Dialogues en Cantate participative aux Rencontres Musicales de Vézelay
L’église Notre-Dame à Saint-Père accueille ainsi ce temps de chant collectif bienveillant et convivial, tout proche de Vézelay dont le public des Rencontres Musicales prouve une fois encore son amour de la voix (la fréquentation des ateliers vocaux proposés lors de ce Festival de quatre jours manifeste encore et toujours cette envie de chanter et surtout de le faire collectivement). Or, les chorals luthériens sont justement issus d’une pratique collective du chant qui y mêle exigence et excellence.
Tandis que le temps de la messe de ce dimanche se conclut en la basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay, l’église Notre-Dame de Saint-Père, au pied de la "colline éternelle", accueille ainsi ce rendez-vous participatif avec Olivier Fortin et l’Ensemble Masques, pour la deuxième année consécutive. Après un très bref, mais assez amusant, échauffement vocal, le chef et claviériste accompagne l’apprentissage de deux chorals, le premier "Wenn ich einmal soll scheiden" (Quand un jour je devrai partir) extrait de la Passion selon Saint Matthieu (qui refermait la première journée de cette édition, dans la Basilique), le second "Richte dich, Liebste, nach meinem Gefallen" (Dirige-toi, cher entre tous, d'après ma volonté) refermant la Cantate Selig ist der Mann (Bienheureux, l'homme).
Olivier Fortin prend le temps de faire apprendre chacune des voix des chorals, depuis l'orgue et avec le soutien de ses musiciens. Bien que la grande majorité du public semble à l'aise (plusieurs ayant révisé préalablement avec les partitions mises en ligne), le chef recommande toutefois de chanter la partie de soprano (la mélodie) à ceux qui ne se sentiraient pas suffisamment prêts. Le public de Vézelay montre toutes les qualités d'un chœur amateur, particulièrement attentif et doué en déchiffrage.
Après ce temps convivial d’apprentissage, le choral de la Saint Matthieu et l'accord de l'ensemble, les musiciens professionnels interprètent la Cantate (dont le public chante le choral) avec une énergie bien dosée, précise et enlevée. Les doigts d’Olivier Fortin sautillent sur le clavier trahissant ses qualités de claveciniste et son exigence de netteté des attaques pour une limpidité du discours.
Dans cette cantate en dialogue entre la basse, voix du Christ, et la soprano, incarnation de l’âme, Romain Bockler et Elodie Fonnard montrent tous deux une interprétation attentive, particulièrement sensible et très agréablement communicative. De sa voix chaude, le premier fait preuve d’un soutien long et bien amené pour exprimer avec une prestance équilibrée la victoire du Christ sur la mort. De sa voix gracieuse, la seconde se fait âme sensible, touchante et même craintive. Son duo avec le violoniste Louis Creac’h charme avant le choral final, dont le chœur est porté par l'assistance.
Le public déjà debout pour applaudir les artistes, reprend ensemble en bis le choral de la Saint Matthieu, concluant sur cette note commune ce beau moment convivial.