La Dame de Pique par Carsen à l'Opéra national du Rhin
Hermann (Misha Didyk) ébloui par ses rêves de richesse © Monika Rittershaus
Cet opéra, Tchaïkovski n'en voulait d'abord pas. Lorsque son frère, Modeste, lui présente le livret, il refuse d'en faire la composition. Puis, modifiant les paroles de deux airs, il compose la Dame de Pique en un mois et demi au début de l'année 1890. L’œuvre est créée au Théâtre Mariinsky l'année même, remporte un copieux succès et s'envole pour Kiev et le Bolchoï. Inspiré d'Alexandre Pouchkine, la Dame de Pique déroule une intrigue planté dans le Saint-Pétersbourg du XVIIIe siècle.
Hermann veut conquérir le cœur de Lisa, promise au Prince Eletski. La grand-mère de celle-ci, une Comtesse bien étrange, rapporte avoir emmené de France le secret lié à trois cartes qui permettrait d'enrichir quiconque le connaîtrait. Porté d'abord par son amour pour Lisa, Hermann, peu fortuné, se met en tête de percer le secret afin de pouvoir prétendre l'épouser. Peu à peu, ce qui était une envie devient une obsession : pressé de savoir pour mieux s'enrichir, Hermann menace la comtesse avec un pistolet. La vieille dame, glacée d'effroi, succombe. Son fantôme s'élève alors pour révéler à Hermann le mystère des cartes. Aveuglé par l'appât du gain, Hermann court jouer et éconduit Lisa. Acculée, celle-ci se jette dans la Neva, fleuve de Saint-Pétersbourg. Après une première partie gagnante, le Prince Eletski le défie. Fiévreux, persuadé de remporter la victoire, Hermann croit voir l'As de Pique dans son jeu. Or, lorsqu'il abat ses cartes, il découvre que l'As n'est autre que la Dame de Pique. Perdu, Hermann sombre dans la folie et se poignarde.
Robert Carsen place le jeu au cœur de la mise en scène © Monika Rittershaus
Avec La Dame de Pique, Robert Carsen revient au tout premier opéra sur lequel il travailla, alors qu'il était l'assistant de Sanjust Olivero à la fin des années 70. Ici, il resserre l'intrigue sur le personnage frénétique d'Hermann, si obnubilé par le gain qu'il néglige son amour pour Lisa. L'action se déroule en intégralité dans une immense salle de jeu où des lumières d'un vert glaçant voient évoluer des bourgeois indolents. Carsen envisage la relation qu'Hermann entretient avec la Comtesse comme une liaison magnétique à la puissance érotique, parce que mortelle : lit capitonné, billets verts, nuisette de soie noire et beauté morbide sont ici au rendez-vous. La distribution diffère légèrement des premières représentations à l'Opéra de Zurich. Si les personnages d'Hermann et Lisa ont de nouveau été respectivement confiés à Misha Didyk et Tatiana Monogarov, la Comtesse sera campée par la mezzo-soprano polonaise Malgorzata Walewska.
La Dame de Pique sera donné à l'Opéra de Strasbourg du 16 au 25 juin, avant d'aller clore la saison de La Filature de Mulhouse le 5 et 7 juillet. À noter qu'une rencontre avec Robert Carsen et Marko Letonja sera proposée au public le lundi 15 juin à 18h30 à la Librairie Kléber de Strasbourg. À vos réservations !
Informations pratiques :
mar 16 juin à 20h
jeu 18 juin à 20h
dim 21 juin à 17h
mar 23 juin à 20h
jeu 25 juin à 20h
dim 5 juillet à 17h
mar 7 juillet à 20h
Rencontre avec Robert Carsen et Marko Letonja animée par Marc Clémeur
Librairie Kléber, Salle Blanche, 1 rue des Francs-Bourgeois, Strasbourg, 03 88 15 78 90
lundi 15 juin à 18h30
Ent. libre