Les Étoiles des comédies musicales sous le ciel de Saint-Germain-en-Laye
Les spectateurs familiaux s’installent et font silence, laissant tinter le clocher de l’église avant la présentation par Johan Farjot, pianiste et arrangeur de ce programme parcourant de grandes pages de la comédie-musicale Made in the USA (et par Michel Legrand), à "New York, New York" entre Les Moulins de mon cœur et quelques gouttes de pluie ("I’m Singin' in the Rain”) portant évidemment vers des arcs-en-ciel ("Somewhere Over the Rainbow").
Le concert et le voyage peuvent ainsi commencer, depuis ce Domaine national du Château de Saint-Germain-en-Laye, avec ses jardins en arrière-plan de la scène. Le son bien amplifié demeure très clair pour cette prestation en extérieur. Le mixage sonore est net et respectueux des équilibres et des lignes de force.
Marie Oppert fait un cas de chaque note déclamée, de chaque regard vers le public, sans oublier un jeu scénique très fluide (pour la jeune pensionnaire de la Comédie-Française qui s'ouvre décidément à la musique). Sa voix semble douce au premier abord avec un timbre chaud et délicat, mais très minutieux, contrastant avec la puissance et l’énergie qu’elle dégage des chansons plus rythmées. Elle emploie et adapte sa tessiture légère avec une technique agile.
Julie Saury à la batterie captive l'assistance par des solos courts mais efficaces, aux rythmiques très jazzy. Alix Merckx empoigne sa contrebasse avec force pour mener l’harmonie, offrant une assise solide à l’ensemble tout en réalisant des solos très originaux, notamment pour le “Smile” des Temps modernes de Charlie Chaplin.
Au saxophone, Jeanne Michard n'est pas en reste du côté de l'originalité des solos jazzy, auxquels elle sait donner une grande expressivité, y compris par des tons rudes ou bien plus déliés (toujours adaptés aux textes).
Johan Farjot dirige l’ensemble tout en jouant du piano, guidant le reste des musiciens avec un style décontracté et souple, tout en maintenant la rigueur de la performance.
Le Directeur artistique du Festival, Thomas Lefort est même présent avec son violon, offrant en soliste une justesse impeccable, tout en ajoutant des ornements complexes et audacieux.
Le quatuor à cordes (Elsa Moatti, Simon Grimoin, Marie Ducroux et Marie-Cécile Jean) enrichit le tout d'une manière sobre et discrète, offrant un son compact et homogène, avant de se déployer davantage pour West Side Story.
La performance est tellement appréciée par le public que certains regrettent sa courte durée (1 heure), témoignant de combien un tel voyage peut passer vite... Les spectateurs s'en retournent chantant et pas sous la pluie, sans besoin donc de parapluie de Cherbourg ou d'ailleurs.