu’à première vue tout oppose : le Lamento d’Arianna de Monteverdi et la chanson de Brassens/Aragon, Il n’y a pas d’amour heureux.

Tout commence à la première lecture du lamento : l’ampleur et la complexité de cette plainte nous a tout d’abord impressionnés. Mais en apprivoisant progressivement la poésie de Rinuccini, nous avons été bouleversés par la puissance émotionnelle de cette histoire, où les mots d’Aragon résonnaient comme une évidence. Le reste du programme en a découlé naturellement, tant les affetti amoureux abondent dans le répertoire italien du XVIIe siècle. 

Ce morceau est un petit air strophique de Tarquinio Merula, extrait de ses Curtio precipitato et altri capricii (1638). Le titre “El me tira” nous présente un personnage qui est en proie à une surexcitation libidineuse, et s’adresse à sa compagne d’aventure en l’appelant furbetta, "coquine", un lexique ouvertement comique, qui n’est jamais employé dans la poésie sérieuse de l’époque. La phrase “ahi son piagato” (ah je suis blessé) omniprésente dans les cantates de l’époque, est ici déformée à des fins amusantes et burlesques car elle est employée dans un environnement lexical inusuel. 

L’ensemble La Palatine a été véritablement créé au moment où nous avons voulu candidater pour le programme européen EEEmerging. Ce programme, chapeauté par le CCR d’Ambronay, nous a permis de nous structurer, de nous offrir des résidences d’artistes, de nous accompagner dans nos questionnements. Un de nos tout premiers concerts s’est déroulé à l’Abbatiale d’Ambronay dans le cadre du Festival. C’est à ce moment que nous nous sommes fait connaître en présentant Il n’y a pas d’amour heureux, programme que nous avons enregistré par la suite, toujours grâce au soutien d’EEEmerging et du CCR d’Ambronay. Nous ne les remercierons jamais assez ! »

Retrouvez ci-dessous tous les épisodes de cette série, dans laquelle les artistes vous présentent leurs liens avec le Festival d'Ambronay et leur concert au programme de l’édition 2023 : un parcours à travers la richesse de ces grands week-ends, faisant résonner la musique ancienne dans toutes ses dimensions, dans ses échos à travers les frontières et les siècles.

1. Bach par Les Surprises
2. Salade de Taureau par Cantoría
3. Les Itinérantes, exploratrices
4. Télémaque et Calypso par Les Ombres
5. Destins de Reines par Amarillis
6. Les rues de Londres avec PRISMA
7. Grands Miserere avec Ora Singers
8. Requiem et Symphonie de Mozart par Le Concert de la Loge
9. Au fil de la nuit avec La Palatine
10. Mon Amant de Saint-Jean par Le Poème Harmonique
Bonus - Le Don de la Vie éternelle par Cappella Mediterranea