Les Choristes du Jeune Chœur de Paris fêtent leurs 20 ans
En 2000, le CRR de Paris (Conservatoire à Rayonnement Régional, rue de Madrid) se dotait d’un Département Supérieur pour Jeunes Chanteurs, sous l’impulsion de Laurence Equilbey en intégrant son Jeune Chœur de Paris. Cet anniversaire marque ainsi deux décennies artistiques et pédagogiques (le temps que cette formation prenne son plein essor, et ces festivités ayant été un peu décalées par la pandémie de Covid) : 20 ans et davantage à réunir les étudiants de ce Département au sein d'un ensemble d’un niveau professionnel où développer leurs compétences. Ce Jeune Chœur de Paris participe en effet à des productions importantes, comme la Symphonie des Mille donnée en novembre à la Philharmonie, ou la Résurrection au Festival d’Aix-en-Provence l’année précédente.
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Pour fêter ces 20 ans, l’ensemble présentait un concert dans l’Auditorium du CRR de Paris, empli pour l’occasion d’amis et d’anciens, dans une ambiance festive et bienveillante. Ses deux chefs, Marc Korovitch et Richard Wilberforce se passent d’ailleurs le relai avec force accolades et gestes amicaux, rejoignant même une fois chacun le chœur sous la direction de l’autre.
Dans les Quatrains valaisans de Darius Milhaud, le Jeune Chœur fait penser aux Choristes du film de Christophe Barratier (film qui lui aussi fête ses 20 ans !) par sa fraicheur et son enthousiasme. Les basses restent certes timides et claires (les timbres gagneront en noirceur avec l’âge), mais apportent une certaine douceur à la base harmonique. Les ténors sont déjà pleins de brillance, les mezzo riches et veloutées et les sopranes lumineuses. Le programme va de Ravel à Diana Soh, en passant par Florent Schmitt, Debussy et Saint-Saëns, dans une sorte de longue chaine de contemporanéité : entre Camille Saint-Saëns né en 1835 et aujourd’hui (Diana Soh est même présente en salle), seule la décennie 1974-1984 n’a pas vu de compositeur vivant représenté ce soir. Toutes les œuvres interprétées ont des textes en français, parfaitement compréhensibles tant la diction des jeunes chanteurs est soignée (la précision de la diction de Marc Korovitch lorsqu’il prend place parmi eux offre un indice du travail effectué au quotidien).
Plusieurs chanteurs sortent du chœur pour interpréter des parties solistes. Chacune de ces interventions est propre (les voix sont bien émises, les lignes bien conduites) et montre l’important potentiel, mais aussi les axes de progression, de tous ces chanteurs en herbe.
Le co-directeur Richard Wilberforce est au pupitre l’essentiel du programme : stoïque et chic, il dirige à mains nues d’un geste souple. Marc Korovitch le relaie pour Par la tempête de Florent Schmitt et Après un rêve (donné en bis avec les anciens, présents dans le public) en cette année commémorant le centenaire de la mort de Gabriel Fauré.
Les jambes écartées et fléchies, il dirige dans un style « kung fu » et l’on s’attend à voir surgir des boules de feu de ses poings lorsqu’il marque une inflexion. Les deux styles sont tout à fait efficaces et permettent d’obtenir une grande précision solfégique, ainsi que beaucoup de subtilité dans l’émotion transmise.
Si la plupart des pièces sont chantées a cappella, David Berdery accompagne le Jeune Chœur par deux fois depuis le piano. La douceur de son toucher, qui provoque un tendre impact des marteaux sur les cordes, participe de la subtile mélancolie de l’interprétation du Concerto en sol majeur de Ravel (arrangement pour double chœur et piano de Roderick Williams).
Si le bis est donné en hommage à Virgile Ancely, décédé brutalement en novembre dernier, aucun chant d’anniversaire n’est prévu.
Qu’à cela ne tienne, bon anniversaire au Jeune Chœur de Paris !