Sacrés et Florissants Madrigaux de Monteverdi en Vendée
Après deux jours de concerts, le Festival de Printemps se clôt, en l'église de Sainte-Hermine, sur les Madrigaux (pièces vocales) sacrés de Monteverdi, pieuse adaptation supplantant les textes initiaux par des textes sacrés – procédé dénommé contrafacta. Certes, remarque Paul Agnew, la musique de Monteverdi est centrée autour du texte, qui est le principal enjeu, mais les contrafacta de ses madrigaux (notamment signés Aquilino Coppini) visent à respecter le sentiment du texte original pour s’adapter à la musique. C’est un échantillon de ces madrigaux que Paul Agnew et les solistes des Arts Florissants, parfois accompagnés à l’orgue par Florian Carré, proposent d’interpréter ce soir. Le programme est d’ailleurs entrecoupé de pièces pour orgues, dont deux toccatas de Frescobaldi.
Sans se départir de son enthousiasme habituel, Paul Agnew s’engage également avec aisance dans le chant, de sa voix claire et chaleureuse, tout en dirigeant les autres chanteurs avec vivacité et précision. Les madrigaux sont chantés a cappella (comme de tradition) pour la plupart et l’acoustique des lieux permet de mettre en relief chacune des voix.
De cet ensemble polyphonique résonnent les sopranos de Miriam Allan et Ellen Giacone, la première proposant un chant bien dessiné, vif et auréolé par la gaieté qui se dégage de la chanteuse. La seconde se distingue par une belle ligne mélodique et un timbre aux aigus cristallins. Quant à la contralto Mélodie Ruvio, elle déploie un chant bien équilibré et soutenu, aux couleurs contrastées. Le ténor Nicholas Scott, de son côté, fait montre d’un timbre ombragé et d’un chant entièrement tenu, structuré et très souple. La basse d’Edward Grint présente une voix dégagée, un chant plutôt net aux couleurs tirant vers le sombre.
Les voix se répondent toutes avec beaucoup de justesse et de rigueur, nécessaire dans l’équilibre polyphonique, sans pour autant sacrifier le dynamisme et surtout, l’émotion transmise au public.
Florian Carré, à l’orgue, donne également de la voix dans sa dernière pièce, entrecoupée d’invocation à la Vierge (« Sancta Maria », appelle-t-il), d’un timbre plutôt clair et d’une voix posée. Son jeu se caractérise par une certaine lumière, mise en relief par une forme de douceur bienveillante, ou bienheureuse, qui s’en dégage.
Le public est conquis par l’osmose musicale rendue par les artistes et c’est avec moult applaudissements qu’il les remercie à la fin (Paul Agnew s’étant d’ailleurs, au préalable, assuré qu’il n’y ait aucun applaudissement entre chaque pièce). Sur ces madrigaux sacrés se conclut ce week-end consacré à Monteverdi et le Festival de Printemps des Arts Florissants, assurément.
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