Couronnement royal de Haendel à Beaune
Sonnez Trompettes et Percussions
Les pièces de ce concert s’ordonnancent autour de la personnalité complexe du Roi d’Angleterre Georges II (1683-1760), par ailleurs Prince-Electeur du Saint-Empire romain germanique et protecteur de Haendel. Les Coronation Anthems furent ainsi composés expressément par Haendel pour le couronnement du roi Georges II en 1727. Le Dettingen Te Deum qui complète le programme célèbre pour sa part la victoire imprévue de l’Angleterre sur les armées françaises à Dettingen en Bavière en 1743, bataille intervenue dans le cadre de la guerre de Succession d’Autriche.
Hervé Niquet et son Concert Spirituel ne peuvent évidemment disposer des mêmes effectifs superlatifs affichés par Haendel (ou même de ceux plus fournis pour l’enregistrement gravé pour la firme Alpha Classics en 2021). Mais même ainsi, les voûtes de la Basilique Notre-Dame s’emplissent de la fougue et de la direction majestueuse d’Hervé Niquet qui rend ici pleinement hommage à la pompe monarchique. Ce dernier a confié l’ensemble de la partie vocale au chœur en nombre limité du Concert Spirituel. Quelle que soit leur tessiture, les chanteurs se montrent à la hauteur de la tâche et souvent d’excellents virtuoses. Leur cohérence et leur implication, qualités amplement partagés par l’orchestre tout entier et les cuivres tout particulièrement, se hissent vers l'esprit de ce répertoire, qui représente un véritable acte politique visant à glorifier la toute-puissance nouvelle de la Couronne d’Angleterre.
Cette musique flamboyante et luxuriante, d’une folle énergie, s’adresse ainsi avant tout aux sens des auditeurs, suscitant l’émerveillement et l’enthousiasme, dès l’Anthem N°1 "Zadok the Priest" joué lors des cérémonies de couronnement britannique, qui constitue comme un second hymne national (et qui a inspiré très directement ensuite celui de la Ligue des champions de football). L’Anthem n°2 "Let Thy Hand Be Strengthened" apparaît moins brillant en termes de résonance, tandis que l’Anthem N°3 "The King shall rejoice" combine l’ensemble avec tout l’éclat requis compte-tenu du sujet, avant un quatrième et final ("My Heart Is Inditing") plus apaisé de forme se trouvant dédié à la Reine Caroline.
Hervé Niquet et Sa Majesté le Roi Charles III
Hervé Niquet, avec cette verve et ce franc parlé qui le caractérise, se remémore également, une fois encore et pour le public, de ce même concert donné à Londres un mois après le couronnement du Roi Charles III, en présence de ce dernier qui s’est invité en dernière minute. Il s’agissait alors de sa première sortie officielle en tant que monarque couronné. Très admiratif du Dettingen Te Deum, il est venu saluer le chef et ses musiciens à l’issue de la soirée, tout en précisant avec humour à Hervé Niquet et selon lui : « Heureusement, vous les français conduisez plus vite que les anglais » (une remarque en souvenir des dimensions et du train protocolaire de sa cérémonie, peut-être...).
À Beaune, la soirée de fait ne pouvait se conclure, pour le plus grand plaisir de l'assistance, qu’avec une interprétation vibrante du God Save the King : tandis que la délégation olympique britannique (et toutes les autres) défilaient sur la Seine et que La Marseillaise résonnait à Paris.