Récital de Lisette Oropesa et Benjamin Bernheim, tout s’accorde au TCE
Il devient rare qu’un théâtre affiche désormais complet pour un récital de chant. La jeunesse radieuse et la notoriété maintenant bien ancrée de Lisette Oropesa et de Benjamin Bernheim ont permis de franchir cet écueil au Théâtre des Champs-Élysées en attirant un public manifestement acquis à leur cause et se réjouissant, d’emblée et de part en part, du bonheur d’entendre deux grandes voix pleines, saines et radieuses, alliant une entière maîtrise technique à une musicalité sans faille.
La soirée propose un programme en deux parties, italienne puis française, offrant autant d'occasions de solos et de duos, dans les différents caractères pleinement déployés par les deux artistes : jouant aussi bien le jeu de l'amour et de l’humour, avec une certaine décontraction apparente pour interpréter le duo Adina/Nemorino de L'Élixir d'amour de Donizetti particulièrement bien enlevé, que l'art de la séduction entre le Duc de Mantoue et Gilda dans Rigoletto, avec toute la dualité d'une séduction feinte d'une part, sincère de l'autre.
Dès son premier air (Mario Cavaradossi - Tosca de Puccini), Benjamin Bernheim développe l'italianité de son chant qui ne cesse de s’affirmer, conférant à son timbre une dimension nettement plus solaire. Son souci du legato, de l'élégance, de la ligne exacte et des plus subtiles nuances s'expriment également en français, en Roméo et en Pêcheur de Perle, jusqu'au mezzo-voce comme sur un souffle suspendu (recevant la légitime ovation du public).
Lisette Oropesa démontre sa maîtrise, avec subtilité, du répertoire italien, notamment dans la virtuosité et l'ornementation, parée en sus de trilles enivrants. Le répertoire français (Marguerite, Isabelle) reprend et épanouit ces couleurs, dans une gradation des sentiments et des demi-teintes rayonnantes de transparence. Seuls un aigu un peu bas et deux autres un rien difficiles viennent assombrir un peu sa prestation, bien vite rattrapée avec la capiteuse grande scène de Saint-Sulpice.
✨Soirée magique avec @Lisette_Oropesa, @ben_bernheim et la @accademiascala dirigée par Marco Armiliato pic.twitter.com/dRmsGyPM4y
— Théâtre des Champs-Elysées (@TCEOPERA) 27 avril 2024
À la tête de l’Orchestre de l’Académie du Théâtre de La Scala de Milan, constitué très majoritairement de jeunes musiciens déjà bien solides, Marco Armiliato se plie avec beaucoup d’à propos aux exigences spécifiques de chaque répertoire, que ce soit dans l’accompagnement proprement dit des airs et duos ou des pages instrumentales intégrées au programme. La Sinfonia d’I Masnadieri permet ainsi de découvrir le violoncelliste italien solo Andrea Cavalazzi, au son profond et d’une grande intensité expressive.
En bis, les deux artistes lyriques abordent la fin du premier acte de La Bohème de Puccini de façon luxueuse et lumineuse, le tout se concluant sur un contre-ut électrique émis en complète harmonie.
Le succès est bien entendu au rendez-vous avec le plaisir décuplé d’applaudir chaleureusement deux artistes au meilleur de leur art.
Quelle joie !! Les voix radieuses de beauté de @ben_bernheim & @Lisette_Oropesa ce soir au @TCEOPERA Deux ineffables moments au cœur de cette soirée : la Romance de Nadir par Benjamin Bernheim & la prière dIsabelle de Robert le Diable par Lisette Oropesa pic.twitter.com/DeeGaKGSyx
— Stéphane Grant (@stephanegrant) 26 avril 2024