Huw Montague Rendall, baryton à l’horizon
Ses parents, la mezzo-soprano Diana Montague et le ténor David Rendall, lui ont ouvert le chemin de l’excellence, mais aussi des premières scènes lyriques. À 30 ans et après un début de carrière remarqué, le baryton britannique Huw Montague Rendall a signé un contrat d’exclusivité avec Alain Lanceron pour label Erato.
Ce premier album, intitulé Contemplation, a pour but de révéler les multiples facettes actuelles du talent de l’interprète qui transporte ainsi l’auditeur du répertoire d’opéra au Lied et à la mélodie française, en passant par la comédie musicale américaine et l’opérette d’André Messager. Le programme pourrait paraître versatile voire hétérogène. Très heureusement, il n’en est rien tant chaque air abordé s’avère maîtrisé et en premier lieu habité par une émotion pleine et sincère.
Baryton lyrique en premier lieu, Huw Montague Rendall fait les preuves de sa maturité rare et d’une compréhension de chaque rôle interprété. La voix est ferme sur toute sa longueur, veloutée et développant des nuances de grande classe. Couronnée d’aigus lumineux pouvant se transformer en piani sensibles et parfaitement tenus, disposant en sus d’un grave bien établi, Huw Montague Rendall séduit à chaque instant ce sans gratuité ou faux semblant. Une diction française modèle lui permet d’aborder avec le même bonheur Hamlet d’Ambroise Thomas avec toute l’introspection requise pour "Être ou ne pas être", Faust et l’air de Valentin avec sa foi inébranlable en le Seigneur ou Roméo et Juliette et la fameuse ballade de la Reine Mab. Son interprétation emplie de charisme de l’air principal de Monsieur Beaucaire opérette d’André Messager « Au jardin où les fleurs sont écloses » montre ses affinités évidentes et sa pleine adéquation avec le répertoire lyrique français. Les Lieder eines fahrenden Gesellen de Gustav Mahler puisent à la gravité et à la maturité intérieure de l’interprète. De même, l’air de Fritz tiré de La Ville morte de Korngold avec cette fin suspendue dans l’espace atteint l’auditeur au plus profond, tout comme le récit proprement bouleversant du Billy Budd de Benjamin Britten. Huw Montague Rendall abordera d'ailleurs ce rôle combien délicat et difficile tant il touche au plus profond de l’être le mois prochain pour ses débuts à l’Opéra d'État de Vienne. Il reviendra ensuite à Pelléas (interprété au Festival d’Aix-en-Provence cet été), au sein de la nouvelle production de l’ouvrage de Claude Debussy mise en scène par Wajdi Mouawad qui sera présentée en février/mars prochain à l’Opéra Bastille.
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L’Orchestre de l'Opéra de Rouen Normandie placé sous la baguette de Ben Glassberg donne son meilleur et fait plus qu’accompagner le jeune baryton : il jette toutes ses ressources musicales dans l’affaire et lui ouvre tous les chemins possibles.
Ce premier disque d’Huw Montague Rendall devrait légitimement susciter la parution de beaucoup d’autres.