BN8 5UU Glyndebourne
de construction 1994
À propos de ce lieu
Le Festival de Glyndebourne est le fruit de la vision de John Christie. Celui-ci juge le paysage lyrique britannique insatisfaisant, et décide donc de créer un festival dans son domaine. Il fait construire une salle de spectacles pour l’occasion, et recrute le maestro Fritz Busch et le metteur en scène Carl Ebert, qui viennent tout deux de quitter l’Allemagne pour fuir la persécution nazie. La première édition a lieu en 1934, les œuvres données étant deux Mozart, Cosi fan tutte et les Noces de Figaro. C’est sa femme, la soprano Audrey Mildmay qui assure le rôle de Susanne dans les Noces. L’annonce fait d’abord sourciller le public, méfiant à l’idée de cet excentrique qui fait construire un opéra dans son jardin, mais la qualité des productions et l’atmosphère bucolique des jardins de Glyndebourne finit par conquérir les spectateurs. La programmation est centrée sur Mozart, puisqu’il faut attendre 1938 pour qu’il s’y donne une œuvre d’un autre compositeur avec Macbeth de Verdi. Au terme de l’entre-deux-guerres, Glyndebourne s’impose ainsi comme une institution majeure dans la vie culturelle anglaise.
La Seconde Guerre Mondiale interrompt le festival de 1941 à 1945. La première édition d’après-guerre est marquée par la création du Viol de Lucrèce de Benjamin Britten. La collaboration avec Britten se poursuit l’année suivante, avec une nouvelle création, Albert Herring. Les différends entre le compositeur et John Christie sont cependant tels que Britten rompt avec Glyndebourne pour fonder son propre festival en 1948, celui d’Aldeburgh. Le Festival vit alors une période de transition. La plupart des personnalités fondatrices prennent leur retraite à cette période, et le Festival de Glyndebourne commence à avoir recours à des financements extérieurs. Glyndebourne cesse ainsi d’être le fait d’une petite équipe soudée, s’ouvrant à de nouveaux talents chaque année. La relève est assurée en 1956 par George, le fils de John Christie, que tout prédestinait à la fonction puisqu’il était dans le ventre de sa mère alors qu’elle chantait Susanne dans la première édition du Festival.
George Christie modernise le festival, en en élargissant sa programmation. Il crée également le Festival de Glyndebourne en tournée en 1968. Celui-ci, qui a recours aux subventions publiques contrairement au festival principal, permet de rendre les productions du festival accessibles à des publics plus larges, et d’offrir des opportunités aux jeunes chanteurs. Si la première tournée reste en Angleterre, les suivantes sont internationales. Parmi les productions marquantes du mandat de George Christie figurent la première anglaise du Couronnement de Poppée de Monteverdi en 1962, la première représentation moderne de La Calisto de Cavalli en 1970, la première anglaise d’Intermezzo de Richard Strauss en 1974, le Rake’s Progress de Stravinsky mis en scène par John Cox en 1975, avec des décors de David Hockney et la production de Porgy and Bess de Gerschwin en 1986. En 1987, George Christie lance le projet d’une nouvelle salle, dont la construction débute en 1991. La salle, d’architecture moderne, combinant une structure principale en brique avec une tour métallique, est inauguré en 1994 avec une représentation des Noces de Figaro. La même année, la nouvelle salle voit la création de The Second Mrs. Kong de Harrison Birtwistle. George Christie prend finalement sa retraite en 1998.
Glyndebourne demeure une destination incontournable pour les amateurs d’art lyrique, avec son atmosphère typiquement british, où toute la haute société londonienne pique-nique dans les jardins de la propriété. L’institution défend un répertoire dominé par Mozart, mais aussi par Haendel et Britten.