Voyage commenté avec Gaëlle Arquez à l’Opéra Comique
Après une matinale « séance relax » invitant à ne pas hésiter à exprimer ses réactions devant la musique, le deuxième rendez-vous Mécanopéra de la journée n'est pas moins inclusif : familles, enfants de centres de loisirs, groupes de personnes en situation de handicap se réunissent pour cette invitation musicale au voyage.
Après une brève introduction consacrée à l’Opéra Comique et son foyer (fonction et décors), ainsi qu'au genre de l’opéra-comique, la jeune médiatrice Clara Lange présente, au fil du récital, de manière plutôt factuelle et académique les œuvres qui composent le programme. Celui-ci invite au voyage, doux et évocateur, au travers – production de Carmen à l’affiche oblige – de mélodies françaises inspirées d’ailleurs et surtout de compositeurs espagnols (ou sud-américains).
Accompagnée de la pianiste Mary Olivon, au toucher présent avec équilibre et une très appréciable attention musicale et envers sa partenaire, Gaëlle Arquez montre de fines intentions, de son timbre chaleureux et aux aigus tendrement lumineux.
Toutes deux défendent leur programme avec une tendresse et des couleurs souvent très touchantes, comme lors de la belle et triste histoire d’amour Adela de Joaquin Rodrigo (compositeur du célèbre Concerto d’Aranjuez).
La chanteuse rend également un vibrant hommage à son grand-père qui avait l’habitude de lui chanter Granada d'Agustìn Lara lorsqu’elle était encore toute petite.
Néanmoins, c’est la dansante chanson El Vito des Canciones clásicas Españolas de Fernando Obradors qui est la plus appréciée des publics, au sein d'un programme qui n'est pas si adapté que cela.
Les œuvres sont rendues évocatrices et douces mais n'alternent pas avec des pièces plus dynamiques et rythmées. Un travail de médiation est proposé pour impliquer les enfants entre les morceaux mais sans dessiner clairement une thématique ou des fils rouges dans ce parcours à travers des références poétiques et concepts métaphoriques et abstraits d'un voyage difficile à comprendre pour des enfants, a fortiori chantés dans une langue étrangère.
La chanteuse insiste certes sur les consonnes en français comme pour L’Invitation au voyage de Baudelaire et Duparc, mais les complexes strophes suscitent des réactions d'ennui perceptible dans l'auditoire - permettant cependant d'apprécier le professionnalisme des deux artistes, qui restent impliquées de tout leur métier.
Mais si ce concert se sera montré bien moins pédagogique que le récent programme à l'heure du déjeuner par un collègue de Carmen, les spectateurs profitent tout de même d’un très court temps de questions auprès des musiciennes, qui leur présentent leur vocation. Les enfants et les moins jeunes les remercient par de gentils applaudissements avant qu’ils ne soient invités à jeter un coup d’œil à l’impressionnante salle Favart.