Contes Mystiques au Festival de Rocamadour
Il est rare de voir un concert se décliner sur trois dates, à la manière d’un triptyque musical. C’est cette forme originale qu’ont choisie Enguerrand de Hys et son accompagnateur Paul Beynet pour présenter « les Contes Mystiques » (récemment parus sous le label Rocamadour), un cycle de mélodies bien particulier, mis en musique par douze compositeurs et compositrices, sur des poèmes de Stéphan Bordèse inspirés des évangiles apocryphes. Par la même occasion, les deux interprètes donnent à entendre des pièces religieuses méconnues, pour certaines ressorties des archives et donc jamais enregistrées. Le concert du troisième jour « À Marie » fait ainsi la part belle aux Ave Maria, qui constitue une pièce sur deux du programme, avec des œuvres de Gounod, Massenet, Saint-Saëns, Poulenc, mais également Maria Malibran, Guy Ropartz et Théodore Dubois.
Dans ce registre sacré, la sobriété s’impose : peu d’ornementations et de fioritures, pour autant, la voix est mise à rude épreuve par de longues lignes mélodiques qui culminent parfois dans le registre aigu. Heureusement, Enguerrand de Hys a tout le soutien de souffle requis. Son émission est suavement palatisée dans le médium aigu et ronde dans le grave. Sur les notes tenues, le vibrato est agréablement modulé. S’ajoutent à cela une diction limpide et une grande justesse technique, pour une interprétation tout en maîtrise et en élégance.
La résonance de la chapelle sert bien le piano de Paul Beynet, en un tapis sonore chamarré, sans jamais prendre le dessus sur la voix. Le pianiste est sobre et droit, déversant les accords avec une religiosité feutrée. Son jeu est posé mais empli d’une vitalité hypnotique. L’écoute entre les deux musiciens est remarquable, tant sur les ralentissements que sur les nuances. Lors des saluts, l’accompagnateur fait part de sa reconnaissance envers l’équipe du Festival pour lui avoir fourni un piano Parisot parfaitement accordé, et de son plaisir de jouer sur un instrument de cette qualité.
La chapelle n'est qu’à moitié remplie mais elle résonne tout entière des acclamations du public.