Fauré en majesté au Festival de Lessay par le duo Contraste
Le Festival Les Heures Musicales de l'Abbaye de Lessay fête en cette année 2023 ses trente ans d’existence. Entre une série de concerts plus globalement axés sur le répertoire baroque, avec cependant une ouverture classique-romantique-contemporaine par Laurence Equilbey accompagnée de ses formations Insula Orchestra et le Chœur accentus, des Arts Florissants sous la direction de Paul Agnew ou Didon et Énée de Purcell sous la baguette de William Christie, la magnifique église abbatiale de Lessay, chef d’œuvre de l’architecture romane normande, ouvre aussi ses vénérables voutes au genre plus délicat de la mélodie française.
Forts de leur intégrale des mélodies de Gabriel Fauré parue chez Aparté l’an dernier et dans la perspective des festivités qui marqueront en 2024 le centenaire de la disparition du compositeur, Cyrille Dubois et Tristan Raës ont élaboré un programme autour du maître du genre. Conçu de façon chronologique, il permet à Cyrille Dubois, avec sa force de conviction habituelle, de s’adresser directement au public afin de lui présenter en quelques mots choisis les spécificités des compositeurs interprétés et l’évolution de la mélodie française sur la période, tant au niveau du style de la musique que des poèmes choisis. Les mélodies de Gabriel Fauré sont ainsi présentées partant de ses œuvres de jeunesse -Lydia ou la Sérénade Toscane- jusqu’à celles de la maturité artistique -Les Berceaux, La Féé aux chansons et l’incontournable Clair de Lune-, jusqu’aux compositions ultimes -Le Don silencieux et Reflets dans l’eau issu du cycle Mirages, et pour conclure, Vaisseaux, extrait de L'Horizon chimérique sur un texte de Jean de la Ville de Mirmont.
Mais le programme réserve bien d’autres pépites comme la mélodie Je respire où tu palpites de Benjamin Godard sur un texte de Victor Hugo, La Solitaire de Camille Saint-Saëns, Le Colibri d’Ernest Chausson et L'Invitation au voyage d’Henri Duparc, d’après Charles Baudelaire. Nadia Boulanger avec Heures Ternes sur un texte de Maeterlinck, Claude Debussy et Apparition ou Florent Schmitt et ses Barques sur un poème de l’extravagant Robert de Montesquiou, ne sont pas oubliés dans ce panégyrique. Avec Le Cygne de Maurice Ravel, Cyrille Dubois démontre qu’il sait aussi sourire, et faire sourire.
Toujours ductile, la voix de Cyrille Dubois séduit toujours autant par sa clarté, son élocution évidente, cette façon naturelle de se plonger dans l’œuvre interprétée sans la forcer ou lui conférer un poids excessif. L’accent s’avère toujours parfaitement juste et précis, en relation directe avec les intentions du compositeur. Mais sa voix de ténor peut aussi s’enflammer ou laisser s’épanouir un aigu pas aussi léger que prévisible.
Il trouve en Tristan Raës au piano, plus qu’une évidente complicité esthétique ou émotionnelle, mais bien un partenaire qui se hisse au même niveau d’excellence. Le raffinement du toucher de ce dernier n'exclut certes pas les envolées plus lyriques, plus affirmées en totale concordance avec son ténor de partenaire. Les années de travail en commun portent leurs fruits…
En bis, trois mélodies de Fauré s’imposent devant un public nombreux et enthousiaste : Notre Amour chanté tout en délicatesse, Le Secret plus sombre et douloureux et Après un Rêve, bel hommage aux Heures Musicales de l'Abbaye de Lessay ainsi qu'au public présent ce jour.
Un florilège de #mélodies composées par #GabrielFauré et ses élèves vous attendent la semaine prochaine avec @cyrille_dubois et Tristan Raës ! Lundi 7 août - Chapelle des Mineurs, #Faymoreau Mardi 8 août - Abbaye de #Lessay https://t.co/byS7dafiqW pic.twitter.com/IPCcKWnWKi
— Palazzetto Bru Zane (@BruZane) 31 juillet 2023