Karoline Podolak, lauréate en récital à Bordeaux
Comme le veut la tradition, le public bordelais a rendez-vous avec le lauréat du Concours International de Chant Lyrique de Marmande, dans la saison suivant son attribution. Karoline Podolak est ainsi à l’affiche de ce “Midi Musical”, court récital d’une heure à la pause méridienne, sur la scène du Grand Théâtre de Bordeaux, devant un public qui vient toujours nombreux, avide de découvrir de nouvelles voix.
Au fil du concert, la jeune femme prend le micro uniquement pour donner aux spectateurs quelques éléments de compréhension quant au choix des pièces de son programme. Celui-ci comporte quelques morceaux de bravoure, comme l’air de Titania “Je suis Titania la blonde” (Mignon d’Ambroise Thomas), “O mio Babbino Caro” (Gianni Schicchi de Puccini) ou le fameux “Una voce poco fa” de Rosine dans Le Barbier de Séville de Rossini chanté en ouverture. Pour rendre hommage à ses racines polonaises, Karoline Podolak interprète également deux mélodies de Chopin et une de son compatriote Feliks Nowowiejski. Le programme comporte également des extraits de deux comédies musicales : "I feel pretty" (West Side Story) et "I could have danced all night" (My Fair Lady), un répertoire par lequel cette jeune artiste a fait ses premiers pas dans le chant, comme elle l’explique elle-même, au micro.
Dans ce programme varié où l’opéra croise la comédie musicale, Karoline Podolak appuie sa performance sur des aigus libres et faciles, qu’elle n’hésite pas à convoquer dans les vocalises ad libitum de l’air de Rosine, ou dans celles, imposées de la longue cadence a cappella de l’air de Titania. Le programme met en valeur cette qualité de colorature qui lui a valu les lauriers au concours de Marmande (elle y avait chanté notamment le très virtuose air de Cunégonde “Glitter and be gay”, extrait du Candide de Leonard Bernstein).
Assez étonnamment, Karoline Podolak a fait le choix d’interpréter Puccini dans ce même programme. La voix ne s’épanouit pas de la même façon dans O mio Babbino Caro, qui exige plus de profondeur : des qualités de soprano lyrique qu’elle acquerra peut-être avec le temps, mais qui dans l’immédiat sont encore un peu vertes. À part ce décalage stylistique, l’ensemble de la performance apparaît très crédible, et les choix d’œuvres assez cohérents.
Au piano, Jean-Marc Fontana se montre en accompagnateur bienveillant, rompu à l’exercice du récital lyrique qui impose de reproduire les sonorités d’un orchestre : profondeur harmonique, phrasé chantant et théâtralité du jeu sont bien au rendez-vous. Le pianiste est également l’un des chefs de chant du Concours International de Chant Lyrique de Marmande. Le binôme récolte tout naturellement les applaudissements nourris du public à la fin de ce concert achevé par un extrait des Vêpres siciliennes de Giuseppe Verdi (“Merci, jeunes amies”), dans la version française, hexagone oblige !