Voyage voyages avec Les Traversées Baroques au Festival de musique du Haut-Jura
Surplombant la vallée de la Bienne, la Chapelle romane de Saint-Romain accueille un nouveau concert du Festival de musique du Haut-Jura. En cette 39ème édition, le Festival invite trois solistes de l’ensemble dijonnais Les Traversées Baroques à partager un voyage au cœur de leur passion : les musiques du XVIIe siècle à travers les pays d’Europe (et au-delà). C’est ainsi que le public, venu nombreux en ce petit mais charmant lieu accessible après un petit quart d’heure de marche, découvre avec émerveillement des madrigaux d’Angleterre de Thomas Morley comme des chants sacrés d’Italie, et surtout des madrigaux de Claudio Monteverdi, ou encore un villancico composé dans une chapelle musicale de Lima, au Pérou, par Juan de Araujo.
Présenté et mené par la cornettiste Judith Pacquier, le trio montre une complicité efficace et assez équilibrée malgré les conditions toutes particulières de ce lieu si intime : la lumière manque et l’acoustique se montre relativement exigeante avec une once seulement de réverbération. L’auditeur peut toutefois ainsi savourer le grand soin d’interprétation des musiciens. Faisant entendre le timbre tendre et claironnant du cornet à bouquin (dans des intentions le rapprochant de la voix humaine), Judith Pacquier démontre une éloquence maîtrisée et douce, parfois manquant d’un brin de la folie qui offrirait l’ultime touche de surprise.
La chanteuse tchèque Dagmar Šašková charme par sa voix et sa présence, souriantes et lumineuses. Montrant une très forte attention envers la justesse et à la maîtrise de son soutien, elle déploie des lignes souples et d’une expressivité dosée avec subtilité. Son vibrato est uniquement employé comme un ornement frémissant. Sa voix trahit à de rares moments quelques fragilités passagères ou fatigues avec quelques trébuchements, mais les timbres avec les instruments se marient avec équilibre et complémentarité.
Le claveciniste Laurent Stewart s'affirme comme un soutien sûr et efficace, maintenant des tempi qui avancent sans jamais céder à une exubérance qui serait anachronique. Son toucher pourrait toutefois offrir davantage de souffle et moins de sagesse (quoiqu'il soit impeccable techniquement).
Une interprétation vivante et même malicieuse du Io son pur vezzosetta pastorella de Monteverdi est offerte par le trio en bis, remerciant ainsi chaleureusement l'auditoire profondément conquis.