Prime au Classique avec Marina Rebeka à l’Ambassade de Lettonie
Ce concert est le premier d’une série organisée par le label indépendant Prima Classic dans le but de soutenir un axe de ce label, comme l’explique le fondateur : il s’agit de pouvoir enregistrer des opéras entiers en usant des derniers cris d’une technologie de qualité, accompagnant une interprétation de premier ordre. Le concert du soir vient ainsi encourager le soutien envers ce projet, rappeler aussi que ce qui se déroule sur scène étant éphémère, un spectacle aussi formidable soit-il doit pouvoir se transmettre aux générations suivantes grâce à l’enregistrement. Enfin, le label rappelle sa grande ouverture aux talents et aux répertoires, son ambassadrice Marina Rebeka invitant même ce soir le public à lui demander quoi chanter (quoique certes, restant dans le registre du programme) pour conclure la soirée.
Avant cela et après les mots d’introduction, Marina Rebeka et Mathieu Pordoy font leur entrée dans la petite salle de réception de l’ambassade et se lancent sans plus attendre dans un hommage patriotique et à ce lieu avec Burve du compositeur letton Jānis Ķepītis (qu'elle chantait dans son Instant Lyrique parisien en 2019). Aussitôt, sa puissante voix lyrique envahit toute la pièce, faisant sienne chacun de ses recoins, surprenant visiblement au passage le spectateur plus habitué à la distance de la scène.
La suite du programme met à l’honneur du grand répertoire lyrique (Faust, La Bohème et Les Vêpres siciliennes). La voix jaillit sans mal, lumineuse, vibrante et engagée dans chacun des morceaux abordés. Le chant est fluide et aisé, le timbre est riche d’une vaste palette de nuances estivales, chaleureuses, relevées par un fond de vibrato. La diction française est également remarquée, plus même que l’italienne. La soprano semble particulièrement enthousiaste ce soir et n’hésite pas à se donner entièrement (ce qui pèse parfois légèrement sur le souffle cependant, et entraîne un certain surjeu, la voix incarnant déjà tant à elle seule).
La soprano est accompagnée par Mathieu Pordoy, qui déploie au piano un jeu vif, dynamique et lumineux, dans une entente avec la chanteuse – et cela d’autant plus dans la suite du programme, "à l'improviste". À la demande du public (après négociations et recherches sur une tablette) “Un bel dì vedremo” est rendu avec grâce et naturel, l’émotion vocale suffisant au jeu et à se transmettre aussitôt, aisément, au public, qui l’avait déjà remerciée d’une uzslava (en forme de petite standing ovation) après avoir demandé “Pleurez mes yeux” du Cid de Massenet.
La cantatrice remercie l’ambassadeur et le public, lequel est invité à trinquer, l’esprit allègre et le cœur tout encore à l’émotion musicale.