Synopsis
Sancta Susanna
Sœur Klementia raconte à sœur Susanna l'histoire d'une religieuse qui, quarante ans plus tôt, fut prise d'un amour charnel pour le Christ. Cela éveille chez Sœur Susanna une puissante réaction.
Met Live Tosca
Création de l'opéra
Composé en quinze jours au début de l’année 1921, Sancta Susanna est le troisième opéra d’un triptyque d’œuvres lyriques en un acte écrit par Paul Hindemith à 26 ans. Les deux premiers sont Mörder, Hoffnung der Frauen (Murderer, Hope of Women en anglais, Meurtrier, espoir des femmes en français, 1921) et Das Nusch-Nuschi. Si les deux premiers opéras apportèrent une certaine renommée de scandale à Hindemith, le troisième alla encore plus loin, au point que Fritz Busch, le chef d'orchestre qui avait dirigé les deux premiers, invoqua la morale pour refuser de se compromettre avec ce troisième opus. Le succès public fit contraste avec l’opposition farouche des conservateurs germaniques, qui parvinrent à faire interdire les représentations pendant la semaine sainte. Le critique musical Karl Grunsky alla jusqu’à condamner l’œuvre comme une “profanation des institutions culturelles”. Avant d’entrer dans la salle, les spectateurs durent promettre, par écrit, qu’ils ne venaient pas perturber les représentations. D’ailleurs, cette œuvre continue de générer de vives réactions jusqu’à nos jours.
Sancta Susanna questionne le rapport entre spirituel et charnel. Il confronte violemment l’amour physique avec la sainte chasteté. L’esthétique expressionniste qui se déploie à l’époque dans tous les arts révèle ici les sentiments dans toute leur puissance avec des moyens éloquents. C’est cette force des sentiments humains confrontés à un absolu religieux idéaliste qui compose l’enjeu de l’opéra. L’auteur du livret, August Stramm, est un expressionniste et cela se comprend dès la lecture de son texte : il multiplie les indications de jeu qui prennent plus de place que les dialogues eux-mêmes. L’esthétique est celle du questionnement intérieur avant un choc, brutal, qui se retrouve dans l’ouverture de la tonalité vers d’autres horizons. Phase de transition entre le post-romantisme et l’expressionnisme, l’écriture d’Hindemith conserve toutefois une structure formelle compréhensible.