Le Festival CLÀSSICAND fait à nouveau vibrer l'Andorre
Andorre a bien des lieux à faire découvrir et des histoires à raconter, entre nature et culture. Alors le local de l’étape et directeur artistique de la manifestation, Joan Anton Rechi, soutenu par les forces vives de cet État au carrefour des cultures franco-espagnoles, a décidé de monter l’année dernière un nouveau Festival, réunissant les arts et faisant vibrer les lieux, comme il nous le raconte : « J'ai souhaité proposer un programme varié, ouvert aux époques, aux esthétiques, aux arts. Musique, danse, théâtre sont réunis, pour attirer un maximum de spectateurs et de visiteurs à un maximum de propositions. Moi-même en tant que spectateur et habitué des festivals, j'aime avoir ainsi la possibilité de découvrir des œuvres et des esthétiques, j’aime vibrer face à l'inattendu.
Nous avons donc conçu chaque proposition de ce Festival comme un petit bijou, faisant partie d’une parure complète, et présenté, chacun, dans l'écrin d’un lieu unique, entouré de nature et de culture : c’est cela Andorre ! Nous avons la chance d’être dans un lieu unique et exceptionnel avec la rencontre de la nature et de la culture, des monuments, du patrimoine : c’est donc en immersion dans ces lieux que nous proposons ce parcours à travers l'histoire de la musique, des arts, de la culture : invitant le public à vivre des expériences inédites.
C’est dans cet esprit que nous avons lancé cette folle aventure l’année dernière pour la première édition, suscitant déjà le grand enthousiasme de tous les participants : nous avons présenté le travail d'une compagnie de danse fantastique (Vertigo), un ciné-concert Jurassic Park, un récital d’Anita Rachvelishvili, le Stabat Mater de Pergolèse... et cet enthousiasme a tout de suite atteint le public. Tout le monde était alors impatient de voir la seconde édition et nous continuons ainsi de grandir. »
Voici donc venu le temps de la deuxième édition et en voici les rendez-vous (Joan Anton Rechi, en poursuit pour nous les présentations, rejoint pour cet article par des artistes en guest-stars qui ont répondu à nos questions et d’avance à leur venue enthousiaste en Andorre) :
PASIÓN ALMODÓVAR par Pasión Vega le 25 mai 2024 dans les Jardins de Ràdio Andorra
« Je voulais ouvrir le Festival avec une proposition populaire (toujours dans la qualité), montrant que nous sommes ouverts à toutes les esthétiques et les générations.
Je suis un grand admirateur de Pedro Almodovar et ce concert proposera ainsi un grand voyage sentimental, à travers les musiques de ses films, marquants. D'autant qu'Almodovar est un réalisateur très populaire aussi bien en Espagne qu'en France.
La Passion musicale d'Almodovar sera incarnée et interprétée par la chanteuse prénommée Pasión (Pasión Vega), proche de l’univers flamenco et de la chanson espagnole. C'est un projet unique, inédit, que nous lui avons proposé et demandé spécifiquement pour notre Festival (et elle a tout de suite été emballée par l'idée). Ce sera ainsi une proposition exclusive, une raison de plus pour venir en Andorre !
Avec Moisés P. Sánchez (qui signe et dirige les arrangements musicaux), ils ont choisi 17 chansons tirées des films d'Almodovar, avec des tubes comme Piensa en mí, Un año de amor, mais aussi Ne me quitte pas (qu'Almodovar a intégré dans l'un de ses premiers films) et en allant jusqu'à Volver. Ce sera donc un mélange très intéressant, qui donnera comme une image sonore de toute sa filmographie. Les musiciens réunis (jouant piano, batterie, violoncelle, contrebasse) permettront en outre d'aller dans des univers jazzy, de proposer des versions originales et passionnées.
Nous monterons aussi un petit décor dans les jardins : une scénographie qui sera très almodovarienne, inspirée de son esthétique. Pour ce festival, chaque concert est plus qu’un concert : c’est un événement, un petit bijou, un petit univers. Tout est spectacle.
