Pour sa 6ème édition, le projet « Avis aux Amateurs » du Festival d'Ambronay invite les festivaliers à se joindre à un chœur façonné au fil des mois. Pierre-Louis Rétat, claviériste et chef, a concocté un programme séduisant, puisant dans les trésors du répertoire baroque : du majestueux Te Deum de Charpentier au célèbre Halleluja du Messiah de Haendel, en passant par l'envoûtant Air du froid extrait du King Arthur de Purcell et le grandiose Gloria de Vivaldi. Le public se délecte à reconnaître ces mélodies emblématiques, encouragé à les fredonner et à unir sa voix à celle du chœur.

Les véritables vedettes de la soirée sont incontestablement les choristes amateurs, dont la présence sur scène attire de nombreux proches venus les soutenir. Guidés par les gestes clairs et bienveillants de Pierre-Louis Rétat, alternant entre le clavecin et l'orgue positif (instrument posé, et non encastré), les chanteurs amateurs font preuve d'une audace et d'une sensibilité touchante. Si la perfection technique n'est pas forcément au rendez-vous, leur assurance et leur ambition musicale forcent l'admiration. Leur interprétation d'extraits particulièrement exigeants de Monteverdi, où la mélodie proche du récitatif n'est soutenue que par la basse continue, témoigne de leur engagement et de leur passion communicative pour le chant.

Quatre chanteurs professionnels viennent enrichir cette aventure musicale collective. Le ténor Julien Devret, après quelques instants d'instabilité dans l'Audi Coelum (Vespro della beata Vergine de Monteverdi), trouve rapidement ses marques, déployant de superbes vocalises et des lignes mélodiques expressives. La basse Simon Gallot impressionne par son timbre profond et son interprétation volontairement sombre en Génie du froid, créant une plainte d'une intensité saisissante. La mezzo-soprano Caroline Adoumbou séduit par sa voix ronde et chaleureuse, soutenue par un vibrato délicat et une projection élégante. Elle éblouit l'auditoire par ses notes puissantes et tenues, laissant entrevoir un potentiel encore plus grand dans ses vocalises. Son interprétation de Feeling Good de Nina Simone est un moment fort, alliant la profondeur de la soul à la légèreté du lyrique. La soprano Stéphanie Révidat complète brillamment ce quatuor avec une voix assurée et expressive, ses aigus ronds et bien projetés apportant une touche de luminosité à l'ensemble dans le Lamento della Ninfa de Monteverdi.

Les cinq instrumentistes et le chef se révèlent être des accompagnateurs attentifs et bienveillants, offrant également des interludes instrumentaux d'une grande agilité. Le Medley Vivaldi est un moment particulièrement réussi lors duquel, sur l'invitation de Pierre-Louis Rétat, le public se joint joyeusement aux airs extraits des Quatre Saisons et du Concerto pour mandoline. L'accent est mis sur le partage et la transmission de la passion musicale, créant des moments de plaisir authentique qui transcendent la simple recherche de perfection technique.

Le concert s'achève en apothéose avec une reprise du célèbre Halleluja du Messiah de Haendel, unissant dans un même élan jubilatoire choristes, solistes et public. Cette communion musicale majestueuse vient couronner une soirée qui aura su ravir tant les auditeurs que les artistes.