God Save The King au Midsummer Festival
Pour le bouquet final de sa 14ème édition, le Midsummer Festival du Centre culturel de l'Entente cordiale du Château d'Hardelot rend un vibrant hommage au majestueux compositeur anglais d'adoption, Haendel. À peine plus d'un an après sa prestation remarquée devant le roi Charles III, Hervé Niquet et son Concert Spirituel offrent au public du Pas-de-Calais le privilège de savourer les impressionnants Coronation Anthems dans l'écrin acoustique à la fois intime et exigeant du théâtre élisabéthain du domaine.
Composés pour le couronnement de George II, ces hymnes sont précédés du Dettingen Te Deum, célébrant la victoire de l'Angleterre sur la France en 1743. D'hier à aujourd'hui, ces œuvres soulèvent l'enthousiasme du public, galvanisé par l'interprétation passionnée et fougueuse des musiciens sous la direction de leur charismatique chef.
Présentant son programme avec délectation et esprit, en relatant sa rencontre avec le roi d'Angleterre, Hervé Niquet tisse d'emblée un lien privilégié avec son auditoire, alliant sympathie et captation immédiate de l'attention. Il invite ainsi à une immersion dans son univers musical, où le respect scrupuleux de la musique baroque se marie à l'exubérance spectaculaire de son interprétation. Par sa gestuelle si caractéristique, mêlant l'amplitude des avant-bras à la précision des coudes, alliant souplesse et nervosité dans un équilibre parfait, le chef d'orchestre insuffle et maintient l'ardeur de ses musiciens et choristes. Bien que l'effectif soit drastiquement réduit par rapport aux créations originales de Haendel, orchestre et chœur parviennent à créer de véritables effets de masse, restituant toute la puissance de ces œuvres conçues pour impressionner.
La maîtrise et l'assurance des choristes et des pupitres maintiennent l'équilibre. Loin de se cantonner à la majesté, le chœur sait aussi se faire doux, voire suppliant, avant d'exploser dans l'exultation magnifiée par l'éclat des trois trompettes naturelles. Les quatre hymnes du couronnement témoignent de cette même constance d'énergie, suscitant chez le chef un vif « Wow ! » venu souligner la fin éblouissante de l'un d'entre eux.
Le public, comblé et enthousiaste, ne tarit pas d'éloges, semblant partager le « bravi tutti » du maestro. Cédant aux rappels insistants, l'ensemble offre en bis une pièce d'origine bien française : Grand Dieu, sauve le Roi de Lully, interprété bien sûr dans sa version anglaise ! Un clin d'œil final à l'Entente cordiale. « Et voilà ! », comme dirait Hervé Niquet, concluant ainsi sur une note d'union franco-britannique aussi inattendue que réjouissante.