Un monde, une voix : concert solidaire à l'Opéra de Massy
L’Opéra de Massy accueille cette année encore le concert solidaire organisé par le Collectif des Artistes Lyriques et Musiciens pour la Solidarité (CALMS). Cette année, l’initiative du concert est confiée à la chanteuse Amélie Robins, soutenant deux associations qu’elle connaît particulièrement et qui viennent en aide aux enfants les plus démunis : “Un enfant par la main” et “Solidarité marathon des sables”. Le public massicois aime visiblement retrouver cet événement, par solidarité pour des causes humanitaires et aussi car c’est l’occasion d’entendre -voire de découvrir- de généreux artistes dans des airs fameux du répertoire lyrique.
Marie Gautrot fait d’emblée impression en Carmen puis Dalila, par l’aisance de ses graves et des aigus tout aussi agréables, s’exprimant alors avec une touchante tendresse. Le ténor Florian Laconi lui répond avec intensité, et une puissance presque excessive pour illustrer la tendresse (mais traduisant l’imploration et l’héroïsme de son personnage). Son collègue ténor Jérémy Duffau ne manque pas moins d’assurance. Si ses toutes premières interventions semblent un rien moins sûres (le vibrato et le soutien manquant de souplesse pour le Rigoletto de Verdi) sa présence certaine s’affirme dans Pomme d'Api d’Offenbach, d’un jeu et d’un texte limpides, portés par un timbre expressif, voire charmeur.
Le timbre du baryton Anas Séguin est également charmeur, avec chaleur pour Così fan tutte de Mozart en trio avec Perrine Madoeuf et Albane Carrère. La première fait entendre une voix équilibrée, lumineuse et moelleuse, variée selon les besoins de son expressivité, la seconde montre des graves de mezzo-soprano agréables mais manquant d’ampleur et de soutien. Avec Sabine Revault d'Allonnes, elles offrent un contrasté Duo des fleurs de Lakmé, la soprano partageant sa voix légère et agile avec davantage de projection et de nuances. La soprano Diana Higbee réserve au pauvre Matthieu Lécroart dans Les Noces de Figaro une claque aussi convaincante que sa prestation vocale, rayonnante. Le baryton n’en perd néanmoins pas ses capacités vocales, posées et présentes. Pauline DesCamps y participe également de sa voix ronde, montrant davantage encore ses graves suaves dans L'Italienne à Alger. Elle donne la réplique à Guillaume Dussau qui impressionne par son assurance, sa voix puissante, très ronde et tout à fait séduisante.
Avec Perrine Madoeuf qui s’y montre assez savoureuse, Mikhael Piccone interprète un hilarant “Duo de la mouche” d’Orphée aux Enfers d’Offenbach, le baryton montrant son plaisir de comédien sans perdre une miette (ni une patte de mouche) du sens de son texte et de la luminosité de son timbre. La soprano Tatiana Probst propose un chant souple et délicatement chaleureux.
Florian Laconi offre un fil rouge à la soirée, de son assurance et instrument brillant, parfois dur mais étincelant. Le baryton Philippe Brocard lui répond avec non moins de présence et un timbre charpenté. La soprano Amélie Robins séduit également par la légèreté de son timbre et ses aigus pétillants. D’autant que ces trois artistes partagent un extrait de leur spectacle Soyons (pas trop) sérieux, création du Festival Un Violon sur le sable mêlant avec humour les genres et leur amour pour la voix, Philippe Brocard s’accompagnant lui-même au piano avec talent.
Sous la direction investie de Benjamin Garzia, l’Orchestre de chambre Mahlerian Camerata accompagne avec nuances et finesse les chanteurs, d'une manière colorée et touchante par leur transparence instrumentale. La Méditation de Thaïs manque certes de fluidité, mais n’en reste pas moins poétique. Les danseurs Serge Malet, Anaïs Suchet et Guillaume Caballe, de la compagnie Estelle Danvers, participent de cet esprit éthéré.
Devant tant de générosité, le public massicois déborde d’enthousiasme et célèbre l’ensemble des artistes pour un joyeux final, avec l’incontournable “Libiamo” de La Traviata de Verdi avant de se souhaiter une “Belle nuit, ô nuit d'amour”.