Messe du dimanche : Requiem Allemand au Théâtre des Champs-Élysées
Claire Désert déploie une large palette de nuances dynamiques et expressives, tout en restant immobile pendant la majorité du concert : son dos légèrement courbé, la tête inclinée, alternant des regards entre sa partition et son partenaire au piano ainsi que le chef pour une synchronisation constante.
Tanguy de Williencourt aborde l'instrument de manière radicalement différente et de fait complémentaire, non moins à l'image de la richesse de cette pièce et de son univers. Détendu musculairement mais avec un visage empreint de sérieux et de concentration, son corps se laisse porter par des mouvements de balancier, en harmonie avec le rythme de la musique. Même lorsque ses mains ne touchent plus le clavier, elles continuent de prolonger le geste musical, traduisant l'engagement de son interprétation.
Henri Chalet à la direction est à la fois énergique et souple, combinant précision et rigueur dans chaque geste. Il sait accompagner chaque pupitre avec attention, tout en restant attentif aux solistes et instrumentistes. Son visage laisse transparaître une satisfaction évidente à la fin du "Denn wir haben hie keine bleibende Statt" (Car ici-bas nous n'avons pas), laissant même échapper un pouce en l’air en direction des choristes.
Nicolas Hézelot en qualité de basse, engage avec le chœur un dialogue qui manque encore de profondeur, la voix étant parfois étouffée et le timbre un peu trop épuré. Toutefois, son interprétation se distingue par une grande portée et gestion du souffle.
Rebecca Moeller fait preuve de maîtrise technique, notamment dans sa projection vocale, diffusée avec aisance. Son timbre, puissant et rond, est soutenu avec puissance, tandis que son vibrato est dosé avec justesse, offrant une interprétation pleine de nuances et d'émotions.
La Maîtrise Notre-Dame de Paris se distingue par une répartition équilibrée et précise des différentes voix, révélant toute la richesse contrapuntique de l’œuvre, en un jeu d’entrelacements sonores (celui de la texture musicale et du texte allemand).
Le public, apaisé et visiblement touché, quitte la salle après un tonnerre d'applaudissements, pour rejoindre Paris encore baigné de lumière, comme celle de ce rendez-vous musical et dominical.