Opéra de Lyon : une rentrée haute en couleurs musicales
Le programme réunit deux mythes, deux épopées amoureuses ayant traversé les siècles : Roméo et Juliette de Berlioz et Daphnis et Chloé de Ravel. L'Opéra national de Lyon ouvre ainsi sa saison dans la lumière de ces deux génies musicaux français (avant de proposer le chef-d'œuvre germanique de l'opéra moderne : Wozzeck d'Alban Berg qui sera également dirigé par le chef maison Daniele Rustioni, mis en scène par le Directeur, Richard Brunel, et incarné par le baryton local, Stéphane Degout).
Ce soir, les phalanges de la Capitale des Gaules explorent donc les facettes de l'art orchestral national : de la symphonie dramatique d’Hector Berlioz (en riches extraits) où l'action et les émotions se voient figurées d'une manière vivante et intense, plongeant visiblement (et audiblement) le public dans une expérience narrative par des moyens purement musicaux. Moyens purement musicaux qui (s')animent également dans la symphonique chorégraphique de Maurice Ravel (initialement composée pour les Ballets Russes).
Un écran lumineux accompagne les œuvres, évoluant du bleu azur pour Berlioz à des teintes plus sombres pour Ravel, renforçant subtilement leurs intensités en résonances romantiques et impressionnistes avec la musique.
L'Orchestre de l'Opéra national de Lyon, après ses tournées estivales, se distingue une nouvelle fois par une exécution d'une précision exemplaire. La cohésion entre les musiciens et leur dévouement envers la conduite de Daniele Rustioni sont palpables, créant une atmosphère d'harmonie humaine et musicale indissociables.
Les Chœurs de l’Opéra de Lyon (dirigés par Benedict Kearns) apportent une expressivité puissante, même en l’absence de texte : le chœur sans paroles pour Daphnis et Chloé installe ses atmosphères évocatrices. Leur précision rythmique s'allie à une endurance vocale maîtrisée. Les chanteurs tissent une harmonie en symbiose, mêlant leurs voix ainsi qu'avec l’orchestre pour dépeindre la passion et l’émerveillement.
Daniele Rustioni, à la tête de cet ensemble, brille par sa direction passionnée. Il guide l’orchestre avec un engagement corporel total, traduisant les nuances musicales par des gestes amples mais précis. Son énergie débordante, souvent exprimée par tout son corps jusqu’à la pointe des pieds, communique directement aux musiciens. La partition, sous sa direction, prend vie et atteint une profondeur émotionnelle rare.
Cette soirée de rentrée est également l'occasion de saluer le parcours de trois membres de l'orchestre, pour lesquels il s'agissait de la dernière représentation. Leur travail et parcours salués avec émotion par leurs collègues et le public, ajoutent une touche humaine à cette soirée déjà chargée en intensité.
Le public, conquis, quitte la salle, encore bercé par les couleurs sonores qui ont illuminé cette première soirée. Si les histoires d’amours à la Roméo et Juliette se finissent de manière tragique... nul doute que cette saison musicale s’annonce pour sa part sous les meilleurs auspices.