Etat civil
Biographie
Le baryton américain Sherrill Milnes est né à Downer’s Grove, Illinois, le 10 janvier 1935. Il grandit dans une ferme laitière, où il aide aux travaux tout en développant sa passion pour la musique, qui ne se limite pas au chant, mais inclut la pratique de nombreux instruments : piano, violon, viole, contrebasse, clarinette et tuba. A l’université, il s’oriente cependant vers la médecine, mais il se rend compte au bout d’un an et demi qu’il lui faut se tourner vers sa vraie vocation, l’art lyrique. Il s’enrôle à Temple University dans l’Iowa, où il obtient une licence et une maitrise de musique en vue d’être enseignant. Il poursuit ensuite ses études vocales à Northwestern University à Chicago.
Sa carrière commence en 1960 lorsqu'il rejoint la troupe de la Boris Goldovsky Opera Company basée à Boston, qui part en tournée dans tous les Etats-Unis. Son premier rôle y est Masetto dans Don Giovanni de Mozart. Sa performance de Valentin dans Faust de Gounod au New York City Opera en 1964 lui vaut un premier succès d’estime, qui lui permet de faire ses débuts au Met l’année suivante dans le même rôle, le même soir que ceux de Montserrat Caballé en Marguerite. Sherrill Milnes est donc l’un des rares contre-exemples à la règle qui affirme que les chanteurs américains ne sont pas prophètes en leur pays, et doivent commencer en Europe avant de pouvoir être reconnus chez eux, ce garçon de ferme du Midwest étant arrivé jusqu’au Met au seul mérite de ces performances américaines.
Il devient un habitué des planches du Met, où il partage la scène avec des légendes comme Franco Corelli en Radamès dans un Aïda (Verdi) dirigé par Zubin Mehta, où il incarne Amonasro en 1966 ou Carlo Bergonzi et Renata Tebaldi dans Andréa Chénier d’Umberto Giordano, où il incarne Carlo Gérard la même année. Il crée même un rôle, celui du Capitaine Adam Brant dans Mourning Becomes Electra de Marvin David Levy en 1967. Toutefois, c’est sa performance de Miller dans Luisa Miller de Verdi en 1968 qui correspond de son propre aveux au déclic l'élevant à ce statut de légende. C’est d’ailleurs de nouveau la Caballé qui tient le rôle-titre dans cette production. Peu après suit un nouveau rôle-titre verdien au Met, cette fois-ci Simon Boccanegra. Il tient ensuite le rôle du Comte de Luna dans un Trouvère (Verdi) dirigé par Mehta avec Placido Domingo (Manrico), Leontyne Price (Leonora) et Grace Bumbry (Azucena) en 1969, s’affirmant progressivement comme l’un des meilleurs barytons verdiens, avec sa voix à la fois puissante et dotée d’une grande étendue dans les aigus.
Ce n’est donc qu’après être devenu une vedette aux Etats-Unis qu’il fait ses débuts sur les grandes scènes européennes. Sa grande première européenne a lieu à l’Opéra d’Etat de Vienne en 1970, où il donne le rôle-titre de Macbeth (Verdi) sous la direction de Karl Böhm, accompagné par Christa Ludwig. En 1972, il débute deux nouveaux rôles verdien au Met, celui de Posa dans Don Carlos et celui de Rigoletto, aux côtés de Joan Sutherland (Gilda) et Luciano Pavarotti (le Duc de Mantoue). Covent Garden suit trois ans plus tard, cette fois-ci avec La Force du destin (Don Carlos di Vargas). Parmi ses rôles non verdiens figurent notamment Riccardo dans Les Puritains (Bellini) au Met en 1976, de nouveau avec le duo Sutherland/Pavarotti, ainsi qu'Escamillo dans Carmen de Bizet, qu’il enregistre pour Deutsche Grammophon sous la direction de Claudio Abbado avec Teresa Berganza en Carmen et Placido Domingo en Don José en 1977. A l’Opéra de Paris, il donne notamment Nabucco (Verdi), avec Grace Bumbry en Abigaille.
Il traverse un moment difficile dans les années 80, étant incapable de chanter en raison d’une crise vocale, mais il retrouve finalement ses moyens en 1984, à l’occasion de la première performance du premier acte de Monna Vanna de Rachmaninov (Guido). La même année, il chante Scarpia (Tosca de Puccini) à l’Opéra de Paris. Après plus de trente ans à être l’un des piliers du Met, il y fait ses adieux en 1997 dans Aïda (Amonasro).