Et outre les dimensions scénographiées des spectacles, ce premier rendez-vous ouvre aussi un fil rouge de cette édition, qui est celui du Cinéma (et du lien puissant qu'entretiennent la musique et les images). Nous retrouverons cet univers, dans le concert des sœurs Labèque, avec Lambert Wilson, comme pour le ciné-concert également bien entendu. C’est un lien important, éloquent et qui parle aussi au public (moi-même, lorsque je mets en scène des opéras, je m'inspire beaucoup de l'univers et de références cinématographiques : c'est un art qui a marqué toutes nos générations, il est donc aussi une porte d'entrée pour les spectateurs).
Enfin, un autre élément qui relie tous les concerts et qui les transforme en moment spectaculaire, ce sont les lieux où nous les proposons. Pour ce PASIÓN ALMODÓVAR, il s’agit donc des jardins de la Radio d'Andorre, qui sont au milieu des montagnes et feront comme l’année dernière leur plein effet ! »
Il trionfo del tempo e del disinganno de G. F. Händel le 31 mai, Place du Consell
« Dès cette deuxième année, nous proposons un oratorio, mis en scène, en plein air, Place du Consell à Andorre-la-Vieille. Nous préparons d’ailleurs déjà la troisième édition (il faut s’y prendre bien à l’avance pour engager les artistes prestigieux qui ont un calendrier bien rempli) et je continue bien entendu de viser à présenter de grandes propositions lyriques, d’opéras mis en scène, et naturellement situés dans la scénographie aussi de cette nature, de ces fantastiques paysages : tout cela fait partie de nos perspectives d'agrandissement naturel. »
Le contre-ténor Xavier Sabata qui incarnera Il Disinganno (la Désillusion) dans cette production, nous présente ses liens avec ce Festival et son Directeur, ce lieu, cette région, et cette production (lui aussi dans un français remarquable) : « Je suis né non loin d'Andorre, dans un petit village très proche des Pyrénées catalanes. Déjà lorsque j'étais enfant, Andorre représentait la connexion vers la France. À ce titre, cette principauté était presque plus importante pour nous que Barcelone. Je suis ainsi connecté, très naturellement avec Andorre. J'y suis souvent allé, je me sens très proche d'Andorre et de ses habitants, nous avons la même langue (catalane), beaucoup d'entre eux voyagent et donnent envie de découvrir aussi ce lieu magique d'où ils viennent. Je me sens chez eux comme chez moi, et réciproquement. J'aime beaucoup ce petit pays, car j'aime la culture, la montagne et la tranquillité réunies. Je trouve donc d'autant plus enthousiasmant qu'il y ait depuis l'année dernière ce Festival : il contribue à montrer la vitalité de la culture à Andorre (qui dispose d'un orchestre, d'une salle de concert, de lieux culturels et d’un patrimoine remarquable).
Avant d'être chanteur lyrique, j'étais comédien, je viens du monde du théâtre : c'est ainsi que j'ai rencontré Joan Anton Rechi, qui était lui aussi comédien, à Barcelone (nous avons d'ailleurs étudié dans la même école de théâtre et il a été l'assistant de Calixto Bieito avec qui j'ai également travaillé). Nous avons eu l'opportunité de faire The Fairy Queen de Purcell à Peralada il y a deux ans. C'était merveilleux car Joan Anton a une imagination incroyable : il apporte son inventivité, sa fraîcheur qui fonctionne merveilleusement pour un festival estival. Il a une vision précise, une poésie esthétique et un humour très fin, ce qui tisse des liens forts avec les interprètes et les spectateurs. Il a le talent de rendre les choses évidentes et aisées.
Il fait ainsi une carrière internationale de metteur en scène, et en tant que Directeur artistique de ce Festival, il ouvre ainsi ce petit pays à la dimension culturelle globale. Et nous nous retrouvons ainsi, chez lui, avec les habitants, les touristes, pour ce spectacle produit à Andorre : nous allons travailler et répéter sur place (la mise en scène, la musique, ensemble). J'en suis ravi et impatient car cela permet de s'imprégner des lieux (j'aurais peut-être même le temps de profiter de la nature et je compte bien aller dans le magnifique Spa).
