Voyage émotionnel et spirituel avec Fauré à l’Auditorium du Louvre
Le programme du concert réunit en version chorale Gabriel Fauré avec un autre "compositeur national", Claude Debussy, pour une soirée tout en vocalité. Ce programme se referme, centenaire et répertoire spirituel oblige, sur le Requiem de Fauré, mais il s'ouvre par une musique contemporaine : Yves Castagnet, "titulaire de l’orgue de chœur de la Cathédrale Notre-Dame de Paris" et qui tient l'orgue pour le Requiem, joue tout d'abord au piano sa propre composition, L’invitation au voyage sur le fameux poème de Baudelaire (notamment mis en musique aussi par Duparc). Son toucher sensible souligne les traits harmoniques de sa partition et marque les résonances qui l'exigent dans cette acoustique. Cette pièce de 2006 figure notamment la chaleur et la couleur du crépuscule, par un jeu délicat et léger (qu'il transpose à l'orgue), caressant les touches, créant une atmosphère empreinte de finesse et de subtilité, tout en évoquant une sensation d’apesanteur.
La Maîtrise Notre-Dame de Paris offre un chant homogène qui laisse d'autant mieux apprécier les envolées musicales, notamment dans les pièces de Debussy. Réunissant Chœur d’adultes et Jeune ensemble, la Maîtrise qui doit retrouver cette année son sanctuaire, fond harmonieusement ses tessitures, visant à la synergie sonore. Les voix entrelacées et synchronisées, offrent une cohérence non seulement harmonique mais aussi de nuances, dans une palette de timbres et de tessitures dynamique et homogène. Le résultat se fait immersif et uni.
Dans le Requiem de Fauré, le soliste de tessiture basse Kevin Arbodela Oquendo se montre méthodique dans son articulation et sa ligne de chant, avec une précision évidente et un engagement consciencieux. Son timbre vocal se distingue davantage sur sa deuxième intervention, avec une assise plus ronde et un léger grain de timbre.
La soprano Rébecca Moeller diffuse une voix puissante et claire, portant loin dans la salle avec un son soit précis, soit ample. Ses transitions sont fluides et soignées, et son plaisir à chanter transparaît jusqu'en un sourire franc à la fin de sa prestation.
L’Orchestre National Auvergne-Rhône-Alpes lance sa prestation par une attaque-résonance faisant vibrer les cordes avec l'orgue, captivant immédiatement l'auditoire. Les nuances de la phalange sont variées avec souplesse, la palette des violons s'enrichit de la délicate harpe, des résonances aux timbales ainsi que de cuivres bien en place pour un résultat équilibré.
Henri Chalet dirige avec souplesse et engagement corporel, l'amplitude des mouvements servant la précision des intentions, ajoutant en expressivité et dynamisme à l'harmonie d'ensemble
Cette traversée musicale nocturne apaisée est accueillie dans une atmosphère de béatitude. Après les applaudissements, accompagnés de pleurs discrets pour certains, les spectateurs quittent la salle, en paix.