Le Printemps est de retour avec Monteverdi chez Les Arts Florissants
Entre deux représentations de Médée à l’Opéra Garnier, William Christie retrouve, le temps d’une soirée, ses terres vendéennes pour faire jouer Monteverdi.
Le Festival de Printemps des Arts Florissants étant, cette année, consacré à la musique sacrée du compositeur italien, ce sont des pièces issues de son recueil “Selva morale et spirituale” (Forêt Morale et Spirituelle) qui ouvrent le week-end. Dans cet échantillon de psaumes, madrigaux et même une canzonetta, retransposée dans un contexte religieux, s’intercalent également, entre les pièces chantées de Monteverdi, deux sonates des compositeurs Dario Castello et Giovanni Battista Fontana.
Entouré de six chanteurs et d’un ensemble de cinq instruments, William Christie (lui-même installé à l’orgue) mène avec rythme et précision la musique, insistant à la fois sur la vibrance, l’ordre et la netteté de l’interprétation tout en maintenant sa fluidité et son harmonie. Seul le cri soudain d’un enfant dans le public vient interrompre, une seconde, sa concentration à la fin de l’Amen du « Iste confessor ».
William Christie n’est ce soir pas le seul à faire l’aller-retour depuis Paris, puisque les sopranos Julie Roset et Ana Vieira Leite participent elles aussi à Médée. Ce soir, cependant, c’est à Monteverdi qu’elles se consacrent. Julie Roset (fraîchement couronnée au prestigieux Concours Operalia) fait montre d’une voix chaude, souple, brillante et riche en nuances dans un chant dessiné qui trace avec aisance la musique. Lui répond Ana Vieira Leite, dont le chant est plus soutenu, et joliment mis en valeur dans le « Pianto della Madonna », souligné à la fois par les couleurs de la voix et le travail d’expressivité dans l’interprétation du texte. Toutes deux forment un duo qui se répond avec naturel, notamment du fait de la connexion entre les deux chanteuses.
Les interprètes masculins ne sont pas en reste, et notamment le « Salve Regina » des ténors James Way et Bastien Rimondi (lui aussi engagé pour Médée), à la fois sévère et particulièrement dramatique. Le premier présente une voix claire, bien équilibrée et de bonne tenue, et le second une voix plus ample au timbre riche, penchant notamment vers de beaux graves.
La basse de Cyril Costanzo n’est pas non plus en reste, du fait de l’imposante présence d’un timbre caverneux, pour un chant bien souligné et travaillé. Enfin, la contralto Mélodie Ruvio montre une voix souple et plutôt ronde, avec un timbre en clair-obscur.
Les instrumentistes ne sont toujours pas en reste eux non plus, notamment dans les deux sonates de Castello et Fontana alliant à la fois la tension et l’expressivité dans l’interprétation. Pendant ce temps la nuit s’est levée, transformant petit à petit la lumière de l’église et participant ainsi à l’impression mystérieuse de la musique.
Le concert s’achève, et le public, avec plaisir, remercie les interprètes d’applaudissements vigoureux, ravi de cette immersion dans la forêt musicale Monteverdienne.
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