Première épreuve Olympique à l’Opéra Royal de Versailles
Le parc de Versailles sera un des lieux de prestige pour accueillir les Jeux Olympiques 2024 (spécifiquement les sports équestres et le pentathlon moderne). Les Olympiades étant également des manifestations culturelles, Château de Versailles Spectacles est bien entendu au diapason et, comme en avant-coureur, l'Opéra Royal propose cette Olimpiade de Cimarosa dont le livret de Metastasio est décidément à la mode en ce moment et pour cause, il met en scène une compétition/rivalité sportive et sentimentale durant les Jeux à Olympie.
Mégaclès participe en effet aux Jeux Olympiques (originels) sous le nom de son ami Lycidas qui vise ainsi à gagner le droit d'épouser la princesse Aristea, fille du roi Clysthène. Cependant, Mégaclès aime également la princesse et se trouve déchiré entre sa fidélité envers son ami et son propre amour pour Aristea. Lorsque la vérité éclate, Lycidas se sent trahi par Mégaclès en qui il avait toute confiance, et l'imbroglio remonte jusqu'au roi. Toutefois, un rebondissement inattendu révèle que Lycidas est le frère d'Aristea. Le conflit est résolu, le mariage est acté entre Mégaclès et Aristea tandis que Lycidas épouse Argène (comme il le lui avait promis jadis).
Le ténor Josh Lovell incarne le rôle de Clysthène avec un timbre éclatant couplé à une voix brillante et résonnante. Malgré son jeune âge, il parvient à capturer l'essence du personnage paternel avec une grande crédibilité, en prenant un plaisir visible à jouer et chanter. Il en récolte une réception enthousiaste du public, marquée par des bravos dès la fin de son premier air.
La soprano Rocío Pérez dans le rôle d’Aristea déploie une ligne vocale d'une souplesse remarquée, alliant puissance et portée. Son timbre coloré et plein, ainsi que son italien modèle s'allient à sa maîtrise des intentions dramatiques (rehaussée par des gestes harmonieux). Sa montée au suraigu légèrement moins précise est compensée par la technicité de ses guirlandes vocales.
Marie Lys en Argène dispose d'un soprano lyrique au timbre léger, juste et précis, mais emploie l'intensité de son expressivité gestuelle et faciale pour transmettre les émotions de son personnage avec une profondeur supplémentaire.
Maité Beaumont offre à Mégaclès son mezzo-soprano assuré dans la tessiture, bien que certaines faiblesses apparaissent parfois dans les graves. Sa collègue mezzo Mathilde Ortscheidt incarne Lycidas en assumant une approche parfois comique qui ajoute à la caractérisation. Vocalement, elle propose un timbre velouté et impressionne lorsqu'elle s'appuie davantage sur sa voix de poitrine. Son timbre est riche et captivant, bien qu'elle ait parfois tendance à se mettre trop en retrait.
Avec un timbre léger et aérien qui confère une délicatesse particulière à son interprétation, le ténor Alex Banfield chante Aminthe (précepteur de Lycidas). Son agilité vocale lui permet de naviguer aisément à travers les passages les plus exigeants, et il se distingue également par un phrasé raffiné et élégant.
Christophe Rousset, à la direction et au clavecin, entame la soirée avec une direction angulaire et stricte, établissant un cadre rigoureux dès l'ouverture. Devant son instrument, il dirige avec précision, n'hésitant pas à jouer debout pour maintenir son rôle de chef d'orchestre. Cette transition entre ses fonctions s'opère de manière fluide et réactive (hommage aux athlètes pluri-disciplinaires). Au fur et à mesure que l'œuvre avance, sa direction s'assouplit, permettant une interprétation plus nuancée mais toujours dynamique, conservant également la cohésion et l'énergie de l'ensemble orchestral et vocal.
L’orchestre rencontre cependant quelques difficultés à nuancer son jeu, ce qui le mène parfois à couvrir les chanteurs, même lors des airs des solistes. La cohésion entre tous les pupitres n'en est pas moins présente, constante et attentive.
La soirée se finit par des applaudissements chaleureux, faisant revenir à trois reprises les chanteurs sur scène. La performance tant vocale qu'instrumentale aura été saluée pendant de longues minutes, dans cet opéra de longue haleine nécessitant beaucoup de souffle, même pour les plus sportifs.