Récital Callas à Vichy, divans devant diva
À portée de souffle de l’auditoire, les bras en croix pour soutenir son châle noir et le regard habité par l’émotion, Cécilia Arbel incarne et convoque La Callas pour le public de ce concert de gala ayant une double vertu : célébrer les fêtes, et honorer le centenaire de la naissance de la diva assoluta. Le tout avec un programme convoquant des œuvres et héroïnes lyriques que la « Bible de l’Opéra » (dixit Leonard Bernstein) avait incarné comme personne, en son temps : Violetta, Lucia, Tosca, et la Norma évidemment.
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Et c’est bien en incarnant cette dernière, d’ailleurs, que débute ce concert hommage enrichi par des lectures de l’hôte et soprano Fleur Mino venue narrer quelques tranches de vie de La Callas.
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La soprano Cécilia Arbel se montre pleinement à son aise dans ce répertoire où le drame n’est jamais loin (elle en a déjà porté des rôles, avec Carmen, Juliette, Mireille). Son "Casta Diva", expressif au possible, déploie une sonorité pénétrante et tout en pathos. La soprano n’entend pas, ici, retenir ses imposants moyens, et l'auditoire n’a pas davantage à tendre l’oreille pour ses autres incarnations : vibrante Tosca ("Vissi d’Arte"), séraphique Leonora de La Force du Destin ("La Vergine degli Angeli"), et même Suor Angelica tout en contrition ("Senza Mamma").
Regard grave et timbre de soie, plus impliquée que jamais dans l’incarnation de ces personnages aux intérêts servis aussi dans une gestuelle tout en expressifs mouvements de bras et revers de mains, Cécilia Arbel déploie ensuite une ligne diaprée, avec une émission homogène d’un bout à l’autre de la tessiture, un vibrato délicat et cette faculté à vocaliser généreusement.
Tel hommage doit aussi beaucoup à la complicité au piano de Ludovic Selmi, accompagnateur et soliste exécutant quelques adaptations de savoureuses madeleines lyriques, tel l'Intermezzo de Cavalleria Rusticana (dont un certain Georges Prêtre, grand ami de Callas, nous laissa une version orchestrale inoubliable).
Le jeu du pianiste, à l'image de l'incarnation de la chanteuse, appelle aussi un silence recueilli. Mais le bruit, celui de mains applaudissant chaleureusement cette heure de concert, revient évidemment à l’instant final d’une juste ovation. La Villa Marguerite continue ainsi de tenir toute sa place dans le paysage culturel vichyssois.