Emiliano Gonzalez Toro rend hommage à Francesco Rasi en Avignon
Comme il le précise au tout début du concert, le thème de ce programme rare est l’amour, dans ses différentes formes : contrarié, chatouillé, flamboyant. La thématique est donc commune mais variée et surtout concentrée autour du ténor Francesco Rasi, figure emblématique de la musique baroque en Italie et mythique créateur de l’Orfeo de Monteverdi. Francesco Rasi ayant été compositeur et chanteur, des pièces qu’il a composées et interprétées sont réunies dans ce programme, avec Monteverdi, Caccini, Cenci, Falconieri notamment.
Emiliano Gonzalez Toro ne tarde pas à montrer sa grande personnalité musicale, qu’il déploie avec cet hommage en ouvrant le concert par une composition de Francesco Rasi, O che felice giorno. La voix est immédiatement large et chaleureuse au timbre velouté, avec un chant nuancé et un phrasé très délicatement soigné.
Il présente ses morceaux au fur et à mesure en alliant l'intérêt de ses interventions avec un sens de l’humour très présent, qui implique également les membres de l’ensemble, ce qui contribue à rendre le spectacle très agréable du début à la fin. Il se montre également très extraverti, et déploie une grande vivacité d’esprit lors de ses discours. Son interprétation sur scène est très passionnée et polyvalente, arrivant même à interpréter deux personnages totalement distincts dans Un di soletto (Jacopo Peri), avec sa petite touche d’humour. Sa qualité vocale reste complète jusqu’au bout, avec des piani très bien exécutés, des graves sonores (ressemblant plutôt aux graves d’un baryton), une couleur qu’il garde jusqu’aux aigus, ainsi que des vocalises très agiles et ciselées, surtout au service de Monteverdi.
Le ténor est accompagné par son ensemble I Gemelli, représenté pour l’occasion par trois jeunes musiciens. Louise Pierrard à la viole de gambe, Marie-Domitille Murez à la harpe et Nacho Laguna Navarro au théorbe qui ont chacun leur moment soliste, suivent ensemble le ténor, qui dirige discrètement, par le biais de gestes sobres, de respirations et de sa voix même. Très attentifs au chanteur-chef, leur interprétation très consciencieuse et adaptée aux inflexions de la voix, rend un son très homogène mais leur jeu sait déborder de délicatesse et d’élégance, avec des phrases bien définies.
Après de longs applaudissements et l’acclamation du public avignonnais, le ténor et les musiciens récompensent le public reconnaissant et enthousiaste, en refermant la soirée en bis avec Amante felice de Giovanni Stefani.