Rolando Villazón de retour au ténor et au Théâtre des Champs-Élysées
L’occasion d’entendre Rolando Villazón comme ténor devient rare, le chanteur s’étant réorienté vers une carrière de baryton et surtout de metteur en scène. C’est pourtant le cas ce soir, au Théâtre des Champs-Élysées, et le public s’en réjouit d’avance, applaudissant chaleureusement le chanteur dès son entrée. Rolando Villazón est venu à nouveau partager sa passion pour l’opéra, dans sa tessiture d'origine, chez Mozart et Offenbach, Verdi, et la zarzuela.
Le charismatique ténor, souriant et plaisantant volontiers par quelques mimiques avec son public, se lance avec sa fougue coutumière dans son programme d'airs virtuoses, mais qui auraient mérité un échauffement. Les vocalises perdent particulièrement en justesse, avec des aigus forcés et des phrasés très épais. Les applaudissements fort encourageants du public ont néanmoins raison de ces premières faiblesses, la voix gagnant en assurance et en largesse. C’est surtout l’aisance scénique de Rolando Villazón qui prend le dessus, emportant l’adhésion d’un auditoire enthousiaste, particulièrement après le savoureux air « Va pour Kleinzach » extrait des Contes d’Hoffmann d’Offenbach.
Malgré une langue française difficilement compréhensible, l’interprétation malicieuse du chanteur lui vaut des acclamations. Quelques conduites de phrasés restent problématiques et quelques tenues instables, toutefois le timbre s'épanouit et parvient parfois à rayonner avec éclat, lors du tout dernier air « L’alba separa dalla luce l’ombra » de Tosti.
L'Orchestre National de Belgique, sous la direction maîtrisée et fort bien dosée de Guerassim Voronkov, parvient à se faire présent sans s'imposer ni mettre à mal (ou à couvert) la voix. Les interludes instrumentaux sont pétillants, subtils et non moins dramatiques (telles les ouvertures des Noces de Figaro de Mozart ou d'Orphée aux Enfers d’Offenbach). Le soin des nuances et de l’équilibre des timbres offre des couleurs de son diverses et contrastées, portées par une énergie brillante.
Le public manifeste bruyamment son plaisir de partager cette soirée en compagnie de Rolando Villazón, les bravi fusant de plusieurs endroits de la salle.