Au Lido, le Rocky Horror Show fête 50 ans de folie et de liberté
Dès ses débuts sur les planches puis au cinéma, le Rocky Horror Show s'est imposé comme une parodie des films d'horreur et de science-fiction jusqu'à devenir une icône pop-queer. L'intrigue suit les mésaventures de Brad et Janet, un couple de jeunes fiancés qui, égarés une nuit, cherchent refuge dans un manoir mystérieux. Ce qu'ils y découvrent dépasse l'entendement : un groupe d’adeptes bizarroïdes et excentriques menés par l'étrange Dr. Frank’N’Furter, des révélations surprenantes sur l'émancipation et même l'apparition d'aliens de la Galaxie Transylvania.
Et ce spectacle s'est aussi imposé pour sa dimension participative : il est à ce point entraînant que même dans les salles de cinéma (où il passe toujours, à travers le monde), les spectateurs y vont costumés pour chanter, danser, reprendre des répliques cultes... Il en va de même ce soir au Lido pour les connaisseurs, mais même les néophytes sont invités à rejoindre la folle ambiance jusqu'à danser depuis leurs places le fameux "Time Warp" avec mouvements endiablés du bassin !
La scénographie, conçue par Hugh Durrant, est à la fois simple et efficace avec des panneaux tournants permettant des transitions fluides entre les scènes. Les costumes de Sue Blane, reflétant les clichés des personnages représentés, aussi bien pour le couple universitaire que les Aliens, mettent particulièrement en valeur le Dr. Frank’N’Furter à chacune de ses apparitions.
Charlie Ingles dirige l'accompagnement instrumental très rock avec guitares saturées (et cuivres clinquants), le tout bien harmonisé avec le chant, respectant pauses et équilibres sans perdre le fil. La chorégraphie de Nathan M. Wright est marquée par un style Broadway très dynamique avec des danses à la fois organisées, sensuelles et excentriques dans une ambiance kitch assumée et cabaret qui résonne tout à fait avec le lieu.
Les membres de la distribution se caractérisent par leur capacité à s’approprier leurs rôles avec nuances (mais à l'inverse l'amplification des voix est trop forte, dans l'absolu et pour maintenir la clarté sonore). Haley Flaherty, en Janet, offre une performance dynamique, oscillant entre innocence feinte et malice cachée. Son chant, marqué par un son arrondi et envoûtant, offre un timbre chaud mais clair.
Richard Meek, dans le rôle de Brad, incarne avec justesse la timidité et la malléabilité de son personnage, sa voix tremblante renforçant cette impression de vulnérabilité.
Stephen Webb, en Dr. Frank’N’Furter, domine la scène par son investissement charismatique et son humour. Son chant sait aussi être puissant et théâtral, avec parfois un timbre très perçant, soutenu par une technique fluide et une déclamation dramatique moqueuse (ou sage).
Les performances de Darcy Finden en Columbia, Kristian Lavercombe en Riff Raff, Suzie McAdam en Magenta, et Joe Allen dans les triples rôles d'Eddie, Dr. Scott & Phantom, apportent une touche unique au récit, avec des approches de chant singulières : Columbia emploie une voix pesante avec des déclamations sèches, Riff Raff offre un chant sur-théâtralisé et Magenta se distingue par une vocalité extrêmement aiguë et criarde. Ben Westhead, en Rocky, incarne avec justesse la naïveté et l'innocence, à travers son chant enfantin et lucide employant une tessiture légère avec un timbre chaud, contrastant avec l'ambiance de folie du manoir.
Alex Morgan encourage en narrateur les interactions clés avec le public.
Cette soirée parisienne du Rocky Horror Show au Lido captive un public varié et renouvelé. L'enthousiasme de la salle marque et traverse toute cette soirée, en vibrant hommage à ce musical devenu culte.