Soirée bien tempérée à BOZAR
C’est avec le célèbre Prélude en Do Majeur que le pianiste belge ouvre la soirée. Le tempo est rapide malgré un jeu doux et sensible. Julien Libeer flatte ici la partition de Bach à travers un doigté léger et virevoltant, d’une aisance remarquée. Chaque silence prend une ampleur intimidante dans le calme presque pesant de la grande salle, finalement rassurée par les satisfaisantes résolutions des fugues baroques.
Entre ces partitions de Bach, l'ensemble néerlandais entonne (a cappella mais parfois aussi avec le piano) des pièces traversant les siècles : du fameux Ave Maria (Josquin Desprez), jusqu’aux compositions plus contemporaines de David Lang, Ernst Křenek ou encore Paul Hindemith. Au programme : une dizaine de chants liturgiques et psaumes, en écho à la dimension spirituelle des œuvres du compositeur allemand.
La clarté et l’harmonie rigoureuses du chœur resteront inébranlables tout au long de la représentation. Les voix passent aisément des graves rythmés aux phrases plus lentes et languissantes, d’aigus enjoués aux enchaînements mineurs plus sombres des derniers chants, le tout porté par une articulation impeccable et une amplitude qui semble s’étendre au fil de la soirée.
Se développe ainsi une ambiance apaisante (qualifiée même de “méditative” en commentaire par le public) et mystique, portée par les voix angéliques du chœur et leurs limpides Ave Maria, qui résonnent dans le silence religieux de la salle, ainsi que le jeu fourmillant de Julien Libeer, dont le regard se tourne régulièrement vers le ciel, comme inspiré.
Une rencontre piano-chœur qui aura réchauffé les cœurs, amenant douceur et réconfort bienvenus en cette fin d’hiver, et que le public bruxellois gratifie de longs applaudissements.