Haendel en-chanteur au Midsummer Festival
Le soleil ayant fait son grand retour après le solstice d'été, les beaux jours s'épanouissent enfin, et rayonnent au Midsummer Festival, événement musical phare du Centre culturel de l'Entente cordiale au Château d'Hardelot (dans le Pas-de-Calais). Haendel, figure incontournable de la musique anglaise et du franchissement artistique de la Manche, est à l'honneur de ce concert ouvrant le second et ultime week-end du festival.
Ce programme, riche et varié, met en lumière des airs d'opéras parmi ses plus beaux ainsi que des œuvres de ses talentueux contemporains tels que Porpora et Vivaldi : un alliage de virtuosité et de passions.
Christophe Dumaux ouvre le concert, faisant résonner sa voix agile et précise. Privilégiant la sensibilité à la pure démonstration technique, il déploie néanmoins un souffle long et maîtrisé, au service de la virtuosité. Au-delà de sa présence scénique et vocale indéniable, son timbre offre la chaleur de ses graves, la matité de ses médiums et la vaillance de ses aigus, le tout dans l'équilibre. Sa complicité discrète mais palpable avec Thibault Noally s'exprime pleinement lorsque ce dernier fait écho à ses vocalises gazouillantes dans "Se in fiorito ameno prato" (Si dans une agréable prairie fleurie) du Giulio Cesare de Haendel.
Lauranne Oliva adopte une approche plus sage, parfois moins présente, se mettant néanmoins au service d'une certaine fragilité touchante. La rondeur de son timbre alterne avec la clarté de son registre aigu, parfois de manière légèrement inconstante, mais avec des nuances piano suspendus, d'une grande finesse. Elle démontre également une agilité certaine, qu'elle déploie avec allégresse.
Thibault Noally offre des moments de respiration purement instrumentale avec deux concertos pour violon de Vivaldi qu'il interprète avec aisance et naturel, évitant les artifices et les contrastes gratuits. Les musiciens de l'ensemble Les Accents font preuve d'une énergie communicative, s'adaptant avec finesse à l'acoustique aussi appréciable qu'exigeante du théâtre élisabéthain. Cet écrin de bois, enveloppant les musiciens, permet aux auditeurs de goûter à une intimité et une qualité d'écoute privilégiées. L'ensemble s'acclimate rapidement à l'acoustique particulière de la salle, comme en témoigne la Sinfonia de Rinaldo qui ouvre le programme : les timbres, d'abord un peu secs, gagnent promptement en rondeur, notamment grâce à la qualité des instrumentistes du continuo.
Le public du festival, conquis, ne cache pas son enthousiasme et son admiration, multipliant les bravi. L'ovation redouble après un très délicat « Quando corpus morietur » du Stabat Mater de Pergolèse et le duo « Caro! Bella! » de Giulio Cesare offerts en bis, concluant ainsi cette soirée sous le signe de l'enchantement musical.