Holmès et Wagner enchantent la Philharmonie de Paris
Le public retrouve ce soir les œuvres de Wagner et découvre celles d’Augusta Holmès, compositrice de la fin du XIXe siècle et, elle-même, grande admiratrice du compositeur allemand. David Reiland et l’Orchestre national de Metz Grand Est proposent donc un programme alternant les pièces des deux artistes – ainsi l’Andromède de Holmès qui ouvre le concert est-elle suivie des Wesendonck Lieder et de l’ouverture des Fées, et après l'entracte, son interlude La Nuit et l’Amour précède l’ouverture Tannhaüser, qui clôt cette soirée.
L’Orchestre national de Metz Grand Est se distingue d’abord par la profusion des couleurs qu’il met en relief dans les œuvres, notamment chez Wagner, où elles sont magnifiées par les résonnances vibrantes des cuivres et des violoncelles. Il en est de même pour Holmès, dont l’Andromède présente un ensemble de nuances plus délicates, permettant également à l’orchestre de démontrer son travail de souplesse et d’exploitation de ses palettes. Les pièces d'Holmès s’enchaînent par ailleurs sans difficulté aux morceaux de Wagner, qu’il s’agisse de son Andromède ou encore de son poème symphonique Pologne, inspiré par le tableau Les Massacres de Varsovie (1861) de Tony Robert-Fleury. Ses trois œuvres jouées ce soir partagent finesse et grandiose, dans une orchestration très travaillée et mise en valeur par les interprètes.
David Reiland mène l’orchestre avec efficacité : énergie et vigueur sont au rendez-vous, mais c’est surtout la netteté de l’interprétation qui frappe, distinguant chaque partie de l’orchestre avec une grande précision – et certes, il y a rigueur, mais une rigueur qui laisse toutefois respirer la musique et permet au spectateur de profiter de presque chacune des notes des deux compositeurs et de la tension sous-jacente que construit Reiland, quoiqu’elle ne soit jamais au centre de son interprétation. Il se fond enfin totalement dans l’ouverture de Tannhaüser, dont il dégage avec aisance chaque nuance et qu’il préfère diminuer avec légèreté vers la toute dernière note qui, à peine achevée, sans même lui laisser le temps de la suspension, est acclamée par un chœur d’applaudissements à en faire trembler la salle.
L’orchestre accompagne également la soprano Ann Petersen, qui interprète les Wesendonck-Lieder dans la première partie du concert. Sa voix se caractérise par un timbre plutôt sombre, une palette aux nuances automnales, surtout perceptibles dans les retombées où la voix se pose en mezzo forte et piano, qui laissent au chant la possibilité d’exploiter les richesses dont elle est tapissée – cela plus que dans les grands moments wagnériens où la voix semble s'assécher, peut-être trop retenue. C’est dans les troisième et quatrième Lieder que la soprano prend enfin ses marques et s’engage avec plus d’aisance et de souplesse dans la musique. La diction allemande est en outre particulièrement claire, ainsi que le travail du rythme avec la précision de l’accompagnement de l’orchestre. Le public la remercie, elle aussi, d’applaudissements éclatants.
Le concert s’achève sur les derniers échos de Tannhäuser et les spectateurs abandonnent à regret Venusberg et la Wartburg pour la nuit noire de Paris, quoiqu’encore illuminée des souvenirs musicaux de Holmès et Wagner.
LOrchestre national de Metz Grand Est au cœur de la @philharmonie ! Photos : Vincent Pontet #concert #orchestre #metz #paris pic.twitter.com/usR6kh6KKA
— Cité musicale-Metz (@CiteMusicale) 4 février 2023