Célestes Itinérantes au Festival d’Ambronay
Le jeune et audacieux trio Les Itinérantes formé par Elodie Pont, Pauline Langlois de Swarte et Manon Cousin s'inscrit pleinement dans le thème de cette 45ème édition du Festival d'Ambronay : « la voix est libre ». Fidèles à leur signature, elles offrent un périple musical spatialisé, célébrant un répertoire d’une richesse kaléidoscopique : de l’hymne médiéval d'Hildegard von Bingen à un traditionnel irlandais, en passant par leurs propres compositions inspirées d’une berceuse sépharade ou de chant grec, le voyage est total. L’expérience s’enrichit encore avec la participation des jeunes talents de la Maîtrise de l’IRVEM (Institut de Recherche Vocale et d'Enseignement Musical Méditerranéen), dirigée par Bertille de Swarte.
Les Itinérantes s’approprient de façon nouvelle ce haut-lieu en proposant une chorégraphie sonore au sein de l’édifice. En symbiose avec la Maîtrise, les chanteuses en perpétuel mouvement renouvellent sans cesse l’expérience auditive. Les voix enveloppent alors le public dans un cocon sonore : une immersion acoustique se multipliant en cent échos dans la nef. Les harmonies célestes oscillent entre de subtiles dissonances et de voluptueuses résolutions, notamment dans l’Aya Meria, Prière à Marie de Manon Cousin, dont le texte en langue inventée est aussi musical qu’énigmatique.
Itinérantes, dans le temps, dans les musiques du monde et dans l'Abbaye d'Ambronay. Agréables découvertes (gratuites !) @Ambronay_CCR. #ItinérantesAuxFenêtres pic.twitter.com/fFClGVwGKo
— Deroeux Emmanuel (@DeroeuxE) 18 septembre 2021
Le trio démontre une maîtrise vocale et technique indéniable, alliant homogénéité et expressivité individuelle. Chaque voix, bien que distincte, s’inscrit dans la dynamique commune, permettant des nuances d’une exquise finesse. La direction se fait presque imperceptible, quelques regards et la respiration commune suffisant à assurer la cohésion de l'ensemble.
Les chanteuses de la Maîtrise, méticuleusement préparées par Bertille de Swarte, font preuve des mêmes qualités, maintenant un équilibre parfait dans la constance du soutien et de la justesse, malgré les déplacements, les distances et les positions changeantes dans l'abbatiale.
Guidées par les lanternes des Itinérantes, les jeunes chanteuses rejoignent le lointain de la nef sur Terra Mater, ce chant de Pauline Langlois de Swarte sur des textes d'Hildegard von Bingen.
Le public, transporté, ne peut contenir son enthousiasme et se lève pour une ovation méritée, saluant ce travail fait d’exigence et de subtilité. En guise de rappel, le trio offre une Cuckoo Song, chanson médiévale d’une joie tendre, reflet de ces promesses artistiques.