Symphonie de Psaumes par Les Métaboles à la Basilique de Vézelay
La Basilique de Vézelay retrouve ce soir Les Métaboles (ensemble associé à la Cité de la Voix, Centre national d’art vocal de Bourgogne-Franche-Comté depuis le début de l’année dernière), pour un concert dédié à trois œuvres rarement entendues : le Begräbnisgesang (Chant de Funérailles) composé par Brahms à 25 ans, la Messe n°2 en mi mineur de Brückner et la Symphonie de Psaumes de Stravinsky. Ces œuvres sont réunies notamment par la spécificité de leur orchestration : l’absence de cordes pour les deux premières, de violons et d’altos pour celle de Stravinsky (qui ajoute deux pianos). Les Métaboles étant d’abord un ensemble vocal, Léo Warynski y associe l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg pour interpréter les œuvres proposées.
Démontrant d’emblée l’amplitude des voix, la largeur du chœur et l’opulence de la palette (aussi bien vocale qu’instrumentale) sont soutenues par la tension dramatique insufflée par la direction de Léo Warynski. De Brückner se dégage la même énergie, le même dynamisme mis au service d’une musique aux composantes stylistiques extrêmement diverses – laissant parfois place à beaucoup de grandiloquence, cependant. Il n’empêche que la souplesse dramatique est là, rehaussant la dimension avant tout « vivante » de la musique.
Le cœur du concert, une fois l’entracte passé, la Symphonie de Psaumes de Stravinsky permet de retrouver la dynamique très structurée, rigoureuse de la direction, très attentive, ainsi que du chœur et de l’orchestre. C’est ici surtout le côté sombre, grave et mystérieux de la symphonie que met en relief, pleinement, Léo Warynski.
Le public remercie les artistes de nombreux applaudissements, et la soirée se conclut dans une aura de mystère... En effet le chef a encore une surprise, pour le bis : une dernière pièce dont il laisse au public le soin de la découvrir, ajoutant qu’elle en rappellera une autre, très connue… mais qu’il ne s’agit pas de celle-là ! Tout le monde y reconnaît en effet le furieux « Dies iræ » du Requiem de Mozart, mais il est clair que ce n’est pas Mozart. C'est sur ce mystère, laissé sans réponse, que le public s’en retourne dans la nuit bourguignonne, songeur.
(il s'agit en fait du Libera me d'Ignaz von Seyfried, composé en 1827 pour les funérailles de Beethoven, inspiré par le Requiem de Mozart.)