Jean-Christophe Lanièce et Mathieu Pordoy à l’heure du déjeuner au Comique
Ce récital méridien a lieu sous le regard des compositeurs dont les bustes ornent le Foyer Favart de l’Opéra Comique, et certains d’entre eux sont justement mis à l’honneur dans ce programme musical d’une heure (à celle du déjeuner). C’est avec décontraction, convivialité et une certaine complicité que Jean-Christophe Lanièce et Mathieu Pordoy présentent leur tour de chant.
En résonance avec le personnage de Moralès qu’il incarne en ce moment dans la production de Carmen à l’affiche de l’Opéra Comique (notre compte-rendu), le baryton en profite pour faire découvrir la Pantomime de Moralès, amusant air non primordial à la compréhension de l’intrigue et donc souvent coupé des productions de l’opéra de Bizet, malgré son intérêt musical.
Jouant ce caractère comique avec humour, scéniquement comme vocalement, il y déploie comme pour les autres rôles une aisance appréciée du public : il amuse tout autant avec « Une puce gentille » extrait de La Damnation de Faust de Berlioz, qu’il arrondit de charmantes intentions pour les Chansons de Don Quichotte de Jacques Ibert. Son timbre particulièrement chaleureux emplit avec largesse le foyer, prosodiant avec expressivité son texte, en regardant son auditoire, rendu ainsi d’autant plus attentif.
La douceur des nuances se pare de sensibilité pour la mélodie À Chloris de Reynaldo Hahn, à l’image de l’accompagnement sensible de Mathieu Pordoy. Le pianiste démontre effectivement un toucher aux phrasés souvent caressants, usant de la pédale (faisant résonner les sons) avec équilibre pour flatter encore davantage les couleurs de ces œuvres : de quoi cheminer tendrement sur Le Promenoir des deux amants de Debussy, et dessiner finement sa Suite Bergamasque.
Pour le bis, les artistes sont rejoints par un invité-surprise, le ténor Paco Garcia (également présent dans la production de Carmen à l’Opéra Comique), avec lequel ils partagent le touchant duo « Au fond du temple saint » des Pêcheurs de perles de Bizet. La voix chaude du baryton se mêle à la clarté du timbre du ténor, finissant de ravir le public charmé de cette pause musicale à l’heure du déjeuner.