J’incarnerai donc l’allégorie de la Désillusion, un pur rôle de composition, mais un rôle que j'aime beaucoup. Il est parfait pour ma voix car il n'est pas très aigu (plutôt dans le médium et le grave), tout en étant très exigeant sur le plan du phrasé : presque tous les airs (qui sont autant de perles) sont lents, d'une ligne vocale épurée. C'est à l'image de ce rôle et de son caractère, rationnel et posément distant. Les personnages de cette œuvre sont des allégories, mais toutes les questions morales posées par l'oratorio sont éminemment humaines : il est ainsi très aisé de les incarner et l'oratorio s'approche ainsi au plus près d'un opéra (d'où la richesse de mettre en scène l'oratorio). Tout le matériau textuel et musical de cet oratorio est théâtral, donc opératique, et une mise en scène permet de rapprocher toujours cette œuvre de notre temps, de nos enjeux, de nous (une telle mise en scène peut aider à rapprocher le public de l'œuvre et vice-versa).
Cette production est ainsi la suite d’un parcours partagé, avec un compositeur, un lieu et des artistes. Il s’agira de retrouvailles fascinantes également avec Dani Espasa qui dirigera la production. Nous avons eu ensemble comme des vies parallèles. Déjà, avec lui aussi, il y a 30 ans, nous nous sommes trouvés dans le monde du théâtre, il jouait du piano et faisait de la comédie-musicale… et dans le même temps que je m’orientais vers la musique baroque, lui commençait à étudier le clavecin. Notre collaboration, avec Dani Espasa et son Orchestre baroque Vespres d’Arnadí, a donc été immédiate. Nous comprenons la musique de la même manière, et, tout en ayant des idées très claires, il est très ouvert aux échanges avec les interprètes. Il sait emprunter et valoriser la voix et même le chemin artistique de chaque artiste. Très concrètement aussi, il respire et avec les chanteurs, et avec son orchestre magnifique.
Le résultat est à la fois flamboyant et dans l'humilité, expressif et précis, théâtralement engagé et méticuleux dans l'exécution : c'est toujours surprenant et authentique.
Enfin, je connais l'endroit précis où sera donné l'opéra. Chanter ici, ainsi, à ciel ouvert, offre comme une scénographie naturelle, avec l’énergie d’un très bel endroit, chargé d’histoire, à l’image de cette musique incroyable. »
Trilogie Cocteau / Philip Glass par Katia et Marielle Labèque le 1er juin à l'Auditorium national d'Andorre
C’est désormais la célèbre pianiste Katia Labèque qui prend la parole pour nous présenter son programme (qu’elle interprète bien évidemment avec sa sœur Marielle Labèque) et leur lien au lieu : « Nous avons joué il y a très longtemps à Andorre avec la cantaora espagnole Mayte Martin pour un programme De fuego y de agua, ce qui résonne aussi avec le lieu, sa nature.
Nous ne connaissions pas ce très bel endroit, et nous étions ravies de le découvrir. Aller jouer dans un tel lieu, sortant des sentiers battus, est une initiative importante, une expérience très intéressante et nous sommes très heureuses d'y retourner. Le concert avait d’ailleurs lieu dans la même salle de l'Auditorium National. J'en ai un très bon souvenir même s'il remonte à une dizaine d'années.
Nous sommes ainsi très heureuses d’y apporter, d’y faire aussi voyager le programme que nous a offert Philip Glass : c’est lui qui a eu l’idée de nous offrir sa partition des Enfants terribles pour deux pianos. Après l'avoir enregistrée, nous avons eu envie de développer ce projet en interprétant toute la trilogie musicale qu’il a composée sur l’œuvre et les films de Cocteau (avec Orphée, La Belle et la Bête, et Les Enfants terribles).
