Les Vêpres à la Vierge de Monteverdi au Printemps des Arts Florissants
Ce soir, l’église Notre-Dame de la ville vendéenne de Fontenay-le-Comte est habitée par la musique de Monteverdi. Y résonnent les Vêpres à la Vierge, reprises par Les Arts Florissants et Paul Agnew dont la volonté est de rester le plus fidèle possible à la partition d’origine – un véritable défi, notamment dû au caractère éclectique d’une musique que le chef présente comme, peut-être, « une sorte de curriculum vitæ » où Monteverdi fait l’étalage de toutes les techniques qu’il maîtrise et de son talent. Un défi, loin d’effrayer les interprètes cependant.
Paul Agnew donne d’entrée de la voix, tout en dirigeant l’ensemble avec à la fois netteté et vivacité, insistant sur l’importance de donner corps à la musique, de la rendre vivante. Il en est de même pour le chant, à la fois robuste et dégagé, puissant et porté par un timbre chaleureux. Mais c’est surtout son enthousiasme et sa passion musicale qui impressionnent le spectateur.
Parmi les solistes se distingue également le ténor Nicholas Scott, qui partage plusieurs duos avec Agnew. Les deux voix se marient pleinement, du fait de la proximité des timbres, à la fois clairs et ombragés. La souplesse est également présente, et permet de mettre en relief le chant de ce second, dans les polyphonies aussi bien que dans les solos ou duos.
La soprano Miriam Allan est également remarquée, d’abord dans la joie de chanter cette œuvre, lisible sur son visage toujours souriant. La voix, quant à elle, est portée avec vigueur et émotion, dégageant une ligne de chant nette et dessinée pour un timbre lumineux. Elle forme notamment un duo avec la soprano Violaine Le Chenadec, qui présente un timbre similaire et un chant tracé d’une ligne claire, quoique la voix soit plus soutenue.
De manière générale, l’ensemble vocal se caractérise à la fois par son équilibre dans une musique aussi dense, et son dynamisme dans les rebondissements d’une voix à l’autre. Le public note également la connexion des interprètes entre eux, qui participe, elle aussi, à la vivacité des mouvements et contribue à créer cet effet d’énergie. De surcroît, un jeu de dialogues qui se répondent du chœur à la tribune de l’orgue (dans le Audi cælum, verba mea) montre le travail fait d’adaptation à l’espace de l’église.
L’orchestre n’est pas en reste, participant à ce déploiement de vigueur, notamment dans la clarté des vents et le travail d’application, d’attention et de précision des violons.
À peine la dernière note est-elle tombée que le public, qui s’est retenu jusque-là du moindre bruit, éclate dans un tonnerre d’applaudissements qui se transforment en une standing ovation – ainsi se conclut cette soirée où la musique aura conquis (tout) le monde.
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