Etat civil
- Artiste lyrique
Biographie
Le ténor italien Luciano Pavarotti est né le 12 octobre 1935 à Modène, dans une famille modeste. Son père est boulanger, quoique lui-même soit un excellent ténor. Sa mère est ouvrière dans une usine de cigare, où travaille également la mère de Mirella Freni, une amie d’enfance qui est elle-aussi destinée à un avenir brillant. Ses deux passions sont le chant, qu’il pratique dans la chorale de l’église, et le football. Il oscille longtemps entre les deux voies. Son père contribue pour beaucoup à former sa passion pour l’art lyrique, lui faisant découvrir les plus grands ténors de son temps, en particulier Giuseppe Di Stefano, même s’il déconseille à son fils d’y tenter une carrière. A la sortie du lycée, il hésite à devenir gardien de but, mais finit par suivre une formation pour devenir instituteur. Finalement, à l’âge de dix-neuf ans, il finit par persuader ses parents de le laisser tenter sa chance dans l’opéra. C’est donc en 1954 que son éducation vocale formelle démarre, sous l’égide d’un ténor local, Arrigo Pola, qui accepte de le former gratuitement. Le premier encouragement arrive en 1955, quand la chorale locale à laquelle il participe avec son père remporte le premier prix dans une compétition internationale galloise, le Eisteddfod de Llangollen. Néanmoins, les premières années sont dans l’ensemble difficiles : il doit travailler à plein temps en parallèle de ses études, d’abord en tant qu’instituteur puis en tant que vendeur d’assurances, et ces métiers représentent une charge considérable pour sa voix. Il manque d’abandonner son rêve quand il est atteint d’un nodule aux cordes vocales. Heureusement, il se rétablit rapidement.
Ainsi, il fait ses débuts sur scène au Théâtre municipal de Reggio Emilia, dans le rôle de Rodolfo dans La Bohème de Puccini en 1961. Si d’autres débuts italiens suivent, c’est à l’étranger que Pavarotti connait d’abord la consécration. Il fait ses débuts à Belgrade dès 1961, y chantant Alfredo dans La Traviata de Verdi. Il reprend le rôle à Vienne en février 1963, et y retourne quelques mois plus tard dans La Bohème et dans Rigoletto de Verdi (le Duc). La même année, il fait ses débuts au Royaume-Uni à Belfast dans Madame Butterfly (Pinkerton) de Puccini. Peu après, il remplace son idole Giuseppe Di Stefano pour chanter Rodolfo pour ses débuts à Covent Garden. Cela lui ouvre les portes de Glyndebourne l’année suivante dans Idoménée de Mozart (Idomante). Surtout cela attire l’attention de la grande soprano Joan Sutherland. En 1965, il fait ses débuts américain avec cette dernière dans Lucia di Lammermoor de Donizetti, où il campe Edgardo. Il fait ensuite ses débuts à la Scala la même année dans La Bohème, face à son amie d’enfance Mirella Freni dans le rôle de Mimi, sous la direction de Karajan. Peu après, il part en tournée en Australie avec Joan Sutherland et son mari, le chef d’orchestre Richard Bonynge, celle-ci y voyant un partenaire idéal. La tournée a une grande influence sur lui : il apprend énormément de la Stupenda, notamment son impressionnante gestion du souffle. Il reste un partenaire habituel de Joan Sutherland jusqu’à la fin de sa carrière. Il fait son retour à la Scala en 1966, dans le rôle de Tebaldo dans I Capuleti e i Montacchi de Bellini.
Il s’impose ainsi progressivement comme l’un des plus grands ténors lyriques de sa génération. Sa voix convient parfaitement aux exigences du bel canto, et Donizetti est sans doute le compositeur où il est le plus à l’aise, avec Verdi et Puccini. Par ailleurs, sa personnalité chaleureuse et sa nature de bon-vivant sont très communicatives, ce qui en fait un interprète idéal dans le répertoire comique. Ainsi, c’est en 1966 qu’il débute le rôle de Tonio dans La fille du régiment de Donizetti à Covent Garden. En 1968, il fait ses débuts au Metropolitan dans La Bohème, mais étant fortement indisposé, il considère lui-même que sa performance n’est pas à la hauteur. En 1970, il réalise un enregistrement de référence de L’élixir d’amour de Donizetti sous la direction de Bonynge, y chantant Nemorino, avec Joan Sutherland dans le rôle d’Adina. En 1971, il chante Gustavo dans un enregistrement d’Un Bal Masqué de Verdi avec Renata Scotto en Amelia. S’il réalise plusieurs performances au Metropolitan après ses débuts, c’est avec La Fille du régiment en 1972, avec Joan Sutherland dans le rôle-titre, qu’il y devient une véritable vedette. Il y crée l’événement avec son interprétation de l’air « Ah mes amis », réputé être « l’Everest de l’opéra », du fait de ses neuf contre-ut très rapprochés. Cela lui vaut le sobriquet de « king of the high Cs », surnom qui joue sur l’homophonie des mots anglais signifiant « contre-ut » et « haute mer ». Parmi ses autres performances notables à cette période figurent des enregistrements de La Favorite de Donizetti en 1974 (Fernand, avec Fiorenza Cossotto dans le rôle-titre) et I Puritani de Bellini en 1975 (Arturo, avec Joan Sutherland dans le rôle d’Elvira). En 1976, il fait sa première apparition au Festival de Salzbourg, en chanteur italien dans Le Chevalier à la rose de Richard Strauss.
Sa renommée commence même à dépasser le seul milieu de l’art lyrique. Sa personnalité joviale et exubérante lui vaut la faveur du public. Il participe aux premières rediffusions en direct du Met en 1977, en Rodolfo dans La Bohème. Durant cette période, s’il continue de chanter certains des rôles lyriques qui l’ont rendu célèbres, il se tourne peu à peu vers des rôles plus dramatiques, exigeant une voix plus lourde, comme Radamès dans Aïda (Verdi) ou Manrico dans Le trouvère (Verdi également). Il chante ce dernier rôle sous la direction de Karajan à l’Opéra d’Etat de Vienne en 1979. En 1982 sort le film Yes, Giorgio, son unique tentative de jouer la comédie, mais le film ne rencontre pas le succès espéré.
En 1982, il crée sa compétition pour jeunes chanteurs, au terme de laquelle les gagnants ont l’opportunité de se produire sur scène avec lui. En 1985, sa performance de Radamès dans Aïda de Verdi à la Scala, sous la direction de Lorin Maazel est un immense succès, qui fait l’objet d’un enregistrement, devenant sans doute sa performance du rôle la plus célèbre. En 1988, après avoir chanté Nemorino (L'Elixir d'Amour) à l’Opéra Allemand de Berlin, il est rappelé à cent soixante-sept reprises, et les applaudissements durent plus d’une heure, un record.
En 1990, sa performance de l’air « Nessun Dorma », issu de Turandot de Puccini, est choisie par la BBC comme l’accompagnement musical de la Coupe du Monde de football à Rome, depuis surnommé officieusement l’hymne de la coupe du monde. C’est ainsi que celui qui s’était un temps rêvé gardien de but devient une star planétaire, même auprès de ceux qui n’ont aucune affinité pour l’opéra. Toujours dans le cadre de la coupe, Pavarotti rejoint les espagnols José Carreras et Plácido Domingo pour un concert aux thermes de Caracalla le 7 juillet 1990. Les Trois Ténors sont nés. Ils se réunissent pour les deux coupes du monde suivantes, à Los Angeles puis à Paris, avec un succès croissant, lançant une mode des ensembles de chanteurs lyriques à succès, en particulier des trios. Ceux-ci se caractérisent par un son pharaonique dans des interprétations émotives des plus grands tubes du répertoire. Cette alliance de l’art lyrique avec une sensibilité plus grand public a parfois été surnommée « popéra ».
Sur les scènes lyriques plus traditionnelles, sa carrière continue d’être marquée par des incursions vers un répertoire plus dramatique, notamment un très controversé Otello de Verdi à Chicago en 1991 sous la direction de Solti, avec Kiri Te Kanawa en Desdémone. En 1992, c’est le premier des concerts caritatifs Pavarotti and Friends, aux cours desquels il chante avec des chanteurs et des groupes aussi variés que Mariah Carey, Céline Dion, George Michael, Eric Clapton, Barry White, James Brown, Bon Jovi, Sting, Bono, Elton John ou encore les Spice Girls. En 1995, il chante sur le single de U2 et Brian Eno « Miss Sarajevo », qui devient un hit.
Le revers de son succès est qu’au fur et à mesure qu’il devient une star, certains amateurs d’opéra commencent à être assez critiques vis-à-vis de lui. On lui reproche beaucoup de multiplier les apparitions dans les stades, au détriment de la scène. Les puristes goûtent peu les concerts retransmis par haut-parleurs, d’autant que sa voix commence à connaître de plus en plus de problèmes. Néanmoins, il continue à être plébiscité par le public. Ainsi, en 1997, il parvient à contraindre le Metropolitan de donner Un Bal Masqué au lieu de la Force du Destin, car il est beaucoup plus familier du premier opéra, et n’a pas envie d’apprendre un nouveau rôle. En 2001, un CD des Trois Ténors devient l’album de musique classique le plus vendu au monde.
En 2002, il divorce de sa première femme, de qui il a quatre enfants, pour épouser sa secrétaire, dont il a déjà une fille. L’année de son mariage, il sort le premier et seul disque de variété de sa carrière, Ti Adoro. La critique est perplexe. En 2004, il fait sa tournée d’adieux. Son dernier rôle sur scène est Cavaradossi dans Tosca de Puccini au Metropolitan. Sa dernière vraie performance en concert a toutefois lieu à Taichung à Taiwan en décembre 2005, avant une dernière apparition à l’occasion de l’ouverture des JO d’hiver de Turin de 2006, où il est forcé de chanter en playback, du fait de conditions météorologiques glaciales. Il meurt d’un cancer du pancréas le 6 septembre 2007.
Quelques chiffres
- Giuseppe Verdi 50%
- Giacomo Puccini 50%