Cette musique est indescriptible avec des mots, il faut en faire l'expérience comme auditeur et comme interprète. C'est une musique magnifique d'un des plus grands (si ce n'est le plus grand) des compositeurs vivants, et peut-être le dernier grand compositeur romantique : sa musique est mélodique et rythmique. Elle nous plaît, elle nous convient, et je suis très fière d'avoir ajouté au répertoire du deux pianos ces magnifiques pièces. Magnifiques aussi car elles sont très différentes : Orphée est beaucoup plus intime (Philip l'a écrite après la mort de sa femme), La Belle et la Bête est une grande pièce de piano romantique avec ce langage désormais rare et précieux, quant aux Enfants terribles, il est reconnu comme un chef-d'œuvre du répertoire, l'une des pièces les plus importantes du deux-pianos.
La qualité de la musique, de ses mélodies, de l'enchaînement des pièces, des images qu'elle représente permet de voir (de visualiser en imaginaire ou en bien réel) les films de Cocteau. Voir ces films pour la première fois, pour nous adolescentes, ce fut un choc esthétique avec lequel nous avons grandi (et nous les avons re-regardés, ensemble et séparément, de nouveau aussi avant de faire cette trilogie : toutes les images et les souvenirs reviennent alors à l'esprit). C'est de l'artisanat esthétique (sans aucun digital : les bras des chandeliers sont vraiment des bras humains). Son utilisation de la lumière et de l'ombre est également magnifique et se retrouve dans toute la beauté de cette musique.
Et c’est un spectacle que nous apportons, avec cette musique et cet univers, à Andorre : un spectacle plein et entier, dans la conception artistique de Cyril Teste (l’un de nos grands metteurs en scène qui travaille à travers le monde), avec la scénographe Nina Chalot (et ce lustre qui fait toute la lumière, du début à la fin). La production est impressionnante et très marquante.
Nous jouons ainsi la musique de Philip Glass, nous la jouons depuis des années et nous continuons évidemment, à jouer les études, les quatre mouvements, son Concerto (pour deux pianos et orchestre qu'il a écrit pour nous). Nous continuons d'échanger avec lui. »
Star Wars & les Bandes-Sonores Originales de John Williams par le Franz Schubert Filharmonia le 2 juin, Parking de Santa Coloma
Toujours en lien avec le fil rouge cinématographique, toujours en proposant de grands spectacles qui font aussi découvrir les lieux emblématiques et patrimoniaux d’Andorre, le Festival CLÀSSICAND propose même un événement… sur un parking, mais qui devient un lieu de spectacle, et qui est même en soi un décor, comme l’explique le Directeur Joan Anton Rechi : « C'est un parking fantastique à côté de l'une des plus anciennes églises romanes d'Andorre. Les spectateurs verront le spectacle et à côté ce lieu d'exception, ce sera même une expérience un peu mystique. » Comme quoi, même les galaxies loin, très loin, sont accessibles depuis un parking, grâce à la magie de la musique et des images.
Forbidden Fruit (récital) par Benjamin Appl le 3 juin, Casa de la Vall
La programmation accueillera également le format plus traditionnel du récital piano-voix, mais là encore avec une thématique bien définie : des mélodies venues du Jardin d’Eden et croquant dans le fruit défendu, défendues par le baryton Benjamin Appl avec James Baillieu au piano. Comme le justifie le Directeur artistique, « il s’agit du concert qui n’est pas inclus dans la formule abonnement, car l’endroit où il se tiendra à une jauge réduite à 75 places (d’ailleurs tous les billets pour ce concert ont déjà été vendus). Il s'agit de la Casa de la Vall (notre ancien parlement, notre plus important bâtiment historique).
L’abonnement permet toutefois de profiter de 5 spectacles pour seulement 120 euros (et les spectacles à l’unité sont à 30 euros, sans oublier les événements gratuits). Ces tarifs sont faits pour nous faire connaître, donner envie de venir, et donner envie aux spectateurs de se laisser tenter, de découvrir des propositions inattendues, de risquer d'aimer. C'est fantastique de partir ainsi à la découverte. »
On the Nature of Rabbits (danse) par Pontus Lidberg et la Compagnie Stockholm 59°North le 7 juin, Parking de Santa Coloma
« Ils pourront ainsi se laisser tenter par exemple à découvrir la proposition de cette compagnie de danse, qui a présenté ce spectacle à la Biennale de Venise 2023. C’est une création fascinante et très impressionnante, sur la chute du mur de Berlin et la pandémie de Sida, le tout porté par cette compagnie fantastique, qui raconte depuis 25 ans des histoires saisissantes ! »
Les Nuits Fantastiques par Lambert Wilson & Xavier de Maistre le 8 juin, Auditorium national d'Andorre
Ils pourront aussi passer une nuit fantastique en compagnie du harpiste Xavier de Maistre et de l'inénarrable Lambert Wilson qui nous narre son programme et sa genèse. « C’est Xavier de Maistre qui a conçu le programme : il l’a déjà donné en Allemagne et il souhaitait le refaire en français. Il s’agira d’une alternance de lectures de textes et de morceaux pour harpe seule. Le concert tournera autour des thèmes du fantastique, de la nuit, du rêve, du cauchemar, du mystérieux et de la Lune. Lui interprètera des morceaux de Liszt, Debussy et de la harpiste Henriette Renié. Je lirai quant à moi notamment du Edgar Allan Poe et un très joli texte poétique d'Oscar Wilde : une nouvelle qui s’appelle Le Rossignol et la Rose qui est un texte absolument symbolique. Il y aura aussi des poésies de Leconte de Lisle que je ne connaissais pas. Ce sera un univers très XIXe siècle, depuis les années 1830 avec Musset jusqu’à des univers gothiques plus tardifs s’apparentant à Wilde et Poe.
Ma collaboration avec Xavier de Maistre va se construire au fil des semaines qui viennent : il s’agira de notre première collaboration. Je travaille très souvent avec des musiciens : j’adore cela et les musiciens le savent et me le proposent régulièrement. Xavier et moi nous sommes rencontrés lors d’une soirée à Radio France dédiée au compositeur Péter Eötvös : lui interprétait un concerto pour harpe qui a été composé spécialement pour lui et j’étais récitant dans une autre œuvre, Halleluja - Oratorium balbulum. J’espère que cette collaboration se poursuivra dans le futur. Je suis toujours curieux de ces rencontres : contrairement à ce qui se produit au cinéma ou au théâtre, où c’est plus compliqué car il faut bloquer l’agenda sur de longues périodes, j’ai souvent construit des collaborations durables avec les musiciens.
Dans ce programme, on ne me demande pas de faire de la musique, mais de prêter ma voix pour créer une atmosphère, un écrin permettant au public de mieux accueillir la musique. Cela crée un contexte poétique ou dramatique, voire historique. Cela éclaire la musique qui est alors reçue très différemment par le public.
Je privilégie aujourd’hui ces expériences de lecture. J’adore faire ça car je crois que c’est ce que je fais de mieux. Il est difficile quand on est acteur de définir ce qui fait notre particularité car cela mélange beaucoup de choses. En revanche, je sais que je sais raconter une histoire et lire. Et j’aime le faire. Je l’ai beaucoup fait avec Jean-Philippe Collard et Augustin Dumay, dans cinq spectacles différents. J’ai eu à lire des choses vraiment compliquées. Il faut un sens de la syntaxe : il faut saisir immédiatement la construction grammaticale, à vue. Il y a aussi un travail spécifique sur la voix, sur le rythme, sur l’intonation : pour cela, le travail effectué sur le chant m’aide. Certains textes ne sont pas écrits pour être lus : chez un auteur comme Proust, les phrases sont tellement longues qu’il faut aider l’auditeur. Il faut permettre à la grammaire de s’exprimer par les notes qu’on utilise dans son registre vocal. »
Miralls (spectacle enfants) d'El Petit Liceu le 9 juin, Théâtre municipal d'Andorre-la-Vieille
La programmation qui ouvre la saison des festivals de l’été européen se veut ainsi riche et plurielle, réunissant les arts et tous les publics, petits et grands comme s’en félicite Joan Anton Rechi : « On parle toujours de créer de nouveaux publics, et nous devons commencer dès le plus jeune âge. J'ai moi-même eu la chance d'être sensibilisé à l'opéra dès ma jeunesse et d'être formé en fréquentant le Liceu à Barcelone. Ils ont une grande tradition de spectacles tout public, avec ce petit Liceu qui propose des spectacles familiaux. Miralls est leur dernier-né, pour les plus petits (de 3 à 8 ans) et cela permettra de les faire s'approcher du monde du spectacle et de la musique : de cultiver ainsi les spectateurs de demain. Nous n'avions pas pu proposer une telle initiative lors de la première édition, et nous voulions qu’elle soit désormais présente, c'est incontournable. »
CLÀSSIC-END le 9 juin aux Fontaines d'Andorre-la-Vieille
« CLÀSSICAND a pour objectif de devenir un classique parmi les festivals, qu'il devienne une évidence classique de venir à Andorre. L'accent du mot même montre l’orthographe et l’identité catalane avec un terme international, et le AND désigne Andorre. Et puis le “And” c'est aussi “Et” : celui de la musique classique et d'autres musiques, et de la danse, et du théâtre. Notre concert de clôture sera quant à lui CLÀSSIC-END (pour marquer la fin de cette édition du festival).
Ce concert de clôture réunira deux chanteurs d'Andorre qui étudient maintenant dans des conservatoires français : Gil Grandjean Moles à Perpignan et Maria Soler à Paris. Le festival a vocation à aider les artistes de notre petit pays à construire une carrière mondiale, en leur permettant déjà de se présenter chez nous, auprès des plus grands artistes du monde entier.
L’Orchestre national classique d’Andorre sera dirigé par Albert Gumi. Ce sera un concert en forme de spectacle populaire, avec des pièces baroques sur la thématique de l'eau, parmi des jeux d’eau et de lumière : un point d'orgue festif et gratuit, une célébration conclusive pour cette deuxième édition.
Nous invitons d’ailleurs également durant le festival des artistes locaux et repérés localement, à commencer par le lauréat de l'Andorra Sax Fest, un festival et concours renommé de saxophone. Nous proposons également le 2 juin, dans la fantastique église romane Sant Martí de la Cortinada, un concert gratuit en accès libre à l’occasion du 100ème anniversaire de la mort de Puccini : un hommage également rendu à Fauré, Debussy, Nadia Boulanger, par des musiciens de l'Andorre (Míriam Manubens a étudié le piano en Andorre, et Carolina Bartumeu le violoncelle). Là encore et toujours nous sommes dans cette veine de découvrir un lieu avec un répertoire : notre patrimoine avec le patrimoine musical.
J'espère ainsi que cette initiative permettra de développer aussi les projets et les métiers liés à la musique et au théâtre ici-même à Andorre, que ce Festival puisse encourager des vocations et des compagnies, des infrastructures même.
Les artistes apprécient déjà l'initiative d'un nouveau festival, dans un lieu sortant des sentiers battus : ils veulent participer à l'aventure, contribuer au déploiement et à la réussite d’un tel projet. Nous sommes déjà reconnus, par les artistes, par les professionnels : parce qu'ils ont vu la qualité de notre première édition, parce que Joyce Didonato est venue pour une présentation de notre seconde programmation, parce que nous accueillons artistes et publics avec égards et grand soin.
Cette connexion que nous proposons avec la nature et la culture rappelle qu’Andorre n’est pas seulement un lieu de sports d’hiver et de randonnées dans la montagne (ou pour faire des achats) : nous avons beaucoup d’enthousiasme et de culture à offrir.
Nous offrons un panorama de notre Principauté, de notre patrimoine et de notre histoire. »