Rameau au Gymnase : Symphonie imaginaire avec Les Musiciens du Louvre à Semur-en-Auxois
La première Symphonie imaginaire, en 2005, déjà consacrée à Rameau, compilait des morceaux instrumentaux, essentiellement de musique de danse extraits d'opéras (Les Boréades et Les Indes galantes principalement). Deux décennies plus tard, c’est une Nouvelle symphonie avec voix qui est proposée, avec l’inclusion de quatre pièces vocales, aux côtés d'extraits de Castor et Pollux, Zoroastre, Acanthe et Céphise (un sommet d'étrangeté baroque) et Pygmalion.
Il y a loin de l'Opéra Royal de Versailles (où Les Musiciens du Louvre ont enregistré ce nouveau projet et viennent de fêter leurs 40 ans) à l'Espace Saint-Exupéry de Semur-en-Auxois, un gymnase qui a également servi de centre de vaccination. Mais l’Opéra de Paris était bien allé trouver sur le le parking du Décathlon de Montreuil l’inspiration pour Les Indes Galantes version hip-hop à Bastille.
Forum "formations et métiers" à la salle Saint Exupéry de Semur en Auxois ce vendredi 8 février. Félicitations à toutes et tous pour cette très belle manifestation qui contribue à l'accompagnement à l'orientation des élèves. pic.twitter.com/CZoJyQIuEx — SAIO Dijon (@SaioDijon) 8 février 2019
Le concert a ici pour toile de fond des paniers de basket mais un décor est astucieusement proposé avec leurs planches peintes en vert et bleu, évoquant un jardin français du XVIIIe siècle et le monde tel qu'il est habité par les dieux et déesses de l'Antiquité, éléments constitutifs de l'opéra de Rameau. L’ambiance est étrange, dans cette atmosphère sportive associée à l’un des meilleurs ensembles instrumentaux au monde, mais cette ambiance semble justement faire ressortir le meilleur des Musiciens du Louvre, avec un engagement parmi les plus déployés dans le champ de leurs prestations. Le jeu des bois est particulièrement vif, étonnant même, s’appuyant sur des cordes en pleine forme le tout dans un équilibre (qui aurait certes pu offrir un peu plus de cordes pincées à la basse continue).
Les morceaux vocaux sont extraits parmi Dardanus, Les Paladins, Castor et Pollux ainsi qu’une séquence étendue de la deuxième entrée des Indes galantes avec la musique pour Huascar. Florian Sempey, qui participait au disque de ce projet paru en mars dernier, alterne Thomas Dolié durant la tournée des Musiciens du Louvre qui les mène de Versailles à Bruxelles, Essen et Semur-en-Auxois avant Poissy.
Thomas Dolié conquière les lignes vocales de Rameau dans ce qui aurait dû être une acoustique impitoyable, passant un orchestre richement timbré (quatre hautbois et quatre bassons) mais en sachant mélanger un piano charmeur (dans "Monstre affreux"). La voix déploie ainsi sa puissance dans les mesures du parlar ampio, avec la séduisante subtilité des airs d’amour.
La représentation accueillie avec enthousiasme par le public est couronnée de rappels, dont “Monstre affreux” mais aussi un extrait des Boréades, en hommage à la précédente symphonie imaginaire.