8002 Barcelona
de l'orchestre 69
du choeur 53
de construction 1847
À propos de ce lieu
Le Liceu est le plus vieil opéra d’Espagne. Il tire son origine de la Société Dramatique des Aficionados, établie en 1837 par des miliciens républicains dans un ancien couvent confisqué par l’Etat, alors que l’Espagne est plongée dans la guerre civile suite à des querelles de succession. L’institution est rebaptisée Liceo Filarmonico Dramatico. Le but de cette société est d’enseigner l’art du belcanto italien aux catalans (d’où le nom de Liceo, mot castillan pour lycée, qui devient par la suite liceu quand le catalan reçoit une reconnaissance officielle). Au fil de leur apprentissage, les élèves doivent également pouvoir se produire devant un public. La première représentation étudiante, Norma de Bellini, a lieu en 1838. En 1845, les anciennes sœurs du couvent de Montsió, qui ont depuis retrouvé certains privilèges, souhaitent récupérer l’endroit. Un compromis est trouvé entre le Liceu et les bonnes sœurs : le couvent est restitué aux religieuses, mais en contrepartie, le couvent des Trinitaires, localisé au cœur de la Rambla, est cédé au Liceu. Celui-ci offre un emplacement beaucoup plus vaste, et donc d’autant avantageux que si Barcelone a déjà un opéra, le Teatre Principal, celui-ci est également bien trop étriqué.
Contrairement à la plupart des grandes villes européennes où la construction des opéras est le fait du pouvoir royal, c’est une société par actions qui mène à bien la réalisation du Gran Teatre del Liceu. Le bâtiment, sur le modèle des théâtres à l’italienne, est inauguré en 1847, la même année que se crée la très selective Société du Cercle du Liceu. Le premier opéra qui y est donné est Anna Bolena de Donizetti. Ainsi, pendant les premiers temps du Liceu, c’est le belcanto qui y domine, ainsi que la zarzuela, forme typiquement espagnole, qui comme l’opéra-comique français voit s’enchainer scènes chantées et scènes jouées. La première zarzuela en langue catalane, La tapada del retiro, est d'ailleurs créée au Liceu en 1852. En 1855, c’est la scission entre le Conservatoire du Liceu d’une part, et le Théâtre du Liceu d’autre part. Longtemps, la rivalité entre le Liceu et le Teatre Principal bât son plein, jusqu’à ce que les deux institutions tombent sous la coupe du même imprésario en 1850, après quoi le Principal ne tarde pas à être en perte de vitesse.
Le Liceu brûle en 1861. Il est reconstruit à l’identique dès l’année suivante, la nouvelle salle étant inaugurée par Les Puritains de Bellini. Peu à peu, le Liceu élargit sa programmation à d’autres répertoires, notamment le grand opéra français. C’est pendant la représentation de l’une de ces œuvres, Don Quichotte de Rossini, que le Liceu est touché par une nouvelle tragédie en 1893 : un anarchiste lance une bombe dans la salle, faisant une vingtaine de morts. Un autre compositeur qui obtient les faveurs du Liceu est Wagner. Ce dernier y est tellement apprécié que le Liceu est la première salle à donner Parsifal en dehors de Bayreuth (du moins avec l’accord de la famille de Wagner, le Met ayant déjà bravé le monopole décidé par le compositeur). La représentation a lieu à vingt-deux heures trente durant réveillon de 1913, soit une demi-heure théorique avant la levée du monopole (il y a une heure de décalage horaire avec Bayreuth). A cette époque d’avant-guerre, le Liceu s’impose d’ailleurs comme une destination incontournable pour les plus grands noms de la scène lyrique internationale, accueillant notamment Caruso.
En 1917, c’est la première saison des ballets russes de Diaghilev, avec Nijinski, qui popularise l’opéra russe en Espagne. Pendant la Guerre Civile Espagnole (1936-1939), le Liceu est nationalisé par les Républicains, puis l’ancien système est rétabli par Franco. La popularité de Wagner ne faiblit pas pendant l’après-guerre, au point que le Liceu est la première destination de la tournée de Bayreuth en 1955, accueillant les productions de Wieland Wagner.
Les décennies 1960 et 1970 sont marquées par l’émergence de stars internationales issues du Liceu, à la fois parce qu’elles ont étudié l’art lyrique au Conservatoire et qu’elles ont fait leurs débuts sur les scènes du Théâtre. Parmi ces vedettes figurent la soprano Montserrat Caballé, les ténors Giacomo Aragal et José Carreras et le baryton Juan Pons : le Liceu ne se contente pas d’accueillir les plus grandes stars mais les forme également.
En revanche, le système de gestion privée du Liceu s’avère intenable, et en 1980, un consortium est créé, qui permet de faire intervenir la municipalité de Barcelone, la région catalane et le ministère de la culture espagnole. A cette époque, un autre défi à relever est celui de la modernisation de la salle, freinée par des difficultés d’ordre administratives et immobilières. Finalement, les travaux n’auront jamais lieu, puisque la salle flambe de nouveau en 1994, les flammes n’épargnant que la façade. La salle est reconstruite à l’identique, hormis quelques détails, comme les fresques du plafond, confié à l’artiste contemporain Perejaume, et le fait que tout l’équipement soit désormais à la pointe.
La réouverture a lieu en 1999, les saisons étant assurées dans l’intérim au Palau Saint Jordí, au Palau de la Música Catalana et au Teatre Victòria. L’opéra inaugural est Turandot de Puccini, opéra qui devait être donné avant que l’accident ne consume la salle. Dix ans plus tard, c’est au tour de la crise économique d’affecter l’institution. Le Liceu conserve son très haut niveau artistique, mais doit quelque peu ralentir le nombre de production et augmenter le recours aux coproductions, aux locations de spectacles et aux versions de concert. La salle accueille actuellement une dizaine de productions par an.