Cristian Măcelaru ouvre la saison de l’Orchestre National de France et du Chœur de Radio France
L’annonce en début de concert de la prolongation du mandat de Cristian Măcelaru à la tête de l’Orchestre National de France jusqu’en 2027 est saluée par de vifs applaudissements de la part du public.
Gabriel Fauré et sa Pavane dans la version rarement donnée avec chœurs ouvre alors le programme de cette riche soirée, délicate puis enfiévrée avec le Concerto pour piano et orchestre n°2 de Sergueï Prokofiev, avant le retour à la foi de Poulenc avec le Gloria dont la création européenne fut assurée en 1961 par le Chœur et l’Orchestre National de la RTF (phalanges à l’origine de celles en présence) dirigés par Georges Prêtre avec la soprano Rosanna Carteri.
Le jeune pianiste coréen Seong-Jin Cho, ancien élève au Conservatoire de Paris de Michel Béroff et Premier Prix du Concours Chopin de Varsovie en 2015, poursuit sa carrière internationale des plus brillantes (marquée par une signature avec la firme Deutsche Grammophon pour laquelle il accompagnait le baryton Matthias Goerne).
Seong-Jin Cho, pleinement soutenu par le National et Cristian Măcelaru, déjoue les multiples difficultés par une virtuosité à toute épreuve notamment dans sa longue et surprenante cadence (sommet de liberté virtuose). Le finale du Concerto permet au pianiste de démontrer une rare puissance, à aucun moment gratuite, alliée à une précision de chaque instant, le tout salué par une ovation debout. Le bis choisi par Seong-Jin Cho se situe aux antipodes esthétiques, avec la calme Sarabande de la Suite n°7 de Haendel. Le toucher du pianiste se fait alors presque impalpable, tout en finesse et délicatesse.
L'Orchestre déploie enfin la grande exaltation permanente du Gloria de Poulenc en compagnie des Chœurs (préparés avec un soin tout particulier par Christophe Grapperon) qui dominent leur partie fort difficile avec toute l’acuité et le moelleux requis, comme conservés de la Pavane qui ouvrait le concert. Vannina Santoni émerveille l'auditoire pour son premier Gloria. Par une émission haute et très claire, un vibrato maîtrisé et ductile, des aigus pianissimo comme suspendus, elle assure avec netteté les écarts vocaux imposés tout en traduisant avec ferveur la pleine intensité dramatique du texte.
La soirée se termine par un goût d'inédit, avec la célèbre Valse de Maurice Ravel mais donnée dans une version critique (supervisée par le musicologue François Dru, d'après quatre manuscrits d’esquisses conservés aux Etats-Unis et sur les archives retrouvées dans la collection du chef d’orchestre Roger Désormière, ainsi que sur des notes de Charles Munch et Pierre Boulez). Comme pour la totalité des œuvres inscrites au concert, Cristian Măcelaru fait corps avec son orchestre, impulsant à la fois une dynamique d’ensemble impressionnante et obtenant toute une gamme chromatique de couleurs des différents pupitres. Cette ouverture de saison se trouve ainsi marquée par les longs applaudissements du public de l’Auditorium de Radio France qui affiche complet en cette fin d’été, de bon augure pour la suite de la riche saison de l’Orchestre National